En finir avec la peur du futur…

“ Désolé, votre crédit social est insuffisant pour ce poste. » Recalée d’emblée, avant même de pouvoir présenter sa candidature. Anna a accumulé trop de mauvais points pour être une employée enviable : elle a fumé dans le train, laissé des miettes de son sandwich dans le métro, fraudé le parcmètre, et pire que tout, répandu de fausses rumeurs sur les réseaux. Son compte de confiance personnel est débiteur. Placée sur la liste noire des citoyens et mise au pilori, elle ne peut prétendre à aucun emploi public, ne peut pas souscrire de crédit, voit ses services sociaux réduits, n’a plus accès aux hôpitaux les mieux cotés et est interdite de transport en commun. Pire : ses proches sont avertis de sa mise au ban, et un message alerte ceux qui tentent de joindre son numéro. S’ils entrent en contact, leur crédit social sera lui aussi débité.”

En 2041, tous sous surveillance”, Les Echos.fr, Paul Molga, publié le 11 août 2021, mis à jour le 11 août 2021 à 17:34. 

Nous aurions pu parler de dizaines d’informations croustillantes aujourd’hui… 

Entre autres choses, des déboirs de SoftBank, de la mise sur le marché du robot chien de Xiaomi pour 1.300 dollars (un sacré décalage par rapport à son homologue américain Spot), du Starliner de Boeing, cloué au sol pour une période indéfinie ou bien encore du fait que Emmanuel Macron est obligé de supplier les français de faire preuve de civisme – c’est à dire, d’accepter le pass sanitaire et de se faire vacciner – pour empêcher une nouvelle catastrophe. Et ce dernier sujet était celui qui me plaisait le plus – culturellement parlant – avant que je ne découvre cet article des Echos.fr, ​intitulé “En 2041, tous sous surveillance”. 

Cela fait quelques jours que je suis de près cette série d’articles, dans laquelle des rédacteurs du quotidien (français) essayent d’anticiper la manière dont nous vivrons en 2041. Et, dans celui-ci, il y a certaines choses qui me perturbent. On ne peut pas dire que c’est la goutte qui fait déborder le vase, mais il fallait vraiment que nous en parlions aujourd’hui…

Trop confiants dans l’administration…

La première chose qui m’a choqué dans la série, c’est cet insoutenable attachement aux réglementations qui sont faites aujourd’hui et aux effets potentiels que celles-ci pourraient avoir dans le futur. Insoutenable, car tout d’abord, une réglementation peut être changée​ lors d’une transition politique. Pour rappel, le 28 janvier 2021 – jour de son investiture – Joe Biden a par exemple signé 17 décrets qui ​annulaient les décisions de son prédécesseur (bien heureusement d’ailleurs). 

J’ai bien envie de souligner le fait que si vous voulez faire de l’anticipation et que dans votre texte, vous tablez sur le fait que les accords de Paris portent (enfin) leurs fruits en 2041, vous prenez certains risques, car il se pourrait très bien que l’administration Trump 2 ou l’administration Trump Junior One, ne fasse pas mal de dégâts dans les prochaines années et de fait, ne sabote tous vos espoirs… 

Décoder le monde d’après – rappelons-le, c’est la prétention de la série d’articles des Echos.fr – ne se résume pas à se baser sur des lois qui sont votées aujourd’hui. Tout simplement parce qu’une loi s’annule, se change et s’adapte aux circonstances. Ensuite le principal point pour anticiper le monde de demain, consiste avant tout à se baser sur les mutations technologiques que nous avons subies lors des vingt dernières années. Tout le jeu consiste dans l’analyse de ce qu’elles ont créé. Ensuite dans l’observation des conséquences sociales, économiques, politiques et avant tout culturelles qu’elles ont engendré. C’est en partie, ce que fait l’article dont nous parlons ici, mais le rédacteur à une trop forte tendance à croire que les technologies utilisées en Chine servent les mêmes intérêts que celles qui sont utilisées en Occident. 

Petit rappel ?

Alan Greenspan, directeur de la Réserve Fédérale américaine de 1987 à 2006, a permis aux financiers américains (et à tous ceux qui leur étaient liés) de mettre au point des mécanismes extrêmement complexes qui ont mené à la crise de 200​8. Les Etats – déjà très largement endettés​ – sont alors pris à la gorge et pour couronner le tout, les nouveaux produits technologiques arrivent et les populations y voient un moyen de fuir l’emprise des empires financiers et pétroliers qui régnaient en maîtres jusque-là (et surtout qui venaient de les trahir).​​ Mais les dépenses publiques ne s’arrêtent pas. Toujours plus de dépenses dans de nouvelles administrations (qui font souvent office de doublons avec d’autres). Toujours plus de dépenses dans l’armement et toujours plus de dépenses en salaires pour des politiciens de plus en plus nombreux. Les nouvelles technologies font inévitablement chuter l’économie traditionnelle et augmentent toujours un peu plus les dettes publiques. Vient alors la crise de 2020…

Une crise qui plombe, non pas un peu plus les dettes publiques, mais les entraîne radicalement – sans qu’elles s’en rendent véritablement compte – dans une faillite irréversible. 

Ça, c’est pour les faits !

Maintenant, anticipons…

Les administrations occidentales sont en faillite et les dettes sont devenues insupportables pour les populations. Bien entendu, ces dettes sont remises sur les marchés financiers – sous forme de produits – mais la bulle est prête à exploser à tout moment. Hors il est désormais impossible de lever des taxes supplémentaires. Une étincelle et les populations explosent. Les administrations occidentales essaient tant bien que mal de racler les fonds de tiroirs en s’attaquant aux entreprises, mais les récoltes sont maigres (car de nombreux mécanismes permettent les optimisations fiscales). Ces dernières ont de moins en moins d’argent pour maintenir les populations dans des conditions de vie correctes. Plus d’argent pour le financement de la sécurité sociale, plus d’argent pour l’enseignement, plus aucune possibilité de connecter les entreprises et les chercheurs d’emplois, plus d’argent pour financer les entreprises et les agriculteurs, ni même plus rien pour garantir la sécurité des individus… L’administration est proche de la faillite et il faut impérativement faire quelque chose, mais quoi ?

Amazon arrive alors avec une offre à 9 euros, pour assumer la sécurité sociale d’une famille  pendant un mois. Ses homologues GAFAM quant à eux recherchent des dizaines de millions de personnes car – les talents du monde entier ont été déjà engagés – il est indispensable de créer les organismes privés chargés de former les cerveaux du futur. La conquête spatiale est devenue maintenant une réalité – et demande énormément d’ingénieurs spécialisés – et une bonne partie de la population (terrestre) travaille pour le compte de celle qui s’en va en orbite, sur la Lune ou sur Mars. Beaucoup se contentent de salaires minimums car la dématérialisation et les changements fondamentaux dans les habitudes de consommation ont inévitablement fait chuter les prix des biens, des produits et des services. On a plus forcément besoin de salaires énormes et les populations sont revenues à des régimes d’auto-productions. La généralisation du télétravail et celle du véhicule autonome ont de plus éliminé tous les besoins d’avoir un véhicule personnel. Le règne de la société du coût marginal zéro, si cher à Jeremy Rifkin est enfin arrivé. 

L’administration a été désormais obligée de jeter l’éponge sur le contrôle total des populations. Certes, ce sont les entreprises technologiques qui remplissent désormais le rôle d’opérateurs, mais la possibilité qui était donnée à chacun de changer de fournisseurs ainsi que la possibilité d’accepter que nos données puissent être partagées ou non, a quant à elle bien été conservée. 

On est tous foutus…

Venons-en maintenant à notre introduction (ou plutôt à la leur) : 

Nous avons affaire ici à un véritable scénario de science-fiction. Mais, peut-être pas si éloigné d’une certaine réalité, car l’auteur de l’article s’inspire des technologies de contrôle​ de la population chinoise. Pays dans lequel le crédit social est déjà mis en place aujourd’hui et dans lequel la reconnaissance faciale est elle-aussi utilisée par les autorités. Devons-nous pour autant croire que nous accepterons ce type de pratiques ​dans les pays occidentaux ? 

Spécialement dans une Union Européenne qui réglemente frénétiquement toute avancée technologique. Faut-il rappeler qu’après le RGPD, cette dernière est en train de réglementer fortement l’usage de l’Intelligence Artificielle, et mêm​e quand il s’agit de reconnaissance faciale pour de dangereux criminels ou des islamistes radicalisés, l’administration européenne fait la fine bouche ?

Il est indéniable que le gouvernement communiste chinois, comme tout autre gouvernement communiste, est nuisible à la liberté des individus. Nous le savons, ce n’est pas nouveau. Ses dogmes sont donc absolument incompatibles avec les valeurs occidentales. A moins d’une invasion chinoise de l’Occident – attention, c’est à prendre avec certaines réserves, mais ce pourrait être​ un scénario plausible, ne serait-ce que par le fait que la libération du monde (capitaliste) est inscrite aussi dans l’ADN du communisme (l’Internationale socialiste) – un tel type de scénario est tout simplement impossible. La chose principale qui nous distingue des chinois est que, chez nous, la technologie existe pour servir l’individu et pas pour le contrôler. Maintenant, que certaines administrations, ou fragments d’administrations – services secrets divers, agences de renseignements ou ministères des finances en tous genres – détournent la technologie à des fins de contrôle de la population, c’est un fait et c’est surtout une réalité, mais ce qui est avant tout très différent par rapport au contexte chinois, c’est – au contraire des BATX (plus H) – que les entreprises technologiques occidentales échappent au pouvoir des administrations. Si vous avez besoin de preuves particulières sur mes propos, je ne pourrais vous recommander que l’historique des procès engrangés contre les grosses entreprises de la Tech depuis une trentaine d’années. Croyez-moi, vous ne tarderez pas à en être convaincu…

Une autre chose – très significative – est que la colonne vertébrale des entreprises technologiques occidentales est d’émanciper l’individu des administrations. Je vous rappelle à ce propos que les universités américaines enseignent plus largement Henry David Thoreau (La désobéissance civile) que Karl Marx. On ne peut pas en dire autant des universités françaises !

Si l’article dont nous parlions plus haut, peut révéler une certaine vérité sur le monde chinois du futur, il est cependant très difficile d’imaginer que ce soit le monde dans lequel nous vivrons – nous occidentaux – demain et les deux conclusions que nous devrions en tirer sont que d’une part, il est préférable de ne pas naître sur le sol chinois. La deuxième est que si l’article dit vrai, nous devons nous attendre à des flux migratoires massifs venant de Chine dans le courant des prochaines années. Et si l’on se base sur l’exemple américain, nous devons nous attendre à une hybridation des populations locales et immigrées, ce qui est très loin d’être une catastrophe. 

So, just relax, we are having a wonderful time !

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