Eric Zemmour, toujours une longueur de… retard !

Il est clair qu’avec l’extrême droite, il ne faut pas s’attendre à beaucoup d’innovations. Le polémiste et candidat à la présidentielle française de 2022, Eric Zemmour, ne change rien à la règle et vient très clairement de le démontrer. Alors qu’il était l’invité de Caroline Roux dans l’émission les Quatre Vérités sur France 2, le 13 janvier dernier, il a très clairement et surtout innocemment, avoué qu’il n’y connaissait absolument rien en langage informatique. On pourrait néanmoins facilement lui pardonner cette lacune, si seulement il ne faisait pas preuve d’une fermeture complète face à la technologie (donc en quelques sortes, on frôle ici la mauvaise foi). En d’autres mots, que pouvez-vous attendre d’une personne qui prétend guider une population à travers un contexte qu’il ne comprend même pas ​​?

Un réactionnaire, deux réactionnaires, trois réactionnaires ?

Revenons quelques instants sur les faits…

Dans l’émission, Eric Zemmour défend farouchement l’apprentissage du latin et du grec (ancien) dans l’enseignement, à partir de l’entrée au collège. Toujours dans l’émission, lorsque la journaliste lui demande s’ il ne vaut pas mieux apprendre des langages tels que le Python, le Javascript ou le Php, Zemmour fait mine de ne pas comprendre du tout de quoi on parle. Pire encore, il persévère et continue de prétendre que finalement, le latin et le grec ancien sont plus importants à apprendre (même s’ il faut laisser à l’enseignement la possibilité d’enseigner à partir de la quatrième ce type de disciplines) …

Que penser de celà ?

Deux choses ressortent de ces propos :

On sait d’une part que Zemmour est accroché à ses racines francophones et il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il persévère sur l’apprentissage, voire même​​ au renforcement de celles-ci. D’autres part, l’acharnement à la liaison avec les racines françaises rejettent tout naturellement un apport qui vient des Anglos-Saxons, voire plus particulièrement des Etats-Unis. Cet épisode n’est finalement pas sans rappeler un Nicolas Sarkozy qui lors des primaires pour les présidentielles de 2017, n’était pas gêné de demander ce qu’était  Le bon coin.fr (alors que 25 millions de français l’utilisent au quotidien) ou qui ironisait quelques temps après sur le fait d’aller chercher son panier Bio à la ferme et de prendre une photo de cet achat. Une réaction bien décalée alors qu’aujourd’hui, nous sommes plusieurs centaines de millions d’individus à avoir adopté ce réflexe. 

Latin et grec ancien, un véritable retour en arrière ?

En dehors de ses problèmes avec la justice, nous n’entendons plus guère parler aujourd’hui de Nicolas Sarkozy (ni même de son concurrent de l’époque, François Hollande, qui a lui aussi accumulé de nombreuses casseroles dans le même domaine). Sarkozy a probablement signé à l’époque, quelques lignes de son déclin politique et c’est probablement le genre d’erreur qu’Eric Zemmour est en train de faire en s’enfermant dans un refus complet de toute forme de modernité.

L’enseignement, nous le savons, est impératif pour le futur…

Former des enfants et leur ouvrir l’esprit sur l’avenir et ce qu’il offre est ce qu’il semble, rationnellement du moins, le mieux à faire. Voyons donc les choses qu’il convient d’apprendre pour – mieux y faire face – apprendre à modifier et à sculpter notre futur. Dans beaucoup de cas, les innovations viennent de frustrations vécues dans leur enfance par ceux qui arrivent à mettre en pratique des solutions alternatives à celles-ci, lorsqu’ils ont atteint l’âge adulte. Larry Page, le cofondateur de Google, a par exemple eu l’idée de voitures autonomes  pendant les longs hivers qu’il vivait dans le Michigan lorsqu’il était enfant et qu’il attendait le bus scolaire. Pour ceux qui ne le savent pas, le Michigan est un État qui touche à la frontière canadienne, donc qui par excellence doit subir des températures très froides en hiver. Page se disait que ce serait bien de pouvoir disposer de voitures qui viendraient vous chercher et iraient vous déposer à un endroit précis, et tout ceci​​ à la demande. Cela épargnant donc le calvaire des attentes et des incommodités des transports en commun. N’est ce pas véritablement de ces formations qui répondent à ce type de réflexions, dont les enfants devraient pouvoir bénéficier à l’école ? 

Vouloir enseigner le Latin ou le Grec ancien dans les écoles n’a aucun sens s’il est enseigné comme il l’était dans les années 50. Apprendre par cœur les déclinaisons d’une langue morte est même absolument ridicule. En revanche, si le latin est intégré aux cours de français (ou d’espagnol, ou d’italien, ou de portugais ou de roumain, etc) et aux cours d’histoire et que l’étymologie des mots que l’on utilise au quotidien, puisse être étudié pour parfaire notre langage, alors allons-y, fonçons ! De même qu’il serait aussi intéressant – en intégrant le latin et le grec aux cours d’histoire – d’observer la manière dont ces langues ont pu influencer le déroulement de celle-ci. Quelles sont les influences culturelles de ces langues par exemple et que nous ont-elles apportées ?

On en prend des différents, mais on recommence quand même…

En réalité, dans le débat politique – surtout lorsqu’il s’agit des élections présidentielles – rien ne change vraiment. Chaque candidat défend son programme, toujours un peu plus orienté sur sa propre réussite, plutôt​ ​que sur le bonheur des individus. Dans le cas d’Eric Zemmour, on a beau aimer l’histoire, ce n’est pas dans celle-ci que le futur prendra naissance, même si des liens inévitables existent entre les deux. 

Où nous situons-nous par rapport à notre passé ? 

C’est une question interpellante (surtout lorsque l’on aborde son aspect scientifique), mais il paraît beaucoup plus intéressant de se poser la question – surtout lorsque les américains et les chinois se la posent – de se demander où nous situons-nous par rapport à notre futur. Et apprendre le latin ne semble en aucun cas répondre à cette question, car quoi qu’il arrive, un langage mort n’est toujours et avant tout qu’un langage mort. Hors, le langage, c’est aussi toute une culture… Comment pourrions-nous donc ressusciter une culture à tout jamais éteinte surtout lorsque nous vivons à l’heure actuelle dans une mixité occidentale qui a elle-même une certaine prédominance anglo-saxonne, elle-même issue d’une tradition germanique​​ ?

Au sein même de notre culture occidentale, les anglos-saxons ont pris le dessus. Pas que nos traditions gréco-latines aient disparu, mais elles se sont plutôt effacées par rapport aux produits culturels californiens qui ont envahi nos vies depuis une bonne centaine d’années maintenant. Hors, on voit quand même mal comment à l’heure où Netflix, le jeu vidéo et le monde des affaires ont été absorbés par une certaine culture californienne, l’introduction du latin dans l’enseignement français pourrait à nouveau contribuer à la suprématie de l’empire français (car c’est de cela qu’il s’agit avant tout). Alors même que dans les écoles, c’est l’enseignement de l’anglais, de l’allemand, du Python, du Php ou du Javascript qui devrait être privilégié. Non pas par rapport aux cours de français, mais bien par rapport aux cours de latin et de grec ancien…

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