Faut-il craindre le développement des pôles technologiques ? (1/4)

Technologie – Les pôles technologiques se développent discrètement sur plusieurs régions de la planète. Tout en évoluant dans l’ombre de la Silicon Valley, certaines régions du monde ont commencé à comprendre l’intérêt de favoriser le développement intensif des NBIC et d’attirer vers elles les meilleurs éléments pour les développer. La compétition fait rage entre les États-Unis et la Chine ( les poids lourds du numérique ) mais bien d’autres acteurs sont décidés à rentrer dans la danse…

Faut-il voir cela comme un danger ?

C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre dans cette nouvelle série…

Pour trouver une réponse, il faut tout d’abord se pencher sur la nature même, du type de migration. En effet, s’il s’agit de la fuite d’un potentiel créatif (avec tout son écosystème), la polarisation présente toujours un danger pour les régions qui sont désertées. En revanche, pour celles qui se peuplent, les conséquences sont très positives. Un des meilleurs exemples que l’on puisse avoir en Europe sur la polarisation est la convergence de jeune diplômés en partance d’Espagne, du Portugal, d’Italie et de Grèce vers l’Allemagne. En revanche ont assiste à une migration vers ces pays, venant des retraités des régions du nord de l’Europe. Je vous recommande à ce propos le livre de François Lenglet : Tant pis ! Nos enfants payeront, publié chez Albin Michel.

Les raisons de ces échanges sont évidentes. Les premiers cherchent des emplois qu’ils ne peuvent pas trouver dans des économies qui stagnent. Et les seconds cherchent un endroit au soleil pour profiter de leur retraite. De prime abord, on pourrait voir cela comme de l’équilibre. Le sud continue à faire tourner son commerce, son artisanat et l’immobilier, tandis que l’Allemagne fait tourner son économie. Le premier devenant ainsi une économie basée sur le tourisme et l’accueil des personnes âgées à l’image de la Floride. Dans un contexte européen, servant des intérêts européens, il ne s’agit donc pas d’un problème, sauf si le populisme et le nationalisme s’en mêlent, comme ce fut le cas en Angleterre.

Pourquoi ces jeunes partent t-il vers l’Allemagne ?

La réponse est simple, il s’agit du moteur économique de l’Union Européenne. Cette dernière est très demandeuse d’ingénieurs et de techniciens malgré sa force de travail déjà présente actuellement. En 2015, ils étaient déjà 200.000. Mais c’est aussi à Berlin que se développe le principal pôle technologique Européen, maintenant que l’Angleterre quitte l’UE.

La difficulté commence véritablement à se poser si ce potentiel s’échappe vers des zones extra-européennes. Cela devient alors un problème de compétitivité par rapport aux autres nations.

Où se situent les pôles technologiques ?

Selon la banque BNP Paribas, 9 pôles technologiques importants sont en train de se développer… Il s’agit tout d’abord et sans surprise de la Silicon Valley (qui fait figure de précurseur), ensuite de Toronto, de Santiago, de Berlin, de Moscou, de Tel-Aviv, de Bangalore, de Singapour et de Sydney.

Mais ces 9 villes ne sont pas les seules à devenir des centres technologiques importants… Des pôles secondaires émergent dans plusieurs zones du globe. Rien que pour les États-Unis on en dénombre sept : New York, Boston, Los Angeles, Seattle, Detroit et dans une moindre mesure Portland et San Diego. En bref la Côte Ouest est en train de former une ceinture technologique. Ceinture qui pourrait bien devenir le centre du monde occidental dans quelques années.

Côté Canadien, Montréal se dispute comme d’habitude la première place avec son homologue anglophone Toronto. Côté Européen, c’est Londres qui bénéficie d’un développement technologique important, notamment avec son statut de capitale financière européenne. L’avenir nous dira si le Brexit changera la donne. Et ici encore il semble que la concentration des entreprises liées à la finance devraient converger sur Berlin. Du côté asiatique Seoul, Tokyo, Shenzhen et Hong Kong semblent se profiler comme des zones importantes pour le développement des nouvelles technologies, notamment en ce qui concerne la robotique pour le Japon. Nous n’aborderons pas à ce stade ce que sera la Chine dans 5 ans, mais on peut se douter que la situation risque de changer. Cette dernière évoluant très vite…

Impact potentiel sur les migrations ?

Solde migratoire 2016 – Wikipédia

Une étude du Boston Consulting Group démontrait en 2018 que sur plus de 360.000 personnes interrogées, 34% montraient une volonté de partir vers les États-Unis si elles pouvaient émigrer, 26% vers l’Allemagne, 24% vers le Canada et 21% vers l’Australie. Le Japon enregistrant un score moindre, mais cela s’explique principalement par la difficulté d’accès à la culture. En ce qui concerne l’Inde et le Brésil, les pourcentages indiqués sur la carte ci-dessous montrent les intentions de départ chez les interrogés (non pas la destination).

Comparez les cartes… Il semble que ce soit les pays dans lesquels les pôles technologiques se développent qui soient les plus populaires…

Coup du hasard ?

Pas si certain si on prend le cas des indiens et que l’on compare la population d’origine indienne dans la Silicon Valley ou en Allemagne. L’Inde a déjà depuis longtemps tout misé sur l’informatique. Ce qui lui a permis de développer des pôles technologiques importants , dont un même de premier ordre – Bangalore. Mais aussi d’envoyer ses ingénieurs dans les plus grandes entreprises technologiques aux USA et en Allemagne*.

Quelles sont les raisons de l’attrait pour ces pôles technologiques ?

L’argent, l’épanouissement, trouver un travail !

Ces zones offrent en effet aux ingénieurs, des perspectives d’avenir brillants et des salaires attractifs. Avec en prime des bonus qui dépassent l’entendement. Ceux-ci pouvant atteindre parfois des sommes considérables, comme 100 millions de dollars.

Oui vous ne rêvez pas ! Il ne s’agit pas d’une erreur. Mais 100 millions de dollars, c’est toujours moins cher qu’une startup que l’on doit racheter à 1 milliard de dollars.

De plus ces startups offrent la possibilité de changer le monde en travaillant avec des gens qui sont bien déterminés à réaliser leurs rêves les plus fous. Mettez-vous à la place d’un jeune ingénieur qui sort de l’école et à qui on offre la possibilité d’aller travailler pour Facebook ou bien Google…

Il semble clair qu’à terme, un imaginaire collectif va se développer dans l’esprit de la population mondiale, idéalisant de ce fait ces régions. Un peu de la même manière que le rêve américain s’est installé dans l’esprit des candidats au départ au XIX°siècle.

Rappelons aussi que l’économie américaine à besoin chaque année d’un effectif de 30.000 ingérieurs et que seuls 9.000 d’entre-eux sortent des universités américaines. D’où viennent donc les autres ?

*Le fait que cette dernière soit en solde migratoire neutre est relatif avec la démographie

Crédits photographiques :

Pour la carte solde migratoire 2016 :

Par Kamalthebest — Travail personnel, derived from File:BlankMap-World-Microstates.svg, using this CIA Factbook source, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54803329

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