FTC, quand l’administration américaine perd les pédales…

Vous le savez peut-être, tout rachat d’entreprises de plus de 92 millions de dollars doit faire l’objet d’une enquête de la très sévère​ Federal Trade Commission (FTC). Véritable gendarme des grosses fusions, la FTC doit vérifier qu’une entreprise, en en rachetant une autre ne s’assure pas une position de monopole dans son domaine. Le problème est qu’aujourd’hui, l’institution est complètement dépassée​ par le nombre de demandes. Pour toute l’année 2020, la FTC a traité 2.000 demandes (ce qui n’est pas une mince affaire). En revanche, rien que pour le premier semestre 2021, 1.700 demandes de rachat d’entreprises sont arrivées sur ses bureaux. 

Résultat, surcharge une surcharge de travail très difficile à gérer…

Yes, but the problem is…

Vous allez peut-être me dire que ce n’est pas grave​. Tout au plus, les demandeurs devront attendre plus longtemps…

Et bien non ! Ce serait d’une part dévastateur pour Wall Street (donc pour les Etats-Unis) et de plus cela pénaliserait les entreprises demandeuses de rachat. C’est – entre autres – pour cela que la FTC dispose de 30 jours légaux pour procéder à une enquête de rachat. Passé ce délai les entreprises peuvent fusionner, même sans accord​. Seulement voilà – sans cela ce ne serait pas amusant – la FTC se réserve le droit de remettre en question le rachat d’entreprises même si elle l’a approuvé plusieurs années avant. Elle a donc prévenu les concernés que s’ils le désirent, ils peuvent continuer la procédure de rachat, mais ce n’était pas tout à fait gagné. En bref, elle les attend au tournant. C’est d’ailleurs comme cela que le rachat d’Instagram, en 2012 (pour un milliard de dollars) et de WhatsApp en 2014 (pour 19 milliards de dollars) par Facebook, est aujourd’hui remis en question par la FTC (et par plusieurs candidats du parti démocrate).  

Cela m’amène à vous poser trois questions :

Premièrement, d’où vient cette explosion soudaine des fusions et rachats d’entreprises Outre-Atlantique ?

Ensuite, si la FTC n’arrive pas à suivre les demandes, est-il légitime qu’elle puisse pénaliser les entreprises qui se sont pourtant soumises à la loi ? Ou, pour le dire autrement, les entreprises doivent t-elles assumer l’incapacité de l’administration à faire son travail ?​

Enfin, est-il légitime (dans le cas de Facebook) de revenir sur des décisions – qui ont pourtant été approuvées – datant presque de 10 ans en arrière ?

Une croissance naturelle dans les achats et les ventes…

Dans un premier temps, on pourrait penser que l’explosion de la demande de rachat d’entreprises, par d’autres entreprises est due au ralentissement de l’année 2020 (comme c’est d’ailleurs le cas aujourd’hui pour le secteur de la construction. Les gens ayant été obligés d’économiser pendant un an, mettent naturellement leur argent dans des valeurs sûres comme l’immobilier, puisque l’épargne ne rapporte plus vraiment grand-chose). Pourtant, quelque chose me fait penser que ce n’est pas ce qui se passe dans le cas présent. Il y a en effet, autre chose…

Ce que l’on oublie souvent de rappeler, c’est que beaucoup d’entrepreneurs du monde numérique – une fois le décollage d’une startup amorcé –  ne rêvent que de vendre leur entreprise à des plus grosses entreprises, comme les GAFAM. C’est en quelque sorte inscrit dans l’ADN d’une startup. Aussi dans la Silicon Wady à Tel-Aviv, nombre d’entreprises sont rachetées par leurs homologues américains et sont cotées au Nasdaq (indice boursier de la Tech -USA). J’ai d’ailleurs appris, il y peu – en lisant un ouvrage co-écrit par Reed Hastings, le fondateur de Netflix – qu’il avait rencontré personnellement John Antioco, PDG du géant de la location de DVD de l’époque, Blockbuster afin de lui vendre Netflix pour 50 millions de dollars. La réponse de Antioco fut un NON catégorique. Chose exceptionnelle lorsque l’on sait ce que les deux entreprises sont devenues – succès immense pour l’une, faillite pour l’autre…

Est-ce véritablement légitime ?

Cela dit, à mon sens cette situation démontre une chose et cette chose, c’est que les capitalisations boursières flambent depuis maintenant un an. Il suffit pour cela de regarder les capitalisations des géants du monde numérique aujourd’hui. Dans le cas d’Apple et de Microsoft, nous parlons de plusieurs milliers de milliards de dollars. Et si les dossiers s’empilent sur les bureaux de la FTC, c’est parce que le monde numérique génère un double mécanisme qui s’articule entre une flambée des capitalisations boursières ainsi que d’une accélération (exponentielle) de la création de start-up innovantes. 

Venons en maintenant à notre deuxième questionnement…

Est-il logique que des entreprises privées doivent assumer l’incapacité d’une administration à faire son travail correctement ?

Malheureusement, il s’agit ici, non pas de trouver une réponse à la question posée, mais plutôt​ ​d’émettre une opinion personnelle. Chacun en pensera donc ce qu’il veut, mais pour ma part, c’est à l’administration de résoudre les failles liées à ses propres structures. Si elle ne peut pas faire son travail, il me semble logique que c’est à elle seule qu’en revient le responsabilité.

De plus, imaginons l’impact que ce retard pourrait représenter pour les entreprises américaines (et occidentales), si elles jugent que la meilleure décision est d’attendre que la FTC daigne traiter leur demande. Et ce surtout en termes de concurrence avec la Chine. D’un autre côté, pour celles qui auraient décidé de ne pas attendre, imaginez l’impact que cela pourrait représenter pour elles, dans des cas de procès futurs ? 

Mauvaise idée donc, tout comme le fait de remettre en question le rachat d’Instagram et de Whatsapp. D’une part – et c’est l’argument avancé par Mark Zuckerberg – les deux startups étaient loin à l’époque d’être ce qu’elles sont aujourd’hui. Elles sont ce qu’elles sont grâce à Facebook et rien d’autre. Il y a donc de la part de l’administration américaine un zeste de mauvaise foi, qui m’oblige à vous poser (encore) une question :

A qui Facebook fait-il de l’ombre pour provoquer un tel raz de marée de la part des autorités américaines (voir européennes) ?

La réponse est très simple : Facebook détient quatre réseaux sociaux (Facebook, Messenger, Instagram et What’sApp). L’entreprise est loin d’être la seule sur le terrain de jeu, puisque les réseaux sociaux abondent sur le Net (y compris ceux qui viennent de Chine). Quelque chose me fait dire que le véritable problème réside dans la réunion des fonctionnalités des quatre réseaux appartenant à Facebook. Ces derniers, en effet, mettraient par terre les différents opérateurs télécoms – du moins en ce qui concerne les systèmes de communication entre les individus (le téléphone par exemple). Si vous n’êtes pas Facebook, vous êtes​ peut-être Instagram ou WhatsApp. Cela veut dire aussi qu’avec une réunion des quatres réseaux, l’entreprise de Mark Zuckerberg pourrait très bien devenir, dans le futur, la première opératrice de communication dans le monde. Ce n’est évidemment pas de nature à plaire à tout le monde. ​ 

La véritable question qui se pose à vous maintenant est de se demander s’il en va de votre intérêt ou non ?

Le mot de la fin…

Quoiqu’il en soit, il y a fort à parier que dans le cas où Facebook serait obligé de revendre les deux fleurons que sont Instagram et WhatsApp, de nouvelles applications (maison) similaires feraient surface au sein de l’entreprise. Tout au plus l’opération reviendrait à ajouter des sommes colossales dans les caisses de l’entreprise et la rendre un peu plus invulnérable. 

En attendant, c’est le contribuable américain qui paye l’inefficacité de l’administration et en ces termes, je tiens aussi en considération le fait qu’il soit aussi obligé de prendre en charge les désidératas des lobbies…. 

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