La voiture électrique va devoir encore convaincre… les grands patrons !

C’est évident, l’avènement de la voiture électrique – et surtout l’interdiction de la voiture avec moteur thermique dans l’UE – ne fait pas l’unanimité. Les intérêts pétroliers tout d’abord, ceux des constructeurs automobiles ensuite, et à cela il faut encore ajouter ceux des opérateurs de l’énergie qui vont s’arracher les cheveux dans les années qui viennent, ainsi que l’industrie de l’hydrogène, qui voit une manne juteuse lui passer sous le nez (parce que, c’est un fait la guerre entre les deux est déjà gagnée). Bref vous l’aurez compris, l’électrique va encore devoir convaincre de nombreux sceptiques et surtout tous ceux qui seront les grands perdants dans l’affaire…

Une mutation contredite (à juste titre)…

Parmi ceux qui ne sont pas contents, il y a bien entendu Carlos Tavares (le grand patron de Stellantis). Ce dernier vient de monter au créneau et critique amplement la décision de l’Union Européenne d’interdire tout simplement la vente des voitures à moteur thermique dès 2035. Forcément, lorsque l’on est le patron de 14 marques de voitures, dont certaines sont aussi des voitures à hautes performances comme Maserati – donc indissociables de l’essence – on râle un peu quand on doit convertir plusieurs dizaines d’usines et s’adapter à la situation. Cela coûte effectivement un peu d’argent et quand on râle, on se laisse parfois aller vers les arguments génériques qui font partie des croyances communes des opposants pour être plus crédible. Et parmi ces croyances populaires communes, on retrouve bien entendu celle qui consiste à dire que le véhicule électrique est tout aussi polluant que son homologue pétrolier. Pour cela, nous avons bien entendu des études toutes plus sérieuses les unes que les autres pour nous démontrer que nous devons continuer à faire confiance aux véhicules traditionnels. De plus, l’électricité n’est pas toujours produite, elle non plus avec des énergies propres et c’est un véritable problème. Oui c’est vrai, mais cela ne va-t-il pas  changer avec le temps ?

Et si cette décision politique était une très bonne chose finalement ?

Carlos Tavares ne manque pas d’arguments pour expliquer que cette décision politique n’est pas la bonne et que d’autres systèmes existent pour réduire nos émissions de C02, les véhicules hybrides notamment. Il y a aussi le fait qu’une voiture électrique implique 50% de coût supplémentaire par rapport à son équivalent diesel ou essence. Il serait donc impossible de répercuter ce coût sur l’acheteur (et une recherche de réduction de prix entraînerait inévitablement une accélération de la robotisation de la production). De ce fait, la voiture deviendrait un produit de luxe inabordable pour des milliers de personnes. Tavares (qui serait contraint à vendre – il faut bien l’avouer – moins de voitures) n’a pas vraiment tort. Les véhicules électriques sont des bijoux technologiques et ont un coût certain. D’autre part, monsieur tout le monde ne va pas pouvoir se payer un véhicule à 30.000 euros en claquant du doigt. Cela tient la route, mais au risque d’en faire bondir plus d’un, ne serait-ce pas une très bonne chose ?

Non pas que le véhicule pour particulier ne soit pas accessible à ceux qui en ont besoin, mais plutôt parce que cette nouvelle législation impliquerait inévitablement de changer notre mode de consommation…

D’un autre côté, rien n’empêche non plus d’envisager une démocratisation de ces derniers, ce qui va probablement se passer sur le long terme, voir même pourquoi pas de remanier la chaîne de distribution (et tout laisse croire que c’est ce que Tavares à dans la tête). Allons plus loin, voyons ce que coûte le véhicule pendant toute la durée de son utilisation en termes d’entretien et de consommation… Quoiqu’il en soit, reproduire le modèle existant  – avec des vices qui lui sont propres – en version électrique ne serait pas du tout constructif. La meilleure des choses qui pourrait arriver, n’est pas que le monde soit envahi de véhicules électriques, mais plutôt de changer notre rapport à la mobilité…

Une simple accélération de quelque chose qui devait de toute façon arriver…

Projetons nous quelques instants dans le futur :

Nous sommes en 2030 et il ne reste que cinq ans avant que la nouvelle législation européenne entre en vigueur. De nombreuses personnes ne peuvent déjà plus se permettre d’acheter une voiture, tellement les prix sont élevés. D’autres continuent encore à acheter des véhicules à moteur thermique – toujours de moins en moins nombreux dans les gammes des constructeurs – tout en sachant que dans cinq ans, ils devront s’en débarrasser ou le transformer en véhicule électrique (oui, c’est possible techniquement). Beaucoup vont alors renoncer à un achat pour privilégier des modes de mobilités alternatives, réduire fortement les déplacements ou bien encore vivre dans une proximité proche de leurs besoins. Oui, mais ce qui est certain c’est que des services de voiturage ou de co-voiturage vont émerger. Beaucoup existent déjà aujourd’hui mais c’est à ce moment qu’ils vont vraiment prendre leur envol. Il faut aussi compter sur le déploiement en masse des véhicules autonomes. Ce qui va très largement contribuer à faire chuter les prix de la course d’un service comme Uber par exemple. Il est même plausible que les constructeurs déploient eux-mêmes des flottes de véhicules et offrent eux-mêmes ces services (avec à chaque fois une éthique qui leur est propre). Nous disposerons donc d’abonnement pour notre mobilité, comme nous en avons aujourd’hui pour Netflix ou pour Spotify. Ce qui veut dire que nous appellerons tout simplement une voiture en fonction de nos besoins. 

Aujourd’hui déjà, on remarque chez les plus jeunes un détachement par rapport au fait de posséder un véhicule neuf. Il va de soi que les choses sont bien plus simples si on a accès à la mobilité que nous voulons au moment même, où nous en avons besoin. Nous avons les dates, nous avons les technologies adéquates ou du moins elles se développeront très vite dans les années à venir, il ne nous reste donc plus qu’à imaginer comment les gens auront accès à la mobilité demain, et surtout comment un véhicule pourrait devenir autonome en termes de consommation énergétique. 

Une chose est certaine, Carlos Tavares vient en fait d’illustrer la plus grande des failles de l’économie traditionnelle… à savoir l’immobilisme !

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