Migrations et nouvelles technologies (2/4).

Après avoir exploré les différentes raisons qui poussent les gens à migrer, nous allons nous pencher sur l’impact des nouvelles technologies dans les pays en voie de développement et dans les régions les plus reculées du monde. Ces dernières peuvent en effet provoquer des départs, mais elles peuvent aussi provoquer des stagnations. Elles peuvent avoir une influence sensible sur l’amélioration des conditions de vie et de ce fait elles pourraient aussi freiner les migrations.

Pour illustrer l’importance de cet impact, nous citerons l’exemple de Sara Ruto au Kenya. Sara était obligée une fois par semaine de faire trois heures de route pour rejoindre la ville la plus proche, afin de recharger son téléphone portable.Après avoir installé un simple panneau solaire sur le toit de sa modeste maison, elle pouvait compter sur suffisamment d’électricité pour faire fonctionner quatre ampoules et pour pouvoir recharger son téléphone*.

Sachant cela, on peut penser qu’au XX°siècle cette situation l’aurait probablement forcé à trouver d’autres lieux pour échapper à ce manque de confort

Eric Shmidt et Jared Cohen soulignent que « notre perception d’à peu près tous les aspects de l’existence va se transformer, de nos moindres activités quotidiennes aux questions les plus fondamentales de l’identité, des relations humaines et même de la sécurité [ ] certains obstacles historiques aux échanges entre les hommes, comme la géographie, la langue ou la restriction de l’information sont en train de s’effacer et une nouvelle vague de créativité et de potentiel s’apprête à déferler sur nous »**.

L’occident, s’il est toutefois à la base de cette révolution technologique n’est pas le seul bénéficiaire de celle-ci. Le nombre d’individus connectés à internet est passé à 2 milliard dans les 10 premières années du siècle. Fin 2016, ils seraient selon Wikipedia environ 3,9 milliards, soit le double.

En 2011, en Afrique on comptait déjà 650 millions d’usagers de téléphone portable.

Plus les efforts déployés par des géants technologiques comme Google ou Space X, pour développer l’accès internet dans les régions les plus reculées du monde seront poussées, plus le nombre d’individus connectés augmentera inévitablement. Est-ce une bonne chose ?

Oui car cette connexion est un des éléments de développement majeur qui pourrait avoir raison des sources de pauvreté dans le monde. Et par conséquent transformer radicalement le paysage migratoire.

Au risque de paraître trop optimiste, il ne s’agit pas d’envisager dans un moyen terme la disparition de la pauvreté, il suffit pour s’en convaincre de voir le nombre de réfugiés à destination de l’Europe et des États-Unis en 2017.

A défaut, nous pouvons espérer plutôt la voir reculer sur les domaines dont elle se nourrit, c’est à dire l’accès à l’éducation, l’accès au travail ou encore  l’accès à l’information. Une connexion à internet peut interférer sur ces trois aspects. Schmidt et Cohen donnent l’exemple « d’un gardien de troupeau illettré du Serengeti, dont la langue natale – le maa, ne s’écrit pas. Celui-ci pourrait à partir de son téléphone portable connecté avoir accès aux cours des marchés boursiers, repérer la proximité d’un prédateur avec le crowd-sourcing, son appareil lui fournissant toutes ces informations vocalement »***.

De belles perspectives en prévisions…

* Elisabeth Rosenthal, African Huts Far From the Grid Glow with Renewable Power, in New York Times, 24/12/2010, URL : [http://www.nytimes.com/2010/12/25/science/earth/25fossil.html], (consulté le 26/12/2017).

**Schmidt Eric, Cohen Jared, A nous d’écrire l’avenir. Comment les nouvelles technologies bouleversent le monde, Denoël, Paris 2014, p,12. Titre original The New Digital Age, Knopf, Random House Inc, traduit par Anatole Muchnik.

***Ibid.p.13.

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