Quand Bruno Le Maire fait de l’excès de zèle (une fois de plus)…

Ce n’est pas nouveau, une fois qu’il s’agit de faire parler de lui, Bruno Le Maire (BLM) n’est jamais en reste. Ici encore, nous sommes repartis dans les réglementations, les législations, les étranglements et les bêtise​s (pour ne pas dire autre chose et rester poli) en tous genres. De fait, il y avait jusqu’ici encore un secteur qui n’était pas hyper réglementé par l’Etat français – attention, le marteau de la législation européenne, sous l’égide de son comparse Thierry Breton, ne tardera pas à assommer tout le monde – est désormais dans le viseur de BLM… 

Rien n’échappe désormais à l’œil de Paris…

Il est un secteur en pleine expansion qui échappe à l’autorité financière française, c’est celui des influenceurs. Et ce n’est, bien entendu, pas de nature à plaire au ministre actuel des finances français… 

Aucun doute sur ce point, Bruno Le Maire veut avoir la mainmise sur tous les domaines qui lui échappent. Il a donc déployé un nouvel arsenal de mesures pour encadrer les influenceurs du web, et pour ce faire, il a utilisé les grands moyens : 8 tables rondes, consultation publique de 20.000 français, et intervention de 400 professionnels de l’industrie…

Oui, on s’en doute, l’initiative est aussi stimulée par les professionnels des médias, qui, bien entendu, voient d’un très mauvais œil cette jeunesse tapageuse qui rafle une part importante du magot de la manne publicitaire. Magot qui était avant l’ère Internet, jalousement gardé et partagé entre l’Etat et un cercle très privé d’acteurs médiatiques. 

Première étape, un influenceur aura désormais un statut officiel et devra respecter les règles appliquées par les médias traditionnels en matière de publicité.

Désormais, cher influenceurs, votre activité sera officiellement considérée comme “une pratique qui consiste à créer, à diffuser à l’intention du public français par un moyen de communication électronique, des conseils ou des contenus faisant la promotion directe ou indirecte de produits ou de services en l’échange d’un bénéfice économique ou d’un avantage en nature.” 

Rien que ça !

Si vous aviez donc un doute sur la définition de votre activité, désormais n’en n’ayez plus, c’est chose faite !

Des droits, des droits et toujours plus de droits… 

Vous admettrez que cette définition est très vaste et couvre un très large champ de possibilités (pour le meilleur et pour le pire). Rassurez-vous, monsieur le ministre insiste sur le fait que ces mesures sont élaborées pour “soutenir et défendre les influenceurs, pas de les stigmatiser.” 

Ouf, on a eu chaud, très, très chaud !

Côté​ relation commerciale, désormais qu’il s’agisse d’annonceurs ​​ou d’agences spécialisées dans le suivi des influenceurs, il doit y avoir un contrat qui garantit à ces derniers leurs droits, en ce qui concerne la propriété intellectuelle. 

Pour les mineurs (moins de 16 ans), il leur faudra désormais une autorisation pour paraître​ dans une vidéo et 90% de leurs revenus devra être bloqué sur un compte en banqu​e. Ben oui c’est plus facile de taxer un contribuable – en âge de l’être – que de taxer un mineur qui n’en est pas encore un. 

Ils auront donc juste de quoi acheter des sucettes et des sodas, ces petits anges. C’est pas mignon ça ?

Forcément (et plus logiquement), les produits financiers, l’alcool, le tabac ou les paris sportifs seront soumis désormais aux mêmes règles que pour les médias traditionnels et interdiction de faire quoique ce soit (en termes de publicité, bien entendu) pour la chirurgie esthétique. Il faut avant tout protéger le consommateur ! Bon ça, on ne va pas aller trop contre, c’est du bon sens.

Outre une collaboration plus serrée avec les plateformes, des associations (de consommateurs ou de protection de la jeunesse par exemple) seront invitées à scruter et à dénoncer les influenceurs qui ne respecteront pas ces nouvelles règles. A cette force de frappe, viendra s’ajouter une brigade officielle de 15 agents, qui passeront au peigne fin toutes les vidéos. 

Attention, si vous ne respectez pas ces règles, l’amende pourrait être salée… jusqu’à 300.000 euros, voire même l’interdiction d’exercer la profession. Mais rassurez-vous, en cas de bonne conduite, vous aurez droit à un petit label, une sorte de macaron que vous pourrez très fièrement afficher sur l’écran. Vous avez de la chance parce que chez Twitter et chez Meta, il faut payer pour ça. 

Non ! 

Pas de ça ici, c’est gratuit et cerise sur le gâteau vous aurez même droit au petit manuel du bon influenceur, comme ça, vous ne raterez rien du tout. 

Bon, que fait-on avec ça ?

On sait que protéger les consommateurs, c’est avant tout une nécessité, surtout pour les plus jeunes, qui n’ont pas encore eu une expérience suffisante de la vie, que pour prendre certaines réserves (encore que les adultes ne sont pas épargnés). Sur ce point, nous sommes d’accord…

Néanmoins, tout semble démontrer qu’une fois de plus, l’encadrement – susceptible de protéger les consommateurs et les plus jeunes – cache aussi une volonté de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. Caisses, il faut bien avouer, qui sont désespérément vides. Mais encadrer, c’est aussi restreindre une certaine forme de créativité. Plus la législation est contraignante, plus le champ d’action se restreint pour l’individu. 

Une fois de plus, ici, le mot d’ordre est de légiférer pour gagner de l’argent. Il est certain que les amendes vont pleuvoir à flot, exactement comme ce fut le cas avec le RGPD et probablement comme ce sera encore le cas avec les deux nouvelles législations européennes le DSA (Digital Service Act) et le DMA (Digital Market Act) entrés en vigueur en 2022. 

Le Maire, du haut de ses bonnes intention, est en train de mettre en place une surveillance accrue d’un secteur en plein développement, et cette surveillance a aussi pour but de préparer un terrain fertile qui servira à développer une  nouvelle niche fiscale sur laquelle il n’avait pas encore le contrôle (et cela concerne aussi les revenus des mineurs)​.​

Vous allez peut-être me dire, qu’après tout, tout cela est bien normal…

​Pas forcément pourtant !

L’excès de législation tue l’innovation, ou du moins, elle la réduit très fortement. Une nouvelle bombe vient d’exploser, on en parle presque tout les jours – c’est celle des IA génératives – et c’est sur les conséquences (et sur les possibilités qu’elle offre) que celle-ci va avoir qu’il faut se concentrer. Mais l’histoire se répète… Les américains et les chinois innovent et nous, nous légiférons avant d’avoir fait quoi que ce soit de neuf. 

Comme disait l’autre, quand le sage montre la lune du doigt, l’imbécile regarde le doigt et pas la lune…

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