Après les hausses de prix des matériaux de construction, voici que le secteur énergétique s’en mêle aussi. Le prix du diesel grimpe en flèche, celui du gaz aussi et la Chine est forcée de fermer des usines à cause de pénuries d’électricité. Comment s’en étonner quand les centrales électriques tournent avec des énergies fossiles ? Bref, on pourrait dire que rien ne va plus, mais certains économistes jugent que tous ces facteurs démontrent que l’économie se porte au contraire très bien. Et si l’économie se porte bien, en principe, nous devrions bien aller aussi, sauf que…
Des indicateurs qui devraient nous donner du bon sens, mais…
Il est clair que si la Chine est contrainte de fermer ses usines, nous devons nous attendre à avoir de nouvelles pénuries dans d’autres domaines, puisque ce pays produit la grande majorité des biens de consommation de la planète. A ce propos, si vous comptez acheter un véhicule cette année, il faut savoir que la pénurie de semi-conducteur que l’industrie automobile affronte aujourd’hui va entraîner une suppression sur les chaînes de production de 7,7 millions de véhicules. Néanmoins, nous n’avons pas d’autres choix que de faire avec la situation, du moins pour le moment car rien ne nous empêche de réfléchir à d’autres solutions pour ne plus être dans la même situation à l’avenir, voire même mettre ces solutions en pratique le plus tôt possible.
Comme pour le gaz, dont nous sommes dépendants de la Russie – ce qu’il est loin d’être une bonne chose – nous sommes pieds et mains liés avec la Chine pour les produits manufacturés que nous utilisons. D’un côté, ce n’est pas non plus une bonne nouvelle puisque plus nous avançons, plus ces produits sont de nature à être connectés. Donc très largement susceptibles d’être des fournisseurs de données personnelles. D’un autre côté, nous avons vu ces derniers mois qu’un canal pouvait aussi être bloqué pendant plusieurs jours et présenter aussi des risques de manque d’approvisionnement pour nos contrées. Enfin, il est grand temps d’en finir avec un système aberrant qui consiste à produire à l’autre bout de la terre, des produits que nous pourrions produire chez nous. Et cela n’a rien à voir avec le fait de prétendre que l’on peut produire des produits de meilleure qualité, bien au contraire…
Et si on faisait un grand pas vers d’autres choses en étant réaliste ?
Si nous voulons d’une part sauver cette planète et être en même temps indépendants des autres pour nos produits de consommation, il est clair que nous n’avons pas d’autres choix que de produire localement. Attention cela n’a rien à voir avec cette prétendue volonté de Thierry Breton de vouloir par-dessus tout être autonome dans des secteurs dans lesquels nous sommes dépassés parce que nous n’y avons rien inventé. Ni même par ailleurs de vouloir concurrencer les Etats-Unis dans des domaines dans lesquels ils excellent. Nous devons au contraire persévérer dans nos efforts pour être complémentaires entre occidentaux et pour cela, il n’y a pas trente six solutions, il faut innover là où les autres échouent.
Bien, revenons à notre production locale…
Nous pouvons produire les produits alimentaires localement, c’est un fait, mais peut-on produire des appareils électroménagers et électroniques alors que nous savons pertinemment qu’il est presque impossible de concurrencer la Chine dans ce domaine ?
Si l’on se base sur les modèles de production industriels traditionnels, la réponse est très clairement non ! Soyons clair, il est impossible de concurrencer l’Empire du milieu sur ce terrain…
Donc que nous reste t-il ?
Nous n’échapperont pas à la technologie, nous n’avons pas le choix !
Trois secteurs inévitables s’imposent donc à nous :
La robotisation, la dématérialisation du produit et l’impression 3D. Dans le premier cas, la robotisation diminue certes les coûts de production, mais nécessite néanmoins de lourds investissements dans lesquels il est parfois hasardeux de se lancer dans des marchés plus que volatiles. Marchés qui sont eux mêmes soumis à un risque important de disruption. Ce qui signifie de nos jours, qu’ils sont aussi soumis à des risques importants de dématérialisation. Donc, nous l’aurons compris, si la robotisation est une étape indispensable pour les usines déjà existantes, miser sur l’industrie est aujourd’hui un paris risqué, sauf si vous fabriquez des batteries et des semi-conducteurs. Et dans ces domaines, d’autres y ont déjà pensé avant vous et sont largement plus avancés.
Après tout cela, que nous reste-t-il à part peut-être l’impression 3D ?
On en entend parler véritablement depuis 2013, mais sans vraiment faire du sur place, le secteur semble trouver des marchés de niche, mais ne remporte pas encore un grand succès auprès du public de masse et pourtant, son potentiel est absolument phénoménal. Il détruit d’une part notre dépendance à d ‘autres producteurs. Il élimine tout le processus industriel en ne produisant uniquement qu’à la demande. Enfin il anéantit les marchés de l’acheminement des marchandises ainsi que les coûteux (y compris en termes d’écologie) voyages d’affaires. Ce sont trois 3 éléments non négligeables qui constituent une formidable porte de sortie pour nous éviter le pire. Si l’Union Européenne voulait se positionner dans un domaine d’avenir, elle ferait mieux de miser une grande partie des cartes dont elle dispose sur ce marché et de faire en sorte que chaque foyer puisse devenir un auto-producteur. D’autant plus que nombre de ceux-ci sont eux aussi indépendants en termes de production énergétique. C’est la seule manière de devenir indépendant des autres pays.
Serions-nous en face des mêmes enjeux qui ont fait de l’UE devienne un des principaux précurseurs en matière d’énergie renouvelable, notamment en privilégiant la production d’électricité décentralisée (via les panneaux solaires) ? Peut-être, mais il serait grand temps, en ce début de décennie, de renouer avec la bonne volonté dont elle a fait preuve il y a vingt ans d’ici, et ce très vite !
