Socrate, Platon ou Marx sont-ils encore pertinents à une époque qui échappe à toutes les lois terrestres ?

Pouvons-nous encore compter sur la pensée de nos ancêtres​ philosophes, dans un monde qui finalement, n’a plus vraiment rien à voir avec celui dans lequel ces penseurs illustres ont évolué, ont pensé et ont vécu ? 

Plus nous avançons dans le XXI°siècle, plus cette question semble s’imposer à nous. Et plus le monde avance, plus il semble que la réponse soit… Non !

Un petit retour dans le temps…

Vous souvenez-vous de la manière dont vous viviez en 1999 ?

De prime abord – du moins pour ceux qui vivaient déjà à ce moment-là – il peut nous sembler que rien n’a véritablement changé par rapport aux dernières années du siècle passé. Pourtant, nous avons à l’époque – en acceptant les nouveaux outils informatiques et numériques que l’on nous proposait – entamé progressivement une mutation conséquente du monde que nous connaissions. Nous pourrions même dire que nous avons participé à une révolution dont les conséquences sont irréversibles, sans même en avoir conscience. Une mutation peut-être toute aussi importante que celle du passage de l’homme de la préhistoire à l’histoire. Car en nous donnant accès à l’informatique et aux lignes à haut débit, nous avons pu prendre le contrôle de nos opinions, de nos pensées et de nos actes, alors que nous étions, jusqu’à ce point dominé par l’enseignement d’idées issues de personnes tierces. 

Dans la Grèce Antique par exemple, le jugement du bon goût était soumis à un conseil des sages. Ces sages se rassemblaient pour déterminer les critères de beauté et de goût, pour lesquels le reste de la population allait devoir se conformer. En bref, ce fut le rôle de la critique jusqu’au début du XXI°siècle. Les choses ont pourtant commencé à changer dans la première partie de la décennie, lorsque les internautes ont pris eux-mêmes les choses en main et ont fait preuve d’un désintérêt complet pour l’avis de ces experts qui n’obéissent finalement qu’à une règle – même si certains s’affichaient comme des frondeurs – à savoir… l’Académisme

De la même manière l’apparition d’Uber et du phénomène d’ubérisation – qui a anéantit littéralement la pensée de Karl Marx et qui a généré la montée en puissance d’un auto entrepreneur qui n’a plus d’autres choix que de se vouer à lui même (ou – retour aux sources – à l’opium du peuple, c’est à dire à Dieu) pour se faire sa place dans le monde – à remplacé dans les rêves des jeunes générations, la soumission aux patrons. Être cadre dans une entreprise est bien moins sexy que d’être Youtuber à l’heure actuelle. De même qu’il est plus sympathique de créer sa propre startup et de la revendre à Google, plutôt que d’aller travailler dans leurs bureaux.

Peter Thiel, Elon Musk et Mark Zuckerberg ne sont-ils pas les véritables philosophes du XXI°siècle ?

Comment pourrait-on donc décrire le monde qui vient en faisant référence à Platon, à Socrate, à Marx, à Deleuze, à Dérida ou à Sartre (et j’en passe sur les Lipovetsky et autres) ?

Avaient-ils internet dans les mains ? Seraient-ils arrivés à prédire qu’un robot humanoïde pourrait un jour faire un salto arrière et être capable de remplacer la main d’œuvre humaine dans un champ ou dans une usine, voire même de devenir un soldat capable de se battre sur un champ de bataille à la place d’un être humain ? Auraient-il été capable de prédire qu’un boîtier à l’intérieur d’une maison obéirait à nos ordres sans jamais broncher et seraient à la fois nos conseillers fiscaux, médicaux et  légaux, jusqu’à nous transformer en mini-dictateurs. Et de là, renverser les règles qui régissent les contacts sociaux que nous avons les uns pour les autres ?  Auraient-ils pu comprendre la fusion globale du monde sur une unique place publique (Over Soul) qui s’appelle internet et l’impact que cette fusion impliquerait dans la vie de tous les habitants de la planète ?

Comment pouvons-nous donc en référer encore à des penseurs qui n’auraient de toute façon rien compris de l’homme qui peuple la planète aujourd’hui ? Un homme qui se détache volontairement des institutions car il possède (enfin) désormais les moyens de le faire. En bref, il existe très clairement un décalage entre les penseurs actuels et les gens qui construisent le monde. Les deux cohabitent, mais ironie du sort, ils semblent s’ignorer. Les uns réfléchissant sur le monde tel qu’il a été, les autres, inversement, font tout pour qu’il ne redevienne plus pareil. Et si un philosophe français démontre par excellence ce décalage, c’est bien Luc Ferry… Ce dernier affirme être ouvertement contre la démocratie du click et de l’opinion. Entendez par là que le conseil des sages doit continuer à diriger la pensée des individus (moyens). Il s’est même offert le luxe de traiter Emmanuel Macron, président de la France à 39 ans de… gamin. Une erreur qui semble majeure dans un monde qui a été lui-même construit par des gamins. Peter Thiel et Elon Musk n’étaient jamais que des gamins lorsqu’ils ont fondé PayPal, et posé les bases de la finance du futur. Le même Elon Musk n’était jamais qu’un gamin lorsqu’il a développé Tesla et affronté presque seul, l’empire – que l’on croyait à l’époque – indestructible du pétrole. De même, lorsque la première fusée récupérable de l’histoire – conçue encore une fois par des gamins – atterrissait sur une plateforme de mer, les vieux ingénieurs de chez Boeing riaient à gorge déployée (avant que la fusée ne se pose intacte). Aujourd’hui, ces derniers ne sont pas encore en mesure d’envoyer quoique ce soit dans l’espace, alors que SpaceX envoie régulièrement des astronautes à bord de l’ISS à bord de vols commerciaux. Mark Zuckerberg n’était ni plus ni moins qu’un gamin quand il a révolutionné le monde des télécoms. Larry Page et Sergey Brin n’étaient que des gamins lorsqu’ils ont fondé Google et que dire encore de Steve Jobs, de Bill Gates ou de Jeff Bezos ?

Une cinquième révolution industrielle qui arrive à grands pas…

Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui à été construit – sans pour cela être dirigé – par une nouvelle génération qui ne se satisfait plus de ce qu’on lui donne et qui est prête à renverser la table pour avoir ce qu’elle veut. Soit une indépendance presque complète…

Depuis quelques années, les rapports humains ont changé considérablement et la mutation ne fait d’ailleurs que commencer. Nous sommes prêts – aujourd’hui – à vivre avec des robots, et ce même dans notre intimité. Les capacités intellectuelles et physiques de l’être humain vont être dans l’avenir décuplées, pour atteindre des sommets jamais atteints. D’un côté l’Intelligence Artificielle – forte – nous assistera de très prêt dans notre vie et d’un autre côté, notre cerveau recevra des implants qui feront grimper notre QI vers des sommets jamais atteints dans l’histoire. Les exosquelettes, la bioniques et les bio/nanotechnologies repousseront toujours un plus plus l’espérance de vie jusqu’à même peut être, éradiquer toutes les maladies dont l’homme souffre depuis son apparition sur terre. Enfin, nous allons pouvoir vivre dans des lieux extraterrestres et nous débarrasser de notre dépendance à la terre…

Ni Platon, ni Socrate n’y aurait compris quoique ce soit et il est difficile de penser que nous pourrions comprendre quelque chose en nous rattachant à la pensée d’hommes qui ont vécu il y a deux siècles et demi d’ici. N’est-il pas grand temps – à l’heure où l’homme ne sera plus jamais ce qu’il a été – d’adopter de nouvelles références pour penser ?

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