Nous vivons aujourd’hui dans une phase de transition entre deux ères : celle de l’industrie passée et celle du numérique à venir. L’ancienne tente tout ce qu’elle peut pour rester à sa place et la nouvelle poursuit naturellement sa progression en trouvant des solutions aux problèmes générés naturellement par l’ancienne.
Dans ce contexte il est très difficile de comprendre le monde en ayant une vision de la politique et de l’économique similaire à celle que nous avions lors de l’ère industrielle… Il nous faut désormais oublier cette ligne droite sur lesquels les partis politiques et leurs alliés économiques se situaient et avoir désormais une vision beaucoup plus verticale de la situation économico-politique qui est en train de se mettre en place. Un comble en effet lorsque l’on parle aujourd’hui d’une gestion latérale et non plus pyramidale ou verticale des administrations publiques ou privées.
En réalité, plusieurs éléments incitent à percevoir le monde d’une manière très différente aujourd’hui…
Le premier réside tout d’abord dans l’incapacité de mettre clairement en place une politique de gauche ou de droite de manière solide. On peut certainement s’en réjouir, mais force est de constater que depuis la fin du XIX°siècle (exception faites des années 1930 et 1940, en Europe en ce qui concerne l’Occident), le paysage politique s’est tout simplement partagé entre un régime socialo-capitaliste ou soit libéralo-socialiste. Rien de plus néanmoins qu’un centre qui refusait d’accepter son statut… De nombreux dirigeants socialistes n’ont eu effectivement de choix que de se plier aux règles du marché car très vite au delà des grandes utopies, la réalité du terrain faisait très vite surface. François Hollande en a fait les frais avec sa promesse électorale phare lors des présidentielles de 2012, taxer les riches à 75%… Il en fut de même concernant les gouvernants de droite qui n’ont jamais pu réellement mettre en place leurs politiques parce que à chaque mesure prise, la crainte de voir défiler dans les rues des dizaines de milliers de personnes était plus forte que la volonté de mettre des véritables mesures de réforme en place.
Il faut se rendre à l’évidence, la gauche et la droite si elle ont un jour existé, sont mortes depuis très longtemps…
N°2 : L’ère numérique…
Le second élément qui nous entraîne à voir les choses sous un angle différent est l’ère numérique elle-même. Internet nous a offert une quatrième dimension dans laquelle les lois physiques n’ont plus aucun pouvoir sur notre monde. La dématérialisation et l’immobilité, ces deux cadeaux suprêmes que nous offrent l’Internet changent complètement les règles de l’économie dictée par la seconde révolution industrielle.
Plus la technologie avance, plus le noyau central de la politique, composé de la droite, de la gauche, des modérés, mais aussi des lobbies représentants les industriels ou les agriculteurs est mis au pied du mur. La technologie représentée en grande partie par les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) et les NATU (Netflix, AirBnB, Tesla, Uber) démontre tous les jours sa capacité inébranlable à fournir aux individus ce que leurs représentants politiques (et les grands groupes industriels) prétendent pouvoir offrir aux populations la veille des élections : le pouvoir d’achat et par extension l’éradication de la pauvreté, l’accès aux soins de santé, la sécurité, l’accès à la meilleure éducation possible, l’accès à l’emploi, la perspective d’un monde agréable pour les générations futures ainsi qu’une planète plus propre.
Si l’on s’attarde sur cette courte liste, il faut bien admettre que le vieux couple État/Industrie a grande peine à assumer sur tous les plans…
Et trop de promesses ont été faites aujourd’hui. Tantôt on donne sa chance à la droite, la droite échoue, tantôt on vote à gauche. Et si la gauche échoue on vote pour le centre…
Et que se passe t’il si le centre échoue ?
On est tenté d’aller vers le populisme (qu’il soit de gauche ou de droite). C’est ce qui s’est passé aux États-Unis et en Angleterre avec l’élection de Donald Trump aux États-Unis et avec le Brexit au Royaume-Uni en 2016. Et quel sera le constat à la fin de la vague populiste au pouvoir dans ces régions aujourd’hui ? Probablement le même qu’il le fut avec les politiques de droite, de gauche et centristes… une déception générale !
Nous avons donc aujourd’hui (et cela dure depuis longtemps) un centre dans lequel s’articule toutes les tendances : gauche, droite, centristes, écologistes (dans l’engagement politique), populistes (car on parle de moins en moins d’extrêmes), lobbies, climatosceptiques et rationalistes. Chacun se débattant dans ce noyaux dur pour faire sa place et surtout ne pas en sortir.
Et la population en prend progressivement conscience… Le fait que ce sont les lobbies qui dirigent la politique – donc le monde – n’est plus un secret pour personne.
Dans un tel contexte, vers quoi se retourner lorsque l’on a épuisé toutes les voies ?
Le Boom collapsologue…
Initiée par les hippies dans les années 60, réapparue dans les années 1990, généralisée dans la première décennie du siècle, renforcée après la crise de 2008 et imposées aux autorités et aux industriels dans la dernière partie de la décennie 2010, la conscience environnementale à pris ces dernières années des proportions hors du comment. Cette conscience s’est installée chez des centaines de millions de particuliers en occident à un point tel que beaucoup d’entre nous, même sans adhésion à une formation politique écologiste, pouvons tous dire s’en trop nous avancer que nous sommes tous un peu écolo. La surinformation dont nous bénéficions aujourd’hui accentue en permanence les mauvaises nouvelles par rapport au changement climatique. Nous en avons eu un excellent exemple lors de l’été 2019 : incendies intensifs en Amazonie et en Afrique et plus grave encore en Arctique, milliers d’espèces vivantes menacées de disparition, glaciers qui disparaissent, records de chaleurs atteints dans toutes les régions du monde, des dizaines de milliers d’animaux et d’oiseaux retrouvés morts de fin, des ours polaires mangeant dans les poubelles en Russie et surtout, surtout la disparition massive des insectes…
Le sentiments de devoir faire quelque chose face à cette catastrophe écologique est entré chez beaucoup d’entre nous et nous nous sommes désormais engagés à consommer de manière intelligente et non plus en fermant les yeux sur une surconsommation suicidaire. Et cela porte ses fruits car nous avons même le pouvoir de mettre à genoux des grands groupes industriels, pourtant économiquement très puissants. Et c’est une très bonne chose. Mais cette situation entraîne deux problèmes majeurs : l’un est d’ordre économique car il entraîne une baisse des activités commerciales : on voit en effet émerger un rempart rationaliste (principalement venant de la droite et des industriels) qui voit, à juste titre d’un mauvais œil un ralentissement de la croissance. L’autre problème vient de l’apparition d’un bloc dur d’écologistes, qui s’oriente vers l’extrême en prônant tout simplement…la fin du monde. Un monde dans lequel l’eau courante, l’électricité et Internet n’existera plus. Un monde dans lequel nous devrons lutter pour notre subsistance. Un monde dans lequel nous ne pourrons plus avoir d’enfants car les ressources devront être partagées entre tous les habitants de la terre. On retrouve chez ces collapsologues des fantasmes liés profondément à l’extrême gauche (on peut citer notamment la disparition absolue du capitalisme). Toutefois, ce qui les différencie de cette dernière est un délaissement des pouvoirs politiques, qui au contraire dans l’extrême gauche oriente traditionnellement les pouvoirs de l’État vers son paroxysme et réduit de manière tout à fait conséquente ceux de l’individu. Il s’agit bien de ce fait d’une sorte d’anarchisme puisque nous allons selon eux vivre dans un contexte ou l’individu se retrouve seul ou en petit groupe (comme la famille par exemple) et lutte pour sa survie en essayant de vivre le plus possible en accord avec la nature. Une sorte de Walking Dead, dans lequel les zombies sont des êtres vivants. En d’autre termes, la technologie va faire exploser la planète donc il faut absolument l’abandonner sinon c’est la fin !
Un nouveau type d’écologiste est donc né : le collapsologue.
Ce dernier n’a rien à voir avec une Greta Thunberg qui milite pour plus de responsabilités de la part des politiques et des industriels entre autres choses, en matière de réchauffement climatique. Car de ce côté on se bat et de l’autre, on capitule en se laissant aller aux phantasmes les plus délirants. Nous avons donc un camp qui s’oriente vers les mêmes tendances vertes, mais sans se situer dans une extrême comme on peut la voir chez les collapsologues.
Ces deux catégories se situent donc dans la partie inférieure de notre ligne verticale…
Dans la partie supérieure du schéma ci-dessus se trouvent le clan des techno-optimistes…
On retrouve en première ligne d’opposition face au noyau dur central, les entreprises technologiques, ceux qui y travaillent et ceux qui croient que celles-ci pourront définitivement trouver une solution à tous les problèmes du monde. Tout en haut se trouvent les transhumanistes, ceux qui comme les collapsologues ont capitulés devant une fatalité : de toute façon nous n’avons pas le choix, la machine devra inévitablement fusionner avec l’être vivant biologique.
En quelque sorte, nous retrouvons dans ce nouveau schéma, comme ce fut le cas dans le paysage politique du XX°siècle, deux extrêmes et deux camps plus modérés. Mais une chose est certaine, c’est que dans un camp ou l’autre, on ne croit plus vraiment à l’efficacité d’un noyau dur, peut être un peu trop préoccupé par ses propres intérêts, plutôt que par ceux qui concernent les populations.
Voici donc une autre façon de percevoir le monde et les grandes tendances qui se dessinent à l’aube de cette troisième décennie du XXI°siècle…
Est-ce la plus complète ?
L’avenir nous le dira, mais toujours est-t-il que de nombreux indicateurs nous montrent que nous allons droit dans cette direction…
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Crédits photographiques pour l’illustration en tête de page : By EU2017EE Estonian Presidency – Toomas Tõniste and Bruno Le Maire, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=62661727