Je vous parlais il y a quelques jours à peine des problèmes entre Facebook et l’administration australienne…
Les médias australiens font en effet pression sur les autorités de leur pays pour essayer de contrer l’avancée progressive de Facebook sur leur propre terrain de chasse. Facebook, il y a encore à peine une semaine, avait suspendu tous les partages d’articles provenant d’éditeurs de presse. Les choses s’étaient néanmoins un tant soit peu améliorées en début de semaine.
Ne soyons pas pour autant dupes, il faut savoir qu’à chaque friction entre un pan de l’économie traditionnelle et une entreprise technologique – surtout quand le gouvernement intervient – il y a clairement quelque chose à redouter en amont et cette chose n’est ni plus, ni moins ici que… Facebook News.
Facebook News qui arrive aussi en Grande Bretagne et en France et tout semble démontrer que le californien montre patte blanche sur le territoire européen car il a compris que le sujet est on ne peut plus sensible.
Facebook “ne résoudra pas tous les soucis que peuvent rencontrer les éditeurs de presse. Ou apaiser les tensions que les réseaux sociaux ont su provoquer avec l’industrie de la presse. Mais [le service] devrait permettre de donner plus de visibilité aux éditeurs et donc d’aider au maintien d’activité dans le secteur de la presse locale et nationale”.
Bref Facebook News est en train de faire trembler les acteurs traditionnels – ce n’est pas nouveau quand les grosses plateformes lancent un nouveau service – mais dans quelles mesures ?
La première question que l’on devrait se poser est avant tout de savoir pourquoi les GAFAM s’intéressent tellement à la diffusion des actualités…
J’avais par ailleurs été intrigué sur le sujet lors de la sortie d’Apple One. Car Apple News figurait aussi dans l’offre des nouveaux services de la firme à la pomme. Si toutefois le programme sportif et de remise en forme d’Apple pourrait surprendre, l’information est néanmoins un domaine dans lequel de nouvelles places sont difficiles à prendre.
Revenons donc aux propos du porte-parole de Facebook, cités plus haut…
“…devrait permettre de donner plus de visibilité aux éditeurs et donc d’aider au maintien d’activité dans le secteur de la presse locale et nationale”
Vous vous souvenez peut-être du contexte dans lequel le streaming à mis à terre le marché du CD, puis du DVD et ensuite du jeu vidéo ?
C’était bien entendu la lutte contre la piraterie, mais aussi un pouvoir d’achat qui baissait très largement dans une époque dans laquelle le monde était plongé dans une répression économique (l’après 2008). C’était enfin un ennemi de taille qui avait réussi à retourner l’innovation (le MP3) pour lui… Apple et son IPod. Apple et son ITunes qui cassait littéralement la tyrannie du CD et qui opérait en quelques sortes un retour en arrière en offrant la possibilité d’acheter un morceau unique à la fois. Exactement comme on le faisait à partir des années 1910 avec les Juke Boxes.
Même si les producteurs trouvaient moins leurs comptes dans ce nouveau type de distribution, ce dernier leur assurait une structure fiable et surtout sans mauvaises surprises. Tout le monde s’y retrouvait, surtout le consommateur qui voyait dans ces systèmes son pouvoir d’achat très largement augmenté.
Google (peut-être via YouTube), Apple, Facebook, Amazon et Microsoft…
Voici les cinq futures plateformes de streaming de l’info !
Comment vont s’opérer les coopérations entre les différentes parties ?
Le gouvernement australien et la diplomatie de Facebook (voir plus haut) peuvent déjà nous donner un aperçu très léger sur la manière dont les choses pourraient se passer. Facebook (et les autres) pourraient rémunérer les médias de presse via des abonnements similaires à ceux proposés par Spotify ou Netflix.
Apple opère déjà notamment de cette manière à l’heure actuelle.
Mais il ne faut pas oublier que l’information diffusée aujourd’hui est en grande partie gratuite. Si vous avez Internet, vous pouvez avoir accès à des dizaines de Newsletters ou de sites qui diffusent de l’information sans demander de compensations financières. Sans compter les nombreuses chaînes sur des plateformes comme YouTube qui elles aussi diffusent de l’info en direct, et tout cela pour… rien du tout !
Il semble que de toutes les manières, les médias vont progressivement substituer leur contenu aux grandes plateformes comme ce fut le cas avec les industries musicales et cinématographiques. Tout semble montrer que ceux-ci vont progressivement devenir des maisons de production – plus que des médias autonomes – ne possédant plus forcément leurs propres systèmes de diffusion. Demain, nous pourrons donc regarder, écouter (n’oublions pas le podcast) ou lire leurs contenus au travers des grandes plateformes technologiques comme celles des GAFAM.
Devrons-nous payer pour avoir accès à ces contenus ?
Rien ne le montre aujourd’hui car le modèle qui semble se mettre en place est plus ou moins clair :
C’est la règle, dans le premier cas vous avez accès à une version gratuite, mais il vous faut subir la publicité générée par des entreprises commerciales, ou être tracé(e) via vos données personnelles. Dans le second cas, si vous payez pour une version premium, vous pouvez avoir accès à un abonnement sans publicité (ce qui ne veut pas dire que vous ne devrez pas ouvrir l’accès à vos données).
Je vous laisse sur cette dernière interrogation, n’y aurait-il donc pas des possibilités intermédiaires entre ces systèmes – des possibilités qui arrangent vraiment le consommateur – voire même des possibilités que nous n’ayons pas encore envisagées, comme par exemple la monétisation des données ?