On ne fait plus que de parler de métavers, de NFT ou bien encore de crypto-monnaies. Cela en deviendrait presque d’ailleurs lassant. Pourtant, malgré tout, lorsque l’un des piliers de l’économie numérique emboîte le pas à Facebook, sur le marché très lucratif de la visioconférence – avec son propre espace immersif – il est impossible de ne pas soulever des interrogations…
Vers quoi allons-nous ?
Nous le savons tous, Microsoft n’est plus vraiment un innovateur. L’entreprise fondée par Bill Gates et par Paul Allen en 1975 se contente principalement aujourd’hui de rester à la page et d’offrir des produits et des services là où ses quatre autres plus gros concurrents américains se positionnent. Une stratégie qui paye plutôt bien puisque l’entreprise arrive juste derrière Apple en termes de capitalisation boursière. C’est très clair, quand la marque à la pomme prend des risques en termes d’innovation, Microsoft n’en prend pas du tout. Pourtant ce pilier solide de l’économie numérique continue à enregistrer certains succès. Son service de visio conférences Teams, s’est naturellement imposé pendant le confinement reléguant une des entreprises les plus prometteuses dans le domaine – Zoom – dans les oubliettes. Logique néanmoins, puisque Microsoft Office reste la suite administrative informatique la plus utilisée dans le monde. Se maintenir à flot semble donc être le mot d’ordre de Satya Nadella (le CEO de Microsoft). On ne pouvait donc pas douter d’une réaction qui abonde dans ce sens après la dernière annonce choc de Facebook. Microsoft va profiter de sa position de leader sur le marché pour développer son propre Métavers. Mais les promesses sont néanmoins un peu moins ambitieuses que celles faites par Mark Zuckerberg récemment, et il semble qu’au travers de ce métavers, le géant de Seattle veuille rester concentré sur les réunions d’entreprises…
Un Facebook largement plus ambitieux…
Les réunions d’entreprises, Facebook y a pensé aussi, mais The Zuck imagine des horizons bien plus lointains qui, lorsque l’on s’y attarde, font même penser que nous vivrons à l’avenir dans un monde plus largement virtuel que physique. En fonction de cette logique, notre vie basculerait dans le métavers comme notre matérialisme à basculé dans la numérisation, il y a un peu plus de dix ans d’ici. On peut donc se demander comment nous pourrions vivre et travailler demain, avec tous ces espaces immersifs ?
La seconde question qui se pose est celle liée à la nécessité de posséder un avatar qui interagit avec les autres avatars… Ne pourrions-nous pas en effet directement intervenir tels que nous sommes dans ces espaces immersifs ? Exactement comme nous le faisons avec la visio conférence. Facebook comme Microsoft semblent par ailleurs concentrer leurs attention sur le côté ludique, distractif et agréable des futures réunions virtuelles. Dans la vision de Facebook, votre avatar pourrait être une licorne, une réplique de vous-même ou bien encore un super héros. Quel en est le véritable sens, dans un contexte de travail (très sérieux) ? Les deux entreprises ne risquent-elles pas de répéter les différentes erreurs faites par des sites comme Second Life en voulant recréer un monde existant et en y vendant des produits virtuels ? Il faut être honnête, un monde qui n’a une existence que pour vous vendre des produits virtuels, n’a pas vraiment de sens, même s’il fait rentrer de l’argent dans les caisses d’une entreprise ou d’une administration. Si par contre ce monde apporte véritablement quelque chose à l’individu, alors dans ces conditions, tout est différent. A quoi cela rime t-il de vous vendre une maison virtuelle, très bon marché, si vous vivez dans la misère dans la vie réelle. En revanche, si vous avez la possibilité de travailler dans un monde immersif alors que vous n’en aviez pas la possibilité dans le monde réel, pourquoi pas ? Oui, il est clair que dans le cas où votre vie vous paraît insignifiante et que vous voulez vivre des grandes aventures au travers de votre avatar, vous allez peut-être pouvoir substituer votre vie réelle en vous contentant de très peu de choses physiques. Juste de quoi survivre et faire vivre votre personnage. Dans tous les cas, il s’agit ici d’un nouveau pas vers la singularité et le transhumanisme. Nous pourrions nous contenter de satisfaire nos besoins primaires – manger, boire, dormir, s’abriter, satisfaire nos besoins en termes de chaud ou de froid – et vivre dans un monde recréé exactement à la perfection, mais qu’elle en serait véritablement l’utilité ?
Aucune, et ces métavers seraient tout simplement destinés à tomber dans l’oubli, car ils n’apporteront aucun sens réel à ce que nous faisons. C’est ce qui est d’ailleurs arrivé à Second Life à peut être une différence près, celle que votre avatar – dans la vision de Facebook et de Microsoft – vous représente vous, et non pas une personne que vous n’êtes pas.
La porte est ouverte aux autres…
Mark Zuckerberg est néanmoins très loin d’être naïf. Il a le nez fin et lorsqu’il se lance dans une aventure de ce genre, tout est très largement analysé en amont. Même si les choses sont relativement abstraites pour le moment et que finalement le seul véritable exemple de métavers que nous avons aujourd’hui se résume à certaines plateformes de jeux vidéo, nous n’en sommes jamais qu’au début d’une grande aventure qui pourrait être – si du moins elle apportait un véritable sens dans la vie des gens – une véritable nouvelle révolution, tout comme Facebook le fut en 2007.
Le moment est donc venu de savoir qui va jouer dans la cour des grands dans le courant des prochains mois et en quoi ces différents acteurs apporteront quelque chose de plus au monde.
Une chose est certaine, c’est que Google va être de la partie – du fait que l’entreprise est très largement compétitive en termes d’espace de travail à distance. Google est en ce sens la mieux placée, mais semble avoir – une fois pour changer – raté le futur. Du moins pour le moment. Apple semble par contre avoir emprunté un autre créneau et on voit difficilement l’entreprise se lancer dans ce type d’aventure, du moins dans un court terme. On sait que des lunettes de réalité augmentée sont aussi sur le point de voir le jour, mais même si l’entreprise considère que ces dernières pourraient faire disparaître un jour le smartphone, Apple semble être loin des univers de travail numériques. Attention cependant, on sait qu’Apple est talentueuse pour revisiter des domaines existants et en faire des produits de luxe. Ce qui veut dire que rien n’est déterminé pour l’instant et les espaces de travail d’Apple pourraient très largement devenir dans l’avenir des espaces de luxe dans lesquels les possibilités de travail seraient très prolifiques. L’entreprise n’en serait pas à sa première tentative de rupture sur un marché à peine émergeant.
Amazon quant à elle semble avoir des préoccupations très différentes de celles que pourraient avoir ses sœurs ennemies. Bien entendu, on pourrait s’attendre à avoir une nouvelle génération de produits virtuels vendus sur sa Market Place, mais rien ne dit que les plateformes qui développent en ce moment leurs propres métavers, ne vont pas elles aussi prendre une place importante dans le domaine de la vente en ligne. Bref tout le monde l’aura compris, rien n’est évident et le futur est toujours un peu plus incertain…