Berlin veut la nationalisation des logements… Allons-nous perdre le seul pôle​ technologique européen ?

Dimanche 26 septembre 2021 : Les berlinois sont invités à participer à un référendum sur une nationalisation partielle des logements de la ville. Il s’agit de racheter 240.000 logements – tout de même – pour éviter ainsi les fluctuations des prix du marché immobilier. La réponse des habitants n’est pas surprenante : 56% ont voté favorablement…

Un problème récurrent dans les pôles technologiques…

Comme dans toutes les régions qui se développent très fortement économiquement (et technologiquement) dans le monde, les prix de l’immobilier sont très élevés. C’est davantage le cas pour les pôles technologiques, car ce sont des régions qui attirent une quantité non négligeable de gros salaires. C’est le cas d’ailleurs de la Silicon Valley qui à déjà été témoin d’une crise entre les grandes entreprises technologiques et les habitants de San Francisco. Il y a quelques semaines, nous évoquions aussi les problèmes de désertion de nombreux employés au sein d’Apple. La direction (notamment Tim Cook en personne) affichant un manque de souplesse total sur le retour en présentiel à 100%. Résultat des courses, ce sont des dizaines d’employés qui s’en vont chez Google ou repartent travailler dans leurs anciens postes, notamment dans les Universités. Google qui au passage accepte le télétravail, mais avec des diminutions de salaire. Ce qui entraîne les employés à malgré tout faire tous les matins, deux heures de route pour aller au travail et ce dans le but de ne pas perdre de l’argent.

Berlin étant un pôle technologique important, il est donc normal qu’elle n’échappe pas à la règle. Si il est néanmoins impossible qu’une nationalisation, même partielle – quoiqu’avec les démocrates californiens, il faut s’attendre à tout – n’arrive à San Francisco, en Europe c’est une autre affaire. Notons cependant que ce référendum, n’à pas de valeur juridique, mais il se pourrait bien qu’un politicien en mal de popularité s’empare de l’affaire pour se faire élire. 

Une initiative inquiétante…

Si l’idée peut paraître séduisante, elle révèle néanmoins une démarche complètement antinomique par rapport aux besoins de base pour le développement d’un pôle technologique : La souplesse de l’administration, une fiscalité avantageuse, une ouverture d’esprit envers la technologie et enfin les infrastructures d’accueil des grosses entreprises et des startups. Elon Musk, a d’ailleurs choisi Berlin pour installer une Gigafactory européenne. Mais cette tentative de régulation du marché pourrait entraîner une dynamique de la part de l’administration qui entraverait la fantastique ascension techno-économique de la ville. Il s’agirait entre autres choses d’un endettement colossal et ce type d’endettement n’est jamais bon pour la salubrité financière d’une ville qui se porte pourtant économiquement plus que bien. 

A cela, il faut ajouter la dimension même et l’ampleur idéologique que signifie une nationalisation. Quand l’Etat reprend la main sur ce qui appartient à des privés, cela signifie que les choses dérappent des deux côtés. Il est vrai, de plus, que nous commençons doucement à nous habituer à l’interventionnisme de l’Etat. Rien que sur les vingt dernières années, nous avons dû faire face à deux crises majeures – et c’est sans compter les dizaines d’attentats terroristes que nous avons subis – qui ont nécessité son intervention. Il faut être honnête, sans cela le monde s’écroulait. Il est donc logique que peu à peu, nous nous habituions à l’idée de pouvoir compter sur l’administration pour résoudre le problème récurrent de la hausse des prix de l’immobilier, et de fait le problème de l’accès au logement pour les bas salaires. 

Néanmoins, n’y a t-il pas une autre voie à suivre que celle d’une nationalisation qui pourrait tuer dans l’œuf le moteur technologique européen ? Moteur qui pourrait d’autant plus être la solution à ce même problème, à la place d’être son générateur potentiel…

Et si le problème, c’était la centralisation ?

Un problème, c’est 100 opportunités différentes de gagner de l’argent… Soit en en tirant directement profit – et rien ne nous dit ici, que la démarche de la ville de Berlin trouve sa source dans la postérité et de ce fait que les prix pourraient rester stables – soit en créant une structure pour régler le problème et par ce biais générer des rentrées d’argent. Nous allons laisser ceux qui appartiennent à la première catégorie de faire preuve de créativité à leur manière pour nous pencher sur la seconde :

Tout d’abord, nous l’avons vu plus haut, l’éloignement est aujourd’hui une option on ne peut plus viable puisque l’on peut toujours télétravailler. Faire deux heures de route pour se rendre au travail une à deux fois par semaine n’est pas forcément écrasant et le jeu en vaut la chandelle. Même si le télétravail engendre lui aussi des problèmes. Microsoft vient d’ailleurs de publier une étude réalisée en interne au travers de 60.000 de ses employés, et il est vrai que les comportement sont différents en télétravail et nécessitent eux-mêmes des ajustements. Néanmoins, il reste une splendide opportunité de changer nos habitudes et de ce fait de changer le monde. 

Partons du constat qu’une entreprise peut très largement fonctionner et se développer (si du moins les infrastructures technologiques sont accessibles) avec un seul jour de travail en présentiel sur la semaine. Ce contact direct avec l’entreprise est indispensable (et c’est un minimum) pour éliminer des sentiments négatifs comme par exemple l’effet d’éloignement. Rappelons qu’à Berlin, nous explorons un contexte de pôle technologique où les ingénieurs et les Data Scientist devraient être plus nombreux que les ouvriers d’usine à la fin de la décennie. Alors, si un employé habite à deux heures de route de son travail, comme nous l’avons dit, la contrainte est entièrement gérable. Si par contre il lui faut 5 heures pour s’y rendre, on peut se douter que cela lui poserait un réel problème et on ne pourrait pas lui en vouloir pour cela…

L’idée qui émerge ici, est qu’il serait peut être intéressant, voire même envisageable de décentraliser l’entreprise et de redessiner la carte des points de rencontre entre collaborateurs. Si 10 collaborateurs habitent à 5 heures de route de leur travail, ne serait-il pas possible d’établir un point de contact (même éphémère ou en location partagée) à mi-chemin, afin que ces derniers puissent passer une journée ensemble sur la semaine ? Les entreprises consacrent des fortunes à des activités de Team Building, alors que cette seule journée pourrait être en elle-même ce fameux graal tant recherché pour souder une équipe. Un tel système permettrait néanmoins au personnel des entreprises ou des administrations qui doivent impérativement se rendre sur leur lieu de travail, d’avoir accès à des logements locaux. Ceux qui font augmenter les prix – qui peuvent se permettre de travailler à distance – restent éloignés et forment, même – pourquoi pas – des communautés dans des zones géographiques précises (peut-être en prenant le risque de perpétuer la problématique des hausses de loyer). 

Les idées, nous ne devons pas en manquer. Les solutions existent sans devoir véritablement passer par des extrêmes comme celui d’une nationalisation – aussi partielle soit-elle – qui pourrait bien nous priver du seul pôle technologique dont l’Union Européenne dispose maintenant que nous avons perdu Londres. Cette idée de nationalisation reste néanmoins un comble, quand on sait qu’après la réunification, il y a à peine 30 ans d’ici, 200.000 logements avaient été privatisés à une époque où rien n’allait vraiment. Aujourd’hui on veut nationaliser quand tout va vraiment bien. 

Cherchez l’erreur…

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