L’entrée en bourse de Rivian est un succès et pendant ce temps, Amazon devient le bon élève français…

Que dire d’un très petit constructeur automobile – n’ayant jamais vendu un seul véhicule – qui lors de son entrée en bourse devient une entreprise qui a autant de valeur que les acteurs historiques américains que sont Ford ou General Motors ? Que dire à ceux qui, depuis plusieurs années, tirent à boulet rouge sur l’entreprise de Jeff Bezos et qui voient Amazon devenir finalement ce que beaucoup attendaient d’elle ? 

Quand une entreprise décolle en bourse, alors qu’elle n’a encore rien vendu…

Vu sous cet angle, certains diront que rien ne va plus dans le monde et d’autres voient dans les choses folles qui peuvent s’y passer, une excellente opportunité d’y faire sa place. Parmis ces choses folles, il y a bien entendu des milliardaires (très largement critiqués par les écologistes) qui s’offrent des voyages dans l’espace et il y a aussi (entres autres) les valorisations boursières hallucinantes qu’atteignent certaines entreprises technologiques…

Apple va bientôt atteindre une valorisation historique de… 3.000 milliards de dollars. Microsoft et Google valent presque aujourd’hui 2.000 milliards de dollars pour chacune d’elles. Tesla vient de dépasser le cap des 1.000 milliards – alors qu’il y a à peine deux ans d’ici, on pariait encore sur sa faillite – et Rivian, un parfait inconnu, à atteint les 106 milliards de dollars, dès son introduction en bourse. Un coup de bluff pour une entreprise qui a développé un simple Pick-Up électrique et s’est même permis de détrôner Tesla et Ford sur ce marché. Rappelons le, sans avoir livré un seul véhicule à ses clients (en dehors de quelques-uns à son personnel). 

​Mais il faut rappeler aussi qu’une valorisation boursière, c’est avant tout un indice de confiance que le marché attribue aux entreprises et pour atteindre ce record, Rivian devait avoir une carte importante à jouer et non la moindre. Amazon est en effet derrière l’entreprise : En 2019, elle y a injecté 700 millions de dollars. Elle a ensuite promis d’en acheter 5 milliards en action lors de l’introduction en bourse. Enfin Amazon c’est aussi une commande de 100.000 véhicules de livraison électriques pour son service Amazon Prime sur les dix prochaines années. Et tout cela, c’est Rivian qui va les construire. Rien d’étonnant donc, à ce que le marché lui soit clairement favorable. 

Beaucoup peuvent penser qu’Amazon est loin d’être​ un ange, mais en tout cas, en ce qui concerne Rivian, l’entreprise de Jeff Bezos apparaît quant à elle comme un super protecteur​.

Amazon devient un bon élève français et qui l‘aurait cru ?

Jusqu’ici Amazon était considéré en France, comme un sale gamin qui n’en faisait qu’à sa tête. Il faut bien dire que c’était vrai et c’est ce qui fait d’ailleurs tout le charme des GAFAM. Il semble toutefois qu’à force de se faire taper sur les doigts, le géant de la distribution américain est devenu – en France du moins – un bon petit mouton qui suit le troupeau. 

Voyons les chiffres…

Amazon c’est d’abord un investisseur important sur le territoire avec – sur 10 ans – 11 milliards d’euros injectés en France. C’est ensuite un employeur et pas n’importe lequel, car il emploie sur place 14.500 personnes. Amazon paye même​ des impôts (600 millions d’euros) – n’en déplaise à ses critiques – malgré les mécanismes financiers que l’entreprise a mis sur pied pour en payer le moins possible. ​​Elle suit aussi une feuille de route qui l’entraînera, à partir de 2025, à ce que 100% de ses activités soient gérées uniquement avec des énergies renouvelables. Elle a aussi introduit des vélos cargo électriques pour des livraisons en ville et lancé un programme de formation (notamment orienté vers des jeunes défavorisés) d’ingénieurs, Amazon Future Engineer qui en à peine un an a accueilli plusieurs milliers de participants. Ce n’est pas si mal et cela, il faudrait d’ailleurs le rappeler aux anti-amazoniens

Certes Amazon continue d’imposer des exigences de travail purement américaines à ses employés français et il est vrai que celles-ci ne correspondent pas vraiment à l’esprit syndical du pays. Mais elle montre qu’elle peut aussi s’adapter au terrain et qu’elle est prête à s’en donner les moyens nécessaires. Rappelons aussi que souvent ses opposants lui reprochent de détruire des petits commerces. Faut-il néanmoins rappeler que bien avant qu’Amazon n’arrive sur le marché, les centres villes voyaient les petits commerces aller et venir de manière permanente. Certains fonctionnent, d’autres non. C’est comme cela que les choses ont été et c’est probablement comme cela qu’elles resteront. Néanmoins il faut aussi souligner que sa Marketplace profite aussi aux petites entreprises, comme aux grandes. Celles-ci disposent désormais d’une plateforme efficace pour pouvoir vendre leurs produits. Du côté des auteurs, ce sont aussi​ les essayistes qui peuvent y trouver une plateforme importante pour y vendre leurs livres. Livres qui parfois ne trouvent jamais preneurs chez des éditeurs…

On ne fait jamais vraiment les choses pour rien… 

Bien entendu, les mauvaises langues vont peut-être​ dire que tout cela n’est pas fait avec les meilleures intentions. C’est vrai, on ne mène pas une politique (commerciale) de cette ampleur sans vouloir en retirer des bénéfices. Amazon doit plaire à la plus grande partie de la population si elle veut vendre ses produits et ses services. Si sa réputation est mauvaise, cela ne fera pas ses affaires. Il est donc important qu’elle se positionne le mieux possible sur les points qui lui sont reprochés (pollution, destruction d’emplois et de petits commerces, manque de vision durable en termes d’écologie et bien entendu… la fiscalité). De même que le besoin croissant d’ingénieurs nécessite l’intervention des GAFAM dans la formation de ceux-ci, car tôt ou tard les pénuries de matière grise vont se faire sentir. Enfin, jouer le rôle du bon élève en matière de fiscalité lui évite aussi de nombreux ennuis avec la justice. Peut-être Amazon joue t’il la carte de la discrétion comme le fait Microsoft ? Laissant à ses trois autres concurrents principaux (du moins idéologiquement), le soin de rester en première ligne face aux voraces autorités françaises. Il faut dire aussi que contrairement à ceux-ci, elle a un besoin cruel d’infrastructures physiques. Donc elle dépend pour cela des autorisations administratives municipales, départementales ou nationales. Elle a donc intérêt à montre​r patte blanche si elle veut se développer sur le territoire. C’est un retournement de situation assez surprenant, surtout quand on pense aux frictions qui ont eu lieu entre les deux entités pendant le confinement de 2020. L’État français avait alors imposé – sous la pression des syndicats – ​des exigences insoutenables pour Amazon. L’entreprise a donc fait le choix de fermer ses entrepôts français et de continuer de livrer ses marchandises à partir de sites déployés dans les pays voisins, pour desservir le territoire français. Autant dire que la pilule a été difficile à faire passer dans les hautes sphères politiques.

Néanmoins, il semble qu’Amazon soit devenu un bon élève français et cela contraste fortement avec l’esprit libertarien de son fondateur. Comme quoi, tout arrive… 

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