Le nucléaire et le gaz, toujours le nucléaire et le gaz…
C’est un fait, nous sommes littéralement obsédés par la centralisation. C’est valable pour la production énergétique et cela l’est tout autant pour les pouvoirs politiques. Dans l’esprit général, il faut absolument tout centraliser !
Pourtant dans beaucoup de cas, une décentralisation des activités productives, administratives ou politiques est souvent plus performante qu’une structure centrale rigide…
Une centralisation désastreuse pour chacun de nous…
Les lobbies sont puissants et ont une influence décisive sur le monde. Leur impact sur nos vies serait largement moindre s’ils devaient convaincre des administrations régionales, les unes après les autres. En revanche, leur efficacité est nettement plus importante en s’attaquant directement aux élus à Bruxelles, Washington ou New York.
Tant que nous parlons des lobbies, profitons de cette occasion pour nous pencher sur les débats concernant le renouvellement des centrales nucléaires européennes par des centrales au gaz. Ces derniers semblent avoir fait par ailleurs du bon travail puisqu’ils ont même réussi à convaincre les partis écologistes européens que c’était l’unique solution pour atteindre la neutralité carbone et arriver à éradiquer le réchauffement climatique d’ici 2050. Ici encore, nous devons rappeler que si nous mettons en marche un vaste programme visant à dépendre largement d’un gaz naturel très largement centralisé sur la Russie, nous serons d’une part tôt ou tard les victimes des chantages de Moscou, et d’autre part nous n’allons résoudre en rien les impératifs écologiques que nous devons absolument nous engager à respecter. Le gaz est non seulement plus polluant en termes d’émissions que le nucléaire, mais son extraction, l’acheminement, son exploitation ainsi que sa distribution sont elles aussi des vecteurs d’émissions de C02. Abandonner l’un – ce qui nous condamnerait une fois de plus pour cinquantes années – pour adopter l’autre est donc loin d’être une idée brillante. D’autant plus que cela va aussi coûter des sommes d’argent démesurées pour le contribuable européen…
Un problème que nous devons envisager de manière différente…
Comme nous le disions ci-dessus, nous sommes obsédés d’une part par la centralisation de la production énergétique et d’autre part, cela nous rend tellement aveugle que cela nous empêche d’avoir de l’imagination pour trouver d’autres solutions. Il est par ailleurs sidérant de voir des bras se lever au ciel lorsque l’on ose supposer que nous pourrions augmenter la capacité de la production d’énergies renouvelables, de travailler sur les capacités de stockage de cette même énergie, de doper la recherche dans le secteur et de plus de se concentrer sur des moyens alternatifs pour produire de l’énergie. Tout cela, très largement pour des sommes largement inférieures que celles que l’on pourrait dépenser dans l’implantation des futures centrales nucléaires ou au gaz.
Pourtant, pour résoudre les impératifs écologiques futurs, il est indispensable de répondre à la question suivante :
Le véritable problème ne réside-t-il pas dans la dépendance de l’individu dans la production énergétique ?
Bien entendu, pour des lobbies, pour des administrations ou pour des opérateurs, l’indépendance énergétique individuelle signifierait pour les uns, une perte d’argent colossale, pour les autres ce retournement de situation les rendrait insignifiants et enfin pour les derniers ce serait tout simplement… la faillite. Forcément ce qui fait les affaires des uns ne fait pas du tout les affaires des autres. Pourtant, la véritable porte de sortie de ce débat qui traîne dans les hémicycles depuis trop longtemps – car plus on attend, plus l’urgence se précise – c’est bien l’indépendance énergétique de chaque individu. Sans cette indépendance, nous serons toujours les victimes de la centralisation de la production d’énergie. Notre facture de gaz augmente à cause de tensions politiques entre les pays et il en est de même avec le pétrole. Quand allons nous enfin faire preuve de bon sens et nous orienter vers une autonomie complète à l’échelle individuelle ?
Vous en voulez des idées ?
Pour atteindre l’autonomie complète, il faut avant tout se concentrer sur quatre choses :
Tout d’abord, concentrons nous sur le développement massif des énergies renouvelables. Ce développement concerne tant les grosses infrastructures que les petites. Il faut donc donner aux plus petits les moyens de développer celles-ci et cela comprend aussi le stockage de l’énergie produite. Ensuite, il faut se concentrer sur l’optimisation de ces infrastructures d’énergies renouvelables. Les éoliennes d’il y a 20 ans, ne sont pas aussi performantes que celles qui sont implantées aujourd’hui. Il n’y a donc pas de raison pour que celles que l’on va déployer dans 20 ans ne le soient pas non plus. Mais cela nécessite aussi des investissements importants dans le domaine de la recherche. Il faut aussi compter sur la consommation énergétique dont nos appareils ont besoin. N’y a t’il pas moyen de produire moins ? Comment pouvons nous rendre une batterie plus efficace en termes de chargement, de longévité ou d’usage journalier ? Comment pourrions-nous faire chuter drastiquement la consommation de ces appareils ? Ici encore, la recherche est indispensable pour en arriver à des solutions efficaces.
Enfin, il y a la production alternative de l’énergie…
Comment multiplier les mini centrales hydroélectriques à partir des courts d’eau existants. Comment développer des infrastructures de production d’électricité à partir d’appareils de fitness. Soit dans des salles professionnelles, soit dans un contexte plus particulier ? Comment rendre les appareils des plaines de jeux pour les enfants et les salles de danse efficaces en termes de production énergétique ? Comment pourriez-vous produire de l’électricité en marchant ? Comment votre habitation pourrait devenir une source de production énergétique ? Comment l’axe rotatif d’un moteur ne pourrait pas transformer son mouvement en énergie ? Cela signifierait qu’un appareil électroménager pourrait lui aussi produire de l’énergie. Comment un système d’éclairage ne pourrait-t-il pas lui aussi être autonome, voire même produire de l’électricité ? Pourquoi les quatres axes rotatifs d’une voiture ne pourraient t-ils pas être eux aussi équipés de dynamos, ultra sophistiquées pouvant recharger la batterie du véhicule et devenir de ce fait autonome. Autonome mais aussi et surtout devenir une mini centrale de production énergétique qui pourrait recharger votre habitation ?
Des dizaines de start-up sont à l’ouvrage aujourd’hui pour développer ces solutions, mais elles n’ont ni le soutien de la presse traditionnelle, ni le soutien politique nécessaire, ni l’argent à la hauteur des enjeux commerciaux et surtout sociaux que leurs projets représentent. Elles doivent donc se tourner vers les géants de la technologie et c’est peut être tant mieux finalement.
Wind Turbine Hall du Designer New Yorkais Joe Doucet est un exemple tout particulier de ce que nous pourrions développer comme capacité de production énergétique individuelle. Il s’agit d’un mur de 2,5 sur 8 mètres (bien entendu le système peut être adapté à de plus amples besoins) équipé de 25 axes rotatifs verticaux, connectés à des aéro générateurs individuels, équipés chacuns de 12 mini éoliennes à quatre panneaux. Ce dispositif peut être installé partout. Dans les villes, dans les campagnes ou encore sur les autoroutes… Multiplier ces dispositifs, associés aux sources d’énergies renouvelables plus traditionnelles (éolien et solaire individuels) pourraient faire une sérieuse différence. C’est une occasion à saisir et c’est le moment de le faire si on ne veut pas se retrouver dans une situation plus que embarrassante dans vingt ans. Bref, la nature nous fournit plus d’énergie que nous pourrions en avoir besoin. Le reste, n’est finalement qu’une question d’intelligence, de bon sens, de créativité, de volonté et surtout… d’humanisme.
