Les vieilles gloires d’hier sont souvent dépassées. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder l’avionneur américain Boeing, qui ne cesse de se battre contre des problèmes récurrents dans son secteur de prédilection. Pourquoi rien ne fonctionne pour Boeing ? L’entreprise est-elle submergée par de trop vieux ingénieurs, qui ferment les yeux sur le monde de demain ? Son conseil d’administration est-il composé de personnes trop âgées qui refusent de voir que le monde change vite ? L’entreprise éprouve-t-elle une volonté trop marquée de s’intégrer dans un siècle nouveau, tout en voulant absolument conserver les pratiques du siècle précédent ?
En réalité, c’est un savoureux cocktail que cette entreprise est en train de déguster aujourd’hui, mais elle n’est pas du tout la seule dans cette situation…
Beaucoup sombrent, mais malgré tout d’autres restent, voir même innovent…
Boeing est toutefois un cas très particulier dans l’histoire de l’industrie aérospatiale. L’entreprise possède un pied solide dans le secteur, une expérience on ne peut plus impressionnante et même des infrastructures et des moyens financiers qui pourraient lui permettre de revenir au devant de la scène, non pas pour les années à venir, mais plutôt pour les décennies à venir. Le problème est que Boeing n’arrive pas à réinventer son propre modèle… En d’autres termes, l’entreprise a peur de se tirer une balle dans le pied et c’est ici que le bas blesse. Dernièrement, nous apprenions que les mises à jour de son célèbre Jumbo Jet, une star de l’aviation civile pendant près de trente années, était encore mis à jour avec des… disquettes. Les problèmes techniques qui plombent ses récentes créations (comme le 737 Max) n’en finissent plus. Le Starliner – supposé être un modèle de transport pour les astronautes qui vont conquérir l’Univers – est, jusqu’ici, un véritable échec et l’entreprise ne semble pas vouloir offrir en terme d’aviation civile une expérience client un peu meilleure que celle qu’elle offre aujourd’hui aux passagers qui utilisent ses médiocres moyens de transport. A savoir, autre chose que des courbatures et le lot de frustrations qui vont avec. Tout cela, dans une vulgaire boîte de conserve volante qui n’a pas grand chose d’autre à offrir de nouveau, que d’insignifiantes améliorations pour des classes business que les compagnies aériennes vont vendre à des prix prohibitifs. Mais malgré tout Boeing vient de se voir offrir l’opportunité de placer quelque 150 satellites en orbite pour développer un réseau internet concurrent à celui de Starlink de SpaceX. On peut en avoir peur, car si Boeing y montre autant de zèle qu’avec sa capsule spatiale, nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises…
IBM, une véritable exception ?
Dans le monde technologique, des firmes comme Xerox, Texas Instrument, HP, Atos ou Intel semblent ne pas vouloir se renouveler et relever les défis du futur. Quant à des entreprises comme Cisco et General electric, elles font de timides tentatives pour garder le cap, mais leur futur est très incertain car ici encore, ces dernières ne semblent pas avoir envie de réinventer le monde.
Il est néanmoins une entreprise qui semble s’adapter plutôt bien aux époques qu’elle traverse. Au début du XX°siècle, IBM a participé au déploiement de l’automatisation du monde. Dans les années 70, l’entreprise a développé les premiers ordinateurs professionnels commerciaux. Vingt ans après, elle a participé au déploiement des ordinateurs grand public en aidant au passage la démocratisation de ceux-ci. Dans la première décennie 2000, IBM se tourne vers l’Open Source et l’intelligence artificielle. Watson – le superordinateur – est devenu à ce propos une référence dans la détection des tumeurs cancéreuses. Récemment, l’entreprise a atteint une finesse de gravure dans le domaine des microprocesseurs jamais atteinte jusqu’ici. Alors que les champions en la matière piétinent – 7nm pour Intel et 5 nm pour TSMC – IBM est arrivé à une finesse de gravure de 2 nm (plus la finesse de gravure diminue, plus les microprocesseurs sont rapides). C’est une prouesse exceptionnelle qui appelle à s’interroger sur la place d’IBM dans le monde futur, alors que beaucoup semblent s’y casser les dents, voir même les os.
Big Blue et l’informatique quantique…
Quoiqu’il arrive donc dans le monde technologique, Big Blue – comme on la surnomme – arrive non seulement à se maintenir en place, mais le plus étonnant, c’est qu’elle arrive toujours à innover. Certes, ses innovations ne touchent pas toujours le grand public et son problème est qu’elle n’arrive pas toujours à créer des révolutions comme Apple en a le secret. Pourtant on lui doit néanmoins des innovations comme le disque dur ou le smartphone, et malgré tout, il semble que cette vieille gloire, à chaque moment crucial qui forge notre temps, se trouve au premier rang pour créer un terreau fertile pour une nouvelle révolution…
Aujourd’hui, c’est sur le futur de l’informatique que l’entreprise se positionne devant des GAFAM qui font figure de simples gamins par rapport au géant bleu…
Début novembre, le gouvernement chinois annonçait (sur la chaîne nationale) en grandes pompes la création d’un giga-ordinateur quantique de 66 qubits, 10 millions de fois plus rapide que celui de Google (55 qubits). En guise de comparaison, il faudrait à un ordinateur – non quantique – le plus puissant au monde, plusieurs millions d’années pour résoudre une opération que ce dernier pourrait faire en quelques secondes. Dans un contexte de guerre froide entre l’Occident et la Chine (même si beaucoup d’entre nous refusent encore de voir la réalité en face), on pourrait avoir peur de cette nouvelle force de frappe. Aujourd’hui IBM annonce le développement d’un processeur quantique qui atteint les 127 qubits et qui sera même en mesure de se transformer en un superbe gadget capable de produire un appareil plus puissant équivalent à 1.121 qubits, d’ici 2023. Alors peut-être que cela ne veut pas dire grand chose pour vous, mais ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que l’ogre chinois a encore beaucoup de chemin à faire pour avaler le monde entier.
IBM possède cette merveilleuse capacité à créer les moyens technologiques nécessaires aux startups pour révolutionner le monde. Même si souvent, les choses se sont mal passées entre ce titan et les petits jeunes qui prétendaient, eux aussi, avoir une place dans la coure des grands, cette merveilleuse centenaire se porte encore à merveille et elle arrive encore aujourd’hui à nous étonner…
Alors, chapeau à l’artiste !