Oui mais le problème c’est…

Vous vous souvenez peut-être de ce film avec George Clooney… Up in the Air ? 

Jason Reitman son réalisateur, juste après la crise de 2008, traitait non seulement d’un sujet d’actualité d’une ampleur extrême, puisque l’économie mondiale s’était effondrée, mais mettait aussi en avant ce phénomène exponentiel qui consiste en l’immobilisation de l’individu par les technologies de l’information et des communications (TIC). Je ne prendrais pas trop de risques en vous disant que dans quelques années, cette immobilité va très clairement avoir une influence fondamentale dans notre vie de tous les jours. Nous l’avons vu par ailleurs pendant le confinement de 2020. Cette dernière pourrait aussi briser pour la première fois dans l’histoire ce mécanisme inhérent à l’homme (et à l’animal) qui est de sortir de l’habitat qui le protège, pour aller chercher ce qui lui permet de survivre… sa nourriture et – instinct oblige – l’individu qui va lui permettre de procréer. Aujourd’hui (ne riez pas, c’est véritablement le cas), ces besoins ont la particularité de venir à nous par eux-même, via des services de livraison divers. 

A l’intérieur même de cet habitat (nous le verrons par la suite, l’habitat peut être aussi une communauté fermée), les robots prennent des formes de plus en plus diverses comme celle d’un interlocuteur numérique, ou encore de créatures de compagnie, de jouets intelligents, voire même de partenaires sexuels. Une fois n’est pas coutume, dans ce cas précis, vous vous en doutez certainement, nous devons inévitablement citer un autre film… Her de Jasper Jonze (2014). Film dans lequel un écrivain public entretient une relation très intime avec une Intelligence Artificielle (IA) ultra sophistiquée. Véritable organisatrice de vie, compagne, assistante, conseillère en santé ou en bien être, cette IA nommée Samantha arrive même à anticiper ce que son propriétaire/amant désirera à l’instant suivant. Si nous n’en sommes pas encore là aujourd’hui, il ne faudra pas attendre dix ans avant que nous y arrivions (sans pour autant que cette IA ait conscience d’elle-même). Siri, Google Home et les autres, ne tarderont pas à s’imposer comme nos véritables compagnons de tous les jours. Non seulement nous allons entrer dans une ère d’isolement sur notre habitat, mais de plus, nous allons aussi nous confondre dans un écart généralisé par rapport à nos semblables. Cela va être difficile à accepter, mais dans la décennie qui arrive, les médecins vont cesser d’être des conseillers en santé, les avocats d’être conseillers en droit, les comptables ne vont plus exercer leurs talents de guides en fiscalité, les banques vont arrêter de nous conseiller en termes de finance et les vendeurs quant à eux, ne seront plus nos conseillers en vente. Récemment d’ailleurs, nous avons appris que Stellantis (résultat de la fusion entre le groupe Chrysler-Fiat et le groupe PSA) avait envoyé un courrier – dans certains pays – aux concessionnaires des marques qu’il détient, pour leur annoncer que dans les deux années qui suivent, ces derniers devraient se passer de ses produits. Le message est clair, vous n’aurez bientôt plus besoin de vous déplacer dans une concession automobile pour acheter un véhicule car dans le futur, il sera livré devant votre porte (si toutefois, on achète encore un véhicule particulier). 

Du côté de la médecine, Amazon qui est déjà bien engagé dans le secteur avec Amazon Care (qui offre déjà des services de consultations en ligne, de messagerie, de réservation de médicaments et de consultation sur place, et qui dispose même d’une mutuelle pour ses employés) continue sa progression. En juin 2018, la firme achetait Pillpack, une entreprise spécialisée dans la livraison de médicaments et en octobre 2019 c’était au tour de Health Navigator (développement d’API (Interface de programmation d’application) pour les services de télémédecine et les centres d’appels médicaux) d’être avalée. Nous n’aurons bientôt plus besoin, non plus, de nous déplacer pour obtenir des soins de santé. En témoigne le T Shirt connecté de la startup française Chronolife qui permet d’analyser la fréquence cardiaque, la respiration, l’impédance pulmonaire, la température du corps ainsi que l’activité physique. Les Apple Watch et les montres connectées de Samsung cumulent elles aussi, de plus en plus de fonctions de collecte de données en matière de santé. Les EarPods d’Apple sont capables aujourd’hui d’analyser le rythme cardiaque et le moins que l’on puisse penser est que les choses ne vont que s’accélérer dans les années qui suivent.  La situation extrême que nous avons vécu pendant le confinement nous a aussi confirmé que la technologie pouvait largement intervenir de manière intelligente en cas de crise. Prenons le cas de Spot, le chien robot de Boston Dynamics… Les autorités l’ont utilisé non seulement comme intermédiaire avec des malades contagieux, mais aussi comme élément de sécurité sensibilisant les populations à conserver la distance entre les individus. On le voit en 2022 équipé d’un bras pour ramasser des objets. Il ne faudra probablement pas attendre trop longtemps avant qu’il ne soit utilisé pour le nettoyage des rues.  De même que l’application Do not Pay, une IA avocate qui permet de contester vos contraventions, de poursuivre quelqu’un en justice ou d’analyser les vices cachés sur un contrat, n’est que le début d’une nouvelle ère dans laquelle les avocats vont perdre une bonne partie de leurs activités. Et tout cela se passe au profit de compagnies artificielles qui savent tout sur tout, et surtout tout sur nous. Ce qui n’est franchement pas – on peut le comprendre – de nature à plaire à tous les acteurs concernés. A commencer par les politiciens (qui réglementent vigoureusement les choses) et plus généralement à tous ceux qui vivent encore à l’heure des fruits du passé. Bref, à ceux qui ont une importance dans le monde. Et c’est inversement bien entendu, une excellente opportunité pour celui qui n’y a pas, où n’y trouve pas une place. Le malheur des uns fait toujours le bonheur des autres et c’est d’autant plus vrai aujourd’hui. 

Une chose est néanmoins certaine, nous allons, dans les dix prochaines années, devoir apprendre à partager nos vies avec des entités sans failles. Des entités qui vont aussi nous augmenter de manière considérable. C’est encore un pas de plus dans la direction de la singularité. A la fois serviteurs, tuteurs, professeurs, esclaves, amis, partenaires, techniciens, ingénieurs, génies, conseillers, amants, ces entités ne nous contrediront jamais.

Un autre phénomène qui risque bien de s’imposer aussi, est celui de la matérialisation de ces assistants… Il s’agit là, peut-être – si vous ne voulez pas rater le futur – de vous demander dans quelle mesure ceux-ci vont évoluer dans les prochaines années. Et ce secteur est peut-être l’un des plus prometteurs au XXI°siècle. Les rapports humains sont complexes, les rapports avec des robots sont simples, parce qu’un robot ne vous contredit jamais. Pourquoi finalement ne pas entretenir une relation simple avec une intelligence artificielle, qui trouvera tôt ou tard une matérialisation dans un objet idéalisé ? Une Barbie ou bien un Ken… 

Cela vous fait peur ?

Si c’est le cas, vous ne devriez pas, car chacun aura toujours le choix de vivre avec un humain ou avec une machine. Et à ce niveau, même si les humain ont leurs failles, ils possèdent aussi des avantages hors normes sur les robots. Dans tous les cas, si la généralisation des assistants numériques dématérialisés est inévitable, celle des compagnons matérialisés ne le sera pas forcément. Mais quoiqu’il en soit, matérialisé ou non, cette chose sera probablement le lien commun entre vous et la diversité des objets connectés (et des services dématérialisés) qui vont se multiplier au fil des années. Un phénomène Smart, qui est d’abord arrivé avec l’ordinateur, puis avec le téléphone, puis avec la montre, s’est étendu à la télévision, à l’automobile, à l’électroménager, notamment avec les réfrigérateurs intelligents. Ici encore, cela paraît inévitable, le phénomène Smart va bientôt se généraliser à tous les éléments que l’on trouve à l’intérieur d’une habitation : une ampoule, une table, un meuble, une sonnette, des vêtements, des lunettes et même des bagues. Tous ces éléments seront opérables à partir d’une simple commande vocale. Nous allons nous transformer en dictateurs et notre assistant accomplira le moindre de nos souhaits. Ce qui n’est pas non plus sans poser de problèmes, car de nouvelles pathologies liées à ce pouvoir risquent encore de compliquer les choses. Au-delà d’une éventuelle aliénation liée à l’habitation, nous risquons bien de développer une dépendance à l’autorité que nous exerçons sur ces IA. Et c’est inquiétant car nous allons à terme, trouver légitime que toutes tâches soient réalisées pour nous. Ce qui risque d’une part d’affecter des enfants, soumis à ce régime depuis leur plus jeune âge et d’autre part de modifier de manière conséquente les rapports humains. Les psychologues (humains) du futur seront peut-être ceux qui nous aideront à trouver des solutions à ces nouvelles problématiques. Entre autres choses, de nous adapter aux humains… 

Faisons donc un bilan provisoire :

Immobilisation de l’individu, substitution des activités humaines à des IA, isolement par rapport aux autres, ou encore transformation des relations entre humains… Ce sont les changements auxquels il va falloir s’attendre. Notre monde est en train de changer et nous perdons nos repères, c’est un problème et telle est la confusion que nous éprouvons aujourd’hui. Beaucoup refusent de voir ces assistants numériques comme de véritables révolutions et pourtant les conséquences de la généralisation de ceux-ci (et surtout de leurs compétences) vont avoir une ampleur toute aussi importante – voir même d’avantage – que les innovations de 2007 dont nous avons parlé plus haut. Et si tout cela vous effraye, n’oubliez jamais que le comportement, les émotions, les pulsions humaines resteront toujours la première source de création de richesse, donc à défaut de considérer ce phénomène comme la venue même d’Armageddon – et certains auteurs dans le monde francophone devraient d’ailleurs le noter – nous avons le devoir aujourd’hui d’en distinguer aussi les points positifs. Une nation européenne, qui a raté son entrée dans le XXI°siècle technologique, ferait peut-être bien de voir cela comme une opportunité et non plus comme une fatalité. 

Sébastien Colson 

C’était bien ?

Bon…

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