L’enseignement est crucial, mais une “simple” réforme ne suffira pas à régler les problèmes…

Réforme par ici, réformes par là… 

Les promesses de réforme ne manquent pas, surtout en période électorale. Nous avons droit à peu près à toutes les sauces : Eric Zemmour revendique ouvertement l’apprentissage du latin et du grec et au passage, on finirait même par se demander s’il ne serait pas pour taper sur  les mains des enfants qui n’écoutent pas, avec une règle en bois. Du côté de la gauche et de l’extrême gauche,​ on pleurniche pour avoir plus d’effectifs (car les administrations, on le sait, sont toujours en sous-nombre) et de budgets, sans savoir comment vraiment les utiliser efficacement et du côté de la droite, on a d’autres priorités…

Bref, ambiance !

Plus on avance dans le temps, plus les administrations – logiquement et heureusement – se succèdent et il faut bien avouer qu’elles n’apportent pas vraiment de changements significatifs. Les problèmes de l’enseignement n’ont pas vraiment changé et c’est logique, puisque personne ne veut révolutionner le système. Pourtant aujourd’hui, il devient impératif de renverser la table, si on veut que les étudiants qui sortent de l’université puissent s’adapter au monde dans lequel ils vivent. Mais pour cela, on ne peut plus compter sur un système qui a été mis en place pour s’adapter à la seconde révolution industrielle. Les enfants ont changé eux aussi avec l’ère numérique. On pourrait même dire que l’être humain est lui aussi différent de ce qu’il était il y a 100 ans et c’est d’ailleurs par cela qu’il faudrait commencer, si on veut un système éducatif efficace. Les classes d’enfants studieux, attentifs et qui lèvent les bras pour prendre la parole, c’est de l’histoire ancienne. Un enfant aujourd’hui n’a plus envie de rester assis sagement et d’écouter une leçon ennuyeuse pendant des heures. Il veut bouger, créer, participer et aller chercher lui-même l’information dont il a besoin. Mais bien au-delà du travail d’adaptation nécessaire, par rapport à ce nouveau type de comportement, l’école se doit de corriger les failles familiales. Entre autres choses, le comportement en équipe et en société. Il est inadmissible aujourd’hui que des enfants soient harcelés. Il est aussi inadmissible que certains se moquent des autres ou les mettent à l’écart. On entend souvent des enfants parler de ceux qui sont populaires à l’école et c’est déjà un problème en soi ! 

La troisième faille de l’enseignement aujourd’hui, c’est son manque d’attrait. En d’autres termes, la grande majorité des enfants vont à l’école avec les pieds lourds et beaucoup trop d’entre eux n’arrivent pas à entamer un cursus universitaire, ce qui est pourtant impératif pour s’adapter aux exigences du marché. 

Enfin, l’enseignement c’est beaucoup trop de moyens consacrés à l’administration et pas assez aux écoles…

Une structure différente et nécessaire…

On pourrait donc résumer la situation en disant que si l’on veut adapter l’enseignement aux besoins d’aujourd’hui et surtout de demain, celà devrait  signifier : fini la classe, renforcement des liens entre tous les humains (empathie et gentillesse), tous les enfants doivent arriver heureux (si un enfant ne l’est pas en sortant de la maison, le fait de se rendre à l’école doit lui apporter ce bonheur) à l’école et doivent avoir envie d’y aller, que tous fassent des études universitaires et les finissent et enfin beaucoup plus d’argent pour l’école et moins (voir très peu) pour l’administration. Tous ces points doivent être des fondements plutôt que des obligations réglementées et dans ce contexte, vous vous doutez probablement qu’une simple réforme, comme nos chers politiciens savent le faire si bien, ne sera pas du tout suffisante. 

Au niveau de l’infrastructure scolaire, il serait intéressant qu’elle s’ouvre à la communauté dans laquelle elle se trouve. Entrepreneurs, retraités ou personnes au foyer pourraient eux-aussi participer à différents travaux collectifs en tout genre (y compris participer à l’enseignement). Cela se fait déjà, c’est vrai, mais il est question ici avant tout d’une fusion plus large chez tous les acteurs de cette communauté. L’école devrait, dans cette optique, être​ le centre de celle-ci. Cela exige donc des aménagements particuliers pour ouvrir ces enceintes fermées qui parfois donnent l’impression que nous mettons nos enfants dans des prisons (pour les protéger, oui mais ce n’est pas sans dommages collatéraux). L’école pourrait par exemple accueillir un amphithéâtre (même pour les maternelles et les primaires) dans lesquelles des conférences, des pièces de théâtre, des spectacles seraient donnés, voire même pouvoir servir de salle de cinéma de quartier (pourquoi pas, et là, place à l’imagination). À ce propos, donner l’occasion à des enfants, même petits, de faire du théâtre est impératif pour non seulement développer leur créativité, mais aussi pour leur donner les outils pour s’exprimer et pour défendre leurs idées…

Moins d’administration, donc plus d’autonomie pour les écoles… 

Pour être heureux d’aller à l’école, il faut que cette dernière soit confortable, non contraignante et amusante. Cela veut dire avant tout que nos enfants devraient apprendre tout en s’amusant, en développant leur créativité librement. C’est donc par la construction récurrente de projets personnels qu’un enfant doit apprendre et en ce qui concerne l’empathie et la gentillesse avec les autres, c’est une vie en équipe restreinte d’un maximum de dix personnes (mais qui commence dès l’enfance et se termine à la fin de la scolarité secondaire) animée par un adulte (l’enseignant) qui en est l’élément clé. Ce qui n’empêche en rien l’interaction avec d’autres équipes sans pour autant générer un sentiment de compétition, mais davantage un sentiment de coopération pour faire avancer les projets communs ou personnels. 

La meilleure façon pour que la majorité des enfants traverse  une scolarité complète c’est encore de casser des cycles distincts et surtout de supprimer cette véritable ségrégation qui consiste à envoyer des enfants dans les milieux professionnels parce c’est plus facile comme cela et qui envoie les autres vers des hautes études. On pourrait remettre en question ce fait, en se demandant qui va réaliser ces tâches laborieuses dans le futur et la réponse n’est autre que… le robot. Donc il est clair que nous avons tout intérêt à changer notre façon de voir les choses, car dans le cas contraire, l’avenir risque de ne pas être si joyeux que cela. 

Il est aussi impératif que le passage entre la vie scolaire et la vie professionnelle se fasse naturellement et progressivement, sans transition distincte. Quitte même à ce que cette transition lui permette d’avoir des revenus pour soutenir sa scolarité. Un enfant doit aller là où il doit aller, sans que personne ne fasse ce choix pour lui. Il faut du temps pour cela et il est important de lui donner ce dont il a besoin pour le faire. 

Venons en maintenant à la question épineuse du financement du système éducatif : 

Beaucoup trop de moyens sont consacrés à une paperasserie trop envahissante et il devient urgent de mettre ces moyens dans les infrastructures scolaires et de fait, de revaloriser clairement les salaires des enseignants afin d’attirer aussi – en support des enseignants – des gens qui peuvent amener les enfants à développer des facultés pour lesquelles ils n’étaient pas, à priori faits. Mais, se passer de l’administration (du moins en grande partie), cela veut dire aussi donner beaucoup plus d’autonomie aux écoles. Et c’est sur ce fait que les choses deviennent intéressantes, puisque la richesse de l’enseignement va s’exprimer avant tout, sur le potentiel des adultes qui le donne. N’oublions pas que le fait d’avoir des enfants qui sont heureux d’aller à l’école est une chose, mais il faut que le personnel qui y travaille le soit aussi. Pour cela, il faut bien entendu que l’atmosphère générale soit agréable, il faut que le travail soit valorisant, valorisé et reconnu, mais il faut aussi que les conditions pour se rendre au travail le soient et que le salaire soit fait pour vivre une vie épanouie.

Bref, la tâche n’est pas facile et tout laisse penser que malheureusement les prochaines administrations qui vont se succéder trouveront plus facile de recoller des morceaux qui vont très vite tomber, plutôt que de prendre véritablement le taureau par les cornes…

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