Cela fait un petit bout de temps que ça me démange, mais l’article de Laurent Alexandre du 25 juin dernier intitulé «Aurélien Barrau ne propose ni plus ni moins que le suicide de l’Occident» (Le Figaro) est celui qui fait déborder le vase…
Laurent Alexandre pourtant brillant auteur et conférencier, que nous apprécions énormément ici, semble avoir oublié son domaine de prédilection ( l’intelligence artificielle) pour s’acharner sur Greta Thunberg et sur le boom écologiste qui déferle sur le monde occidental aujourd’hui. Et c’est vraiment dommage !
Pour planter le décor…
En Europe comme aux États-Unis, depuis la fin de la première décennie du siècle (l’après 2008), on assiste à une vague anti-consumériste qui revendique une attitude plus proche de la nature et un comportement écologique plus responsable. Alors que cette tendance touchait auparavant des affiliés à des formations politiques diverses ou des militants d’ONG comme Greenpeace, ce mouvement s’est largement répandu au delà de la sphère officielle ou engagée. Celle-ci touche maintenant tous les publics, particulièrement les plus jeunes mais aussi la génération précédente, sensibilisée depuis la fin des années 90 au recyclage des déchets et à la protection environnementale.
Hors depuis quelques mois, on remarque que ce groupe hausse le ton et commence à exiger des actes clairs de la part des autorités. Quitte à renouveler les rassemblements publics chaque semaine.
Dans ce contexte, on assiste à l’émergence de deux camps : les pro-environnement et les...anti pro-environnement.
Comme il se doit, et la France n’est pas en reste en ce domaine, politiciens et intellectuels tous azimuts se rangent d’un côté comme de l’autre pour faire entendre leurs opinions.
Mais le ton durcit progressivement entre les deux parties et prend aujourd’hui une véritable allure de guerre sur les réseaux sociaux comme dans les médias. Les pros (plutôt de gauche) avançant de plus en plus des théories apocalyptiques et les anti (plutôt de droite) classant les premiers dans un groupe sectaire allant même jusqu’à évoquer une nouvelle religion.
Une nouvelle gauche et une nouvelle droite seraient-elles nées ?
Je vous laisse le soin de lire l’article de Laurent Alexandre, il cite par ailleurs plusieurs réflexions du camp pro qui ont parfois, il faut bien l’avouer tendance à pousser bobonne dans les orties.
Le véritable problème c’est qu’il est très difficile de se situer dans ces deux groupes. L’un prône l’arrêt des voyages, de la consommation, la fin de l’industrie, l’arrêt de la conquête spatiale, prône la décroissance et même le fait de ne plus avoir d’enfant pour pouvoir accueillir des ressortissants africains, toujours plus nombreux.
L’autre groupe est favorable à la poursuite des objectifs de croissance et est persuadé que le marché trouvera toutes les solutions aux problèmes environnementaux. Remettant en cause le côté écologique des énergies renouvelables et évoquant même l’époque ou l’on parlait d’une couche d’ozone en très mauvais état, alors qu’aujourd’hui on peut se réjouir de sa restauration. Rappelons à ce propos que sans une prise de conscience générale et sans le protocole de Montréal en 1985, on ne sait pas dans quel état serait cette dernière.
Bref, d’un côté nous sommes dans l’extrême anti-consumérisme et de l’autre, nous sommes dans le déni voir même parfois dans la mauvaise foi.
La question est de savoir s’il y a un juste milieu dans lequel ceux qui ne sont pas dans ces extrêmes pourraient se situer ?
Analysons les côtés positifs des uns et des autres…
Points positifs pour les premiers :
- Voyager moins et privilégier les vidéo conférences
- Vivre plus proche de chez soi
- Ne plus accepter les produits industriels toxiques
- Donner le temps à la nature de se régénérer à nouveau
- Consommer de manière responsable (entre autre en arrêtant d’acheter des babioles en plastique complètement inutiles)
- Interdire l’emballage ou l’objet jetable à usage unique
- Privilégier les énergies renouvelables
- Retourner autant que possible à l’auto-production de tous nos besoins
Points positifs pour les seconds :
- Faire évoluer l’économie avec les impératifs du XXI°siècle
- Oppositions aux taxes sur la consommation des individus
- Vocation à privilégier la recherche pour améliorer ce qui ne fonctionne pas
- Mettre la conscience de l’individu en avant, sans forcément devoir en recourir à la décision de l’État
- Relativisme et sang froid par rapport au changement climatique
Nous pouvons le voir, il y a plus de points positifs pour le premier camp, mais il faut aussi admettre que les arguments en faveur du deuxième ne sont pas négligeables. En combinant tous ces points positifs, les uns et les autres pourraient peut-être créer une nouvelle tendance, moins extrême cette fois.
Néanmoins il est grand temps d’ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe aujourd’hui car :
- La fonte des glaciers, c’est une réalité !
- La déforestation, c’est une réalité !
- Le renouvellement du glyphosate, pourtant dangereux pour la plupart des espèces vivantes, c’est une réalité !
- La disparition des abeilles, papillons et autre insectes (faites 300 km en voiture et vous verrez l’état de propreté de votre pare brise), c’est une réalité !
- Sur une saison, plusieurs milliers de macareux morts de faim au large de l’Alaska, c’est une réalité !
- La pollution des océans, et de la planète en général, c’est une réalité !
- En 2019, 70 baleines grises retrouvées mortes sur les plages de Californie et de l’Alaska, c’est une réalité !
- Des ours polaires mangeant dans les poubelles en Russie, c’est une réalité !
- Un dérèglement climatique, c’est une réalité !
- Un continent, composé de déchets d’une superficie trois fois supérieure à la France dans l’Océan Pacifique, c’est une réalité !
- Des compagnies pétrolières qui obtiennent des concessions dans des parcs nationaux, c’est une réalité !
Il est clair que si l’on continue à faire tout et n’importe quoi, les choses ne vont pas aller en s’améliorant. Il est donc grand temps que les personnes responsables de ces désastres arrêtent leurs bêtises. Et les premiers concernés sont les politiciens, les industriels, les transporteurs, les consommateurs et usagers et bien entendu tous ces gens dépourvus d’éducation qui sont en train de transformer cette planète en une véritable poubelle !
Après tout, si une jeune fille de 16 ans arrive à mener toute une génération au créneau pour botter les fesses de vieux bonzes assis dans leurs fauteuils bien confortables, et bien tant mieux… C’est plutôt une bonne chose !