Et oui, 650.000 dollars… c’est la somme pour laquelle vient d’être vendu un énorme bateau de plaisance, hyper luxueux, avec deux héliports et une discothèque à bord. Bref, l’heureux acheteur de cet énorme rafiot vient de s’offrir une véritable perle pour un prix finalement modique. Il faut savoir en effet que ce type de bateau coûte en moyenne, la somme de 275 millions de dollars et certains peuvent atteindre les sommes folles de 4milliards de dollars, voir même plus. Le seul problème est que ce Yacht n’existe pas du tout dans le monde réel et qu’il a été mis en vente, puis acheté sur la plateforme The Sandbox…
Le Métavers, toujours le Métavers…
C’est dans l’aire du temps, les jeux vidéos génériques développent de plus en plus leurs propres mondes virtuels et commencent à ressembler à des places de marché virtuelles plus qu’à autre chose. C’est comme cela que le MetaFlower Super Mega Yacht – un bateau entièrement virtuel vient d’être vendu pour une somme importante qui est, quant à elle, bien réelle. Bienvenue dans le monde très prometteur des NFT…
Face à une chose aussi aberrante, on peut éprouver beaucoup de mal à se convaincre que les choses vont bien sur terre et que finalement, nous devrions nous réjouir de vivre dans un monde qui permet ce genre de dérives. Comment pouvons-nous en effet accepter qu’une somme aussi faramineuse soit dépensée dans un objet qui se résume tout simplement à quelques croquis numériques. D’autant plus que dans ce que montre la plateforme concernée – The Sandbox – il n’y a vraiment pas de quoi envoyer une carte postale à la famille en ce qui concerne ce vulgaire dessin en 3D que nous pouvons voir (même s’il a fait l’objet d’une recherche plus approfondie dont seul l’acheteur connaît tous les détails). Néanmoins, nous nous devons aujourd’hui de dépasser nos préjugés et nos incompréhensions pour aller plus loin et pour comprendre les véritables enjeux auxquels nous allons devoir faire face demain.
Vendre un nouveau logo à une multinationale (et ces logos se vendent très chers) ou un bateau virtuel, quelle est finalement la différence ? D’autant plus que ce même bateau pourrait servir d’expérimentation à la conception de son incarnation dans le monde réel, avec ce petit plus de milliers d’expériences clients (virtuelle) qui serviraient à faire mieux que ce qui a été fait fait dans le domaine jusqu’ici…
Un paradoxe, trouver le bonheur dans ce qui n’existe pas…
Et si le véritable bonheur était dans ce qui n’existe pas physiquement (si du moins on peut prétendre que le matériel nous procure du bonheur) ?
C’est en réalité une question que notre civilisation judéo-chrétienne nous pose depuis plus de 2000 ans et à laquelle nous n’avons pas encore trouvé de réponse. Certes, nous sommes entrés dans l’ère de la dématérialisation, mais paradoxalement nous n’avons jamais été, dans l’histoire, autant submergé d’objets et de déchets (les deux sont fortement liés) que nous les sommes aujourd’hui. Nous sommes bien évidemment conviés depuis des siècles à privilégier la quête du spirituel, mais pourtant nous sommes déchirés depuis tout ce temps entre le matérialisme et le spiritualisme. L’amour – moteur suprême de toutes les passions humaines – existe-il physiquement, ou n’est ce jamais qu’une illusion ? Puisqu’il peut venir et s’en aller aussi vite, pouvons-nous vraiment dire qu’il est utile d’investir ce que nous avons de plus cher – parfois, même bien souvent notre existence toute entière – dans un sentiment qui n’est juste qu’un simple sentiment ?
Est-il vraiment étonnant que certains d’entre-nous aillent chercher le bonheur dans un monde virtuel et s’offrent le luxe d’un Yacht qui coûte beaucoup moins cher – logiquement et bien heureusement – que ce qu’il pourrait coûter dans le monde réel, même s’il atteint des sommes déraisonnables pour un objet virtuel ?
En réalité pas vraiment car nous sommes en permanence assis sur l’un et l’autre. Cela fait partie de nous, de notre culture et de notre monde. Le matérialisme nous pèse, nous encombre, nous contraint physiquement alors que le spirituel ne nécessite que notre force d’esprit. Le spirituel quant à lui nous invite à la liberté et à la créativité. Faut-il donc vraiment blâmer ces personnes qui ont fait l’acquisition du MetaFlower Super Mega Yacht ?
Que puis-je faire avec cela ?
En réalité, il serait plutôt intéressant de se demander à quoi servira cette acquisition dans les années qui viennent…
Le propriétaire de ce bateau va-t-il simplement se prélasser sur son divan en buvant un cocktail qu’il aura préparé lui-même et s’imaginer qu’il donne des ordres à la suite de 50 personnes faisant partie de son personnel ? Si c’est le cas on aurait pu espérer qu’il aurait fait quelque chose de plus utile avec une telle somme d’argent.
Cette personne va-t-elle créer un nouveau monde à l’intérieur du monde de The Sandbox ? Si ce monde génère un véritable écosystème économique et social qui apporte une véritable plus value dans le monde réel, tout en protégeant les ressources de la planète, on pourrait néanmoins considérer la démarche comme intéressante. Et si ce vaisseau marin servait d’expérimentation à l’élaboration des transports pour les futures colonisations martiennes ? Et s’il servait à organiser des croisières extraordinaires pour des personnes qui n’en ont pas les moyens financiers ? Ou encore à récolter des poissons virtuels et les vendre sur une place de marché en NFT (même des poissons peuvent être des œuvres artistiques) pour une œuvre de charité ou les échanger contre de l’argent pour nourrir des gens qui n’ont pas les moyens de se nourrir ? Pourquoi ne pas organiser des soirées privées complètement folles ? Permettre à des scientifiques d’étudier un écosystème marin reconstitué virtuellement sans avoir à bouger de chez eux ? Organiser des séminaires et des conférences qui peuvent changer le monde à partir de lieux paradisiaques qui n’existent pas du tout ?
Pourquoi pas ?
Toutes les solutions sont bonnes, mais ne perdons jamais de vue que toute idée n’est jamais qu’une mauvaise idée si elle ne contribue pas à un changement positif pour le monde…
