Et si on se « doublait » pour gagner du temps, pour travailler encore plus et gagner plus d’argent ?

Vous vous souvenez peut-être du​ film d’Harold Ramis avec Michael Keaton… Multiplicity ?​

Pour la petite histoire, il s’agit d’un chef de chantier qui réalise qu’il n’a plus le temps de ne rien faire et qui décide de se cloner pour pouvoir profiter de la vie. 

Rassurez-vous, nous ne parlerons pas de clonage humain ici, mais il est désormais possible de se dédoubler et bien entendu, c’est encore l’intelligence artificielle qui se trouve en amont de cette nouvelle performance technique.

Cela pose certaines questions comme celle de la surexploitation des capacités de travail d’un individu et il est clair qu’en Europe, si le système venait à se généraliser, les syndicats monteraient au créneau et pourtant…

Un cas concret !

Se dédoubler grâce à une intelligence artificielle c’est l’expérience qu’a faite l’animatrice d’une radio de l’Oregon (USA)…

Ashley Elzinga s’est vue en effet doter d’un double (ou plutôt d’une double), nommée AI Ashley. Cette dernière va assumer une partie de son travail de radio et cerise sur le gâteau, Ashley gardera sa place et son salaire à 100%. Elle pourra (enfin) se concentrer sur la gestion des réseaux sociaux ou encore sur sa programmation et sur bien d’autres choses encore. 

Pour se couvrir, les responsables de la chaîne font vérifier les contenus créés par l’IA à l’antenne, par des modérateurs humains et l’IA annonce elle-même que c’est AI Ashley qui parle, les auditeurs étant donc informés. 

Du côté technique, c’est une entreprise américaine basée à Cleveland dans l’Ohio, Futuri,  qui propose son service RadioGPT (encore lui !), grâce auquel on peut générer du contenu radio…

L’opération comprends entre autre 3 paramètres :

Un premier algorithme va chercher des sujets sur les réseaux sociaux. Un second algorithme élabore le contenu et un troisième le diffuse à l’antenne avec une voix générée par l’IA, dans ce cas-ci celle d’Ashley Elzinga.

On  peut se rendre compte des avantages que comporte cette prouesse technique mais aussi des inconvénients qu’elle représente. Respectivement les gains de productivité et le potentiel créatif pour le premier aspect et les problèmes d’éthique pour le second…

Gains de productivité, certes oui mais ?

La première chose qui vient à l’esprit c’est qu’un protocole se met en place en ce qui concerne l’honnêteté envers le public. On sait que c’est une IA qui vous parle, qu’elle peut avoir des failles, qu’elle peut, au contraire, être redoutable et très efficace. Cet aspect est important parce que les craintes majeures liées aux IA génératives sont justement celles de la fraude et de l’usurpation, qu’elles pourraient générer pour des activités criminelles. En gros on peut dire que les choses se mettent en place et que l’initiative vient d’une entreprise et pas de la législation européenne Made in Thierry Breton…

Le second point intéressant est que les gains de productivité peuvent être augmentés de manière considérable. Ici, le cas est relativement simple car l’IA remplace Ashley pour une tâche précise – celle d’être à l’antenne – ce qu’elle fait d’ailleurs tout aussi bien que la personne concernée. Mais qu’en serait-il si comme dans le film Multiplicity, que nous évoquions plus haut, nous possédions un double pour plusieurs groupes de tâches différentes et cela tout en continuant de faire notre travail principal ?

Chaque individu deviendrait probablement un miroir d’Elon Musk qui ne peut pas s’empêcher de ne pas prendre de vacances. Nous pourrions peut être devenir dans ce cas des serial travailleurs, les entreprises adorant cela, mais les organismes de protection des droits des employés auraient certainement du mal à faire passer la pilule…

Du côté de l’éthique et du créatif…

On l’aura compris, du côté du travail une très longue liste de problématiques vont devoir être réglées dans le futur. Le principal problème ici est la fraude que peut engendrer un tel potentiel technologique. A côté de cela, nous avons aussi un potentiel créatif exceptionnel. Imaginez que vous puissiez vous aussi créer tous les contenus d’une chaîne de radio, voire même en posséder une. Mais l’autre problème qui vient s’ajouter au risques de fraudes et d’usurpation d’identité, c’est celui de la violation de droits d’auteurs, qui vient lui aussi renforcer la liste des défauts déjà mis sur la table en ce moment, alors que nous ne sommes qu’au début d’une révolution. Les générateurs de sons, de textes et d’images sont désormais sur le grill parce qu’ils vont puiser leurs références dans du contenu souvent soumis aux droits d’auteurs. Autant dire qu’avec un potentiel dédoublement des caractéristiques physiques d’un individu, la situation ne risque pas de s’arranger…

Notre amie Ashley pourrait donc ne plus se contenter seulement de son salaire en échange de quelques heures de repos, mais bien demander un pourcentage sur le chiffre d’affaires de l’entreprise. Surtout si elle devient une vedette de celle-ci. Nous avons donc ici plusieurs aspects qui sont les exigences professionnelles augmentées exigées par les employeurs, le côté éthique concernant l’exploitation des caractéristiques intimes d’un individu et nous avons enfin un potentiel de détournement des capacités de l’individu. Autant dire que les avocats d’un côté et les syndicats de l’autre vont se frotter les mains dans les années à venir, car il va y avoir du pain sur la planche !

Son, image, texte, vidéo, intégration dans des secteurs commerciaux majeurs comme la grande distribution ou l’automobile et désormais… l’identité personnelle

Ce qui distingue ici le fait d’utiliser des outils comme Siri, Alexa ou l’assistant de Google, c’est que dans ce cas, l’individu fusionne en quelque sortes avec la machine et ce n’est donc plus une IA qui se substitue à l’individu, comme c’est d’ailleurs le cas avec ces dernières. La différence est importante, voire même très importante car d’une situation normale dans laquelle nous utilisons des outils pour augmenter notre productivité – dans le cas présent nous augmentons notre productivité en permettant à la machine d’imiter exactement ce que nous sommes au plus profond de nous – ici nous fusionnons en quelques sortes avec la machine. Maintenant si l’argent suit, pourquoi pas, mais l’IA ne change en aucun point – du moins pour l’instant – le fait que l’argent est toujours le nerfs de la guerre…

Donc en conclusion, bonjour les contrats comprenant des centaines de pages qui vont peut-être demander la création d’intelligences artificielles spécialisées pour analyser et conseiller sur tout cela. 

Avis donc aux créateurs !

Sébastien Colson 

C’était bien ?

Bon…

Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…

Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !

Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !

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