Je ne vais pas vous parler aujourd’hui de l’expérience martienne américaine qui nous attend ce soir. Nous verrons dans les prochains jours si Percy (Perseverance) aura réussi sa mission…
Au passage, dans le cadre de cet article, il est important de rappeler que la seule des quatre missions supposées partir vers Mars, l’été dernier était celle de l’Union Européenne…
Aucun lien me direz-vous ?
Et bien, il y en a un et non le moindre et je vous en parlait, pas plus tard qu’hier :
Bruno Le Maire et Thierry Breton, tous les deux obsédés par la souveraineté numérique de l’Union Européenne et bien entendu – comment s’en étonner – de la France se lancent désormais dans un grand combat qui viserait à nous libérer de notre dépendance aux fabricants étrangers de… semi-conducteurs.
Comme pour le moteur de recherche européen (échec absolu à la fin des années 90) – tout comme les projets de cloud européen (projet encore administrativement en cours), tout comme le projet de constellation de satellites susceptibles de fournir Internet aux différents territoires de l’UE (projet encore administrativement en cours) – cette initiative, est une fois de plus issue d’une démarche publique (ce qui n’est jamais véritablement une bonne chose en termes d’efficacité en ce qui concerne l’innovation), alors que la logique voudrait qu’une entreprise privée soit à la base de celles-ci.
Et c’est bien là que la bas blesse, encore une fois !
L’UE, même si elle s’appuie – sans en avoir le choix – sur ses partenaires fidèles, privés ne pourra tout au plus – et vu la lourdeur législative, on ne peut que s’en réjouir – ne pourra au mieux que faciliter les tâches administratives des entreprises qui pourraient produire des semi-conducteurs. Semi-conducteurs qui rappelons-le sont en mal de production aujourd’hui. Cela a par ailleurs provoqué plusieurs fermetures d’usines de construction de voitures cette semaine.
Et comme pour les projets de cloud et de constellation de satellites supposés nous approvisionner en connexion Internet, tout le travail est encore à faire et l’UE a beau avoir déjà un pied dans ces domaines, elle est encore loin de pouvoir se positionner sur ces différents marchés. Quant à produire des semi-conducteurs qui atteignent la finesse de gravure de TSMC (5Nm), alors que même Intel n’est pas capable d’arriver à cette performance, nous ne sommes pas encore prêts de voir des entreprises européennes entrer en compétition avec les acteurs historiques du domaine.
Une fois de plus, jouer seul dans son camp est complètement illusoire. Intel passe par exemple par une phase très difficile. D’un côté, il est délaissé par des clients aussi importants qu’Apple (qui elle-même se lance dans l’aventure). De l’autre, ses concurrents directs commencent très largement à prendre de l’avance sur cet acteur historique. Ne serait-il pas plus intelligent de mettre tout notre savoir faire pour développer avec Intel les moyens nécessaires de nous assurer un approvisionnement de semi-conducteurs d’une qualité largement supérieure à ce que les autres entreprises peuvent produire, mais en plus de faire en sorte qu’une pénurie d’approvisionnement, comme nous l’avons connu cette semaine, ne se produise plus jamais ?
Il semble que ce discours sur la prétendue souveraineté numérique de l’UE ressemble de plus en plus à une bagarre de cour de récréation !