On le sait, le président américain actuel a un talent presque naturel qui ferait pâlir tous les maîtres chanteurs qui peuplent cette planète. Une fois de plus en ces premiers jours de la seconde partie de l’année 2025, il en fait encore la preuve avec sa cible préférée… l’Ukraine !

On peut d’une manière générale très largement en douter (sous l’ère Trump du moins), mais les motifs évoqués par Washington pour justifier une fois de plus une trahison envers ses partenaires  occidentaux sont d’une part, la priorité militaire des Etats-Unis, ensuite s’apprêter à la possible guerre contre la Chine et enfin soutenir le réarmement militaire d’Israël…

Des conséquences désastreuses pour l’Ukraine ?

Bien entendu, c’est Vladimir Poutine et ses marionnettes qui se frottent les mains après avoir entendu cette fabuleuse (uniquement pour eux) nouvelle. Washington a cessé le premier juillet la livraison de missiles de défense antiaérienne et d’obus promis à l’Ukraine, alors que l’augmentation de l’envoi de drones russes au mois de juin 2025 a augmenté de 36,8 % par rapport au mois précédent. Cette annonce arrive à pic alors que l’offensive de printemps et d’été lancée par Moscou bat son plein. 

Il n’est pas nécessaire de se forcer à lire entre les lignes pour savoir que la connivence entre les deux présidents est encore intacte et les phrases tonitruantes telles que “Poutine est devenu fou !” ne sont en fait qu’une parade pour démontrer à l’opinion publique que l’administration américaine ne défend pas des dictateurs sanguinaires et que le pays est toujours du côté de la démocratie. Encore faut-il rappeler que Trump n’a pas d’amis fidèles – ses nombreuses disputes avec Elon Musk le démontèrent très largement – et qu’il agit toujours impulsivement en fonction de ce qui se passe sur le moment même.

Bien entendu, cette suspension est un coup dur pour les ukrainiens car ce matériel militaire est indispensable pour repousser les attaques russes, toujours plus fréquentes et toujours plus violentes. Mais étant donné que 70 % des dommages sur le matériel russe est créé par des drones ukréniens, dont la plupart sont fabriqués localement, tous les espoirs sont permis. D’autant plus que les européens vont devoir compenser l’absence des fournitures américaines…

Pousser les limites encore plus loin !

Cette annonce est un coup dur, certes, mais c’est la troisième fois depuis son investiture que le président américain suspend l’aide militaire à l’Ukraine et nous sommes très loin de la suspension du renseignement militaire (indispensable) qui avait eu lieu après l’humiliation en public, de Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale de la Maison Blanche. En d’autres termes, cette décision pourrait changer en fonction des évènements à venir et il n’y a pas encore de quoi s’alarmer puisque ce matériel se trouve déjà en Europe, dont en Pologne. Il ne suffirait qu’un caprice supplémentaire de Donald Trump pour débloquer la livraison de nouveaux armements. 

Mais la question n’est pas forcément de savoir si les Etats-Unis peuvent débloquer ou inversément  bloquer un arrivage de matériel militaire car cette question est double en réalité :

Peut-on véritablement faire confiance désormais aux américains ?  

Au contraire, ne devrions-nous pas poursuivre le rêve d’une souveraineté militaire qui de plus se donnerait les moyens suffisants pour pouvoir subvenir aux besoins éventuels de guerre à des pays européens qui sont dans une situation identique à celle de l’Ukraine aujourd’hui ?

La réponse est claire, car nous ne pouvons pas nous permettre de subir les caprices d’un seul individu qui déciderait du jour au lendemain de nous laisser tout simplement tomber pour s’associer aux pires ennemis que nous avons en commun depuis plusieurs décennies. Il faut rappeler néanmoins que le président américain n’est pas le seul à décider et qu’il a des parlementaires derrière lui qui peuvent bloquer ses propres décisions…

La seconde question réside dans le fait de se demander comment l’ingéniosité ukrainienne va réagir par rapport à cette instabilité américaine ?

Une armée ukrainienne qui innove et qui sera probablement forcée de pousser l’innovation encore plus loin !

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie (supposée être terminée en une semaine, selon le Kremlin) nous avons pu observer que le cocktail explosif du soutien militaire et logistique occidental, couplé à la volonté et à la diplomatie du président Zelensky ainsi qu’à l’ingéniosité de la nation ukrainienne a donné de solides fils à retordre aux troupes de son homologue russe. Plus de 50% du matériel militaire utilisé en Ukraine est désormais produit localement. Il y a fort à parier que dans un avenir proche, ce pourcentage augmentera. Mais c’est aussi sur la nature même du matériel qui sera déployé sur le champ de bataille qu’il importe de s’attarder :

Le drone, qu’il soit marin, terrestre ou aérien (le plus courant), c’est incontestable, est le véritable élément qui a fait perdurer le conflit depuis maintenant plus de trois ans. L’électrochoc lancé par Donald Trump ces derniers jours va probablement provoquer un véritable raz-de-marée technologique, tel que seules les deux premières guerres mondiales ont généré dans l’histoire…

Récemment, l’Université de Changsha en Chine a annoncé qu’elle avait développé un drone de la taille d’un… moustique. Celui-ci serait un peu plus grand que son homologue vivant (2cm à la place de 1,5cm). Si toutefois il est difficile de concevoir qu’au stade actuel, il serait complexe d’équiper ce type de drone miniature d’une charge explosive (encore que la technologie peut faire des miracles), nous devons néanmoins observer que la recherche dans le domaine en termes de miniaturisation intéresse fortement les institutions, car même à Harvard, on planche sur le domaine. 

L’objectif ultime est de passer entre les mailles du filet sans être repéré par les radars militaires conventionnels et c’est probablement vers cela que l’Ukraine s’oriente – sans toutefois atteindre des tailles aussi petites – puisque ses objectifs sont désormais, entre autre, de détruire le matériel militaire, logistique et le potentiel de production énergétique de l’ennemi. Il faut ajouter à cela que les armes utilisées sont obligatoirement supposées pouvoir supporter une charge d’explosifs relativement importante (mais cela n’exclut pas non plus les impératifs liés à un espionnage très utile lors d’un conflit, donc n’obligeant pas d’embarquer des charges trop lourdes). 

Enfin c’est le robot de petite taille, qui est extrêmement mobile sur le terrain, qui risque fortement d’être déployé, car celui-ci permet de transporter des munitions, des charges explosives, une multitude d’outils pouvant servir au combat, comme de la nourriture ou des produits pharmaceutiques, voire même transporter des blessés. 

Qu’il s’agisse des drones ou des robots, ce matériel peut être fabriqué et déployé rapidement en Ukraine avec l’appui financier et logistique des gouvernements et des entreprises occidentales. Toujours est-il que le soutien des européens ne fléchira pas, avec ou sans les américains, et plus le conflit perdure, plus les Etats-Unis perdent en crédibilité. Ce sera probablement la fin de l’OTAN tel que nous l’avons connu, du moins dans une architecture purement concentrée sur notre ancien allié d’outre Atlantique, mais ce sera probablement aussi la naissance d’une nouvelle alliance militaire où nous pourrions voir des pays comme l’Ukraine et la Pologne devenir les leaders des armées occidentales ! 

Sébastien Colson 

C’était bien ?

Bon…

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