Vous l’avez probablement remarqué à l’approche de l’été 2019, la décroissance a été un sujet de débat, on ne peut plus explosif…
Cette décroissance sans toutefois être une notion très récente, prend des proportions toutes particulières en 2018, lorsqu’une jeune fille de 16 ans, passe 36 heures dans différents trains – en provenance de la Suède – pour aller observer un groupe de businessmen et de politiciens se rassemblant à Davos (Suisse), pour discuter des enjeux climatiques de la planète. Et le moins que l’on puisse dire est que le résultat a été très surprenant. En un an à peine, Greta Thunberg a réussi à entraîner la jeunesse du monde entier à manifester publiquement, chaque semaine, leur crainte par rapport à l’avenir de la planète. La jeune suédoise s’est même offert le luxe d’aller botter les fesses des grands de ce monde, aux siège de l’ONU à New York, en leur mettant purement et simplement – je mesure mes mots – leurs failles sous le nez. On ne peut pas s’étonner qu’elle fasse pâlir les industriels, les intellectuels et les politiciens de droite comme de gauche, à un point tel qu’elle génère systématiquement un mouvement (composé souvent d’hommes d’âge mûre) qui lui est totalement opposé.
Consommer moins, consommer durable, éviter de jeter, réparer le plus possible ou encore donner ou échanger les choses dont on a plus besoin, voire même mettre un pull plutôt que du chauffage, pour faire face à la pénurie d’énergie qui nous menace en 2022. Nous sommes aujourd’hui moralement et économiquement incités à partager nos biens, nos objets et nos services, mais aussi notre… connaissance. Tel semble être le mot d’ordre d’une population occidentale toujours croissante, soucieuse de voir les générations futures vivre dans un monde plus sain et plus responsable. Bien entendu, comme on peut s’en douter, la décroissance prônée par cette nouvelle vague verte, pèse lourdement sur l’économie et plus particulièrement sur l’emploi. Surtout dans un contexte où ce dernier est déjà mis à mal par le développement massif de l’intelligence artificielle et de la robotique. Et c’est sans compter bien entendu sur le confinement inattendu qui a paralysé la moitié de la planète au début de l’année 2020.
Nous vivons aujourd’hui, dans un nouveau type d’économie dans laquelle nous collaborons.
L’économie collaborative est un terme défini en 2007, par Ray Algar dans un article intitulé Collaborative Consumption2 . Cette nouvelle économie pose les bases d’une autre manière de vivre, non pas anticapitaliste, comme certains activistes de gauche ou d’extrême gauche pourraient l’affirmer, mais plutôt anticonformiste par rapport à un système qui nous montre chaque jour ses failles et nous prouve qu’il est grand temps de passer à autre chose (et je ne parle pas seulement ici des entreprises, car les administrations auraient elles aussi bien besoin d’une solide remise en question).
Pour bien comprendre ce phénomène de décroissance et d’économie du partage (pour ceux qui craignent la confusion entre les deux termes, attendez encore un peu), nous allons remonter un peu dans le temps. Exactement dans des années 60 qui furent marquées par la société de consommation, certes, mais aussi par une vague profondément anti-culturelle et fortement engagée contre le consumérisme. Cette vague commence véritablement aux Etats-Unis, avec le mouvement hippie – bien que l’on pourrait aussi remonter en arrière avec l’anti matérialisme des Beatniks à New York – qui rejette principalement trois fondements : la société de consommation, les valeurs traditionnelles, ainsi que le modèle social adopté par leurs parents. Deux types de comportements en ressortent : la communauté dans laquelle l’échange, à tous les niveaux (pour le meilleur et pour le pire) est pratiqué et le détournement de l’ordre politique pour changer le monde. Notamment en refusant de participer à des conflits armés comme celui de la guerre du Vietnam. Opposition que l’on retrouve aussi notamment dans les milieux étudiants français pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie. Et de fait, on remarque aussi certaines orientations similaires, dans les valeurs du mouvement hippie et celles qui ont mené au mouvement de grève en mai 1968, en France. A la différence prêt, que le mouvement hippie les pose sur un modèle pacifiste (héritage indien) qui lui est propre, alors que Mai 68 s’impose sur un modèle révolutionnaire propre au socialisme. Notons néanmoins que l’ennemi ici, dans les deux cas, est bien commun et celui-ci n’est autre que le capitalisme et la culture que ce dernier impose. La contre culture se développe parallèlement sur les campus des universités américaines (tout comme c’est le cas en France en ce qui concerne Mai 68) notamment à Stanford. Presque toutes les fonctionnalités des PC sont attribuées à deux de ses unités de recherche, dans lesquelles cette contre culture était très fortement ressentie : le Stanford Artificial intelligence lab et le Stanford Research Institute,3 dans lesquels on retrouve des activistes pacifistes comme Fred Moore, Doug Engelbart (qui déposera un brevet pour la souris en 1967), Stewart Brand, Alan Key, impliqués dans des associations comme le Homebrew Computer Club ou People’s Computer Company4. Ces derniers refusent en bloc, une informatique centralisée (représentée à l’époque par IBM). Ces idées nouvelles sont reléguées par des magazines comme Wired, qui possèdent des lignes éditoriales techno-utopistes5.
« Les courants de l’être universel circulent à travers moi ».
Cette citation de Ralph Waldo Emerson « s’apparente fortement à la promesse faite par l’internet d’accéder à une conscience universelle où chaque internaute est défini en termes de connaissances, de réputation, de relations d’amitié ou professionnelles et se fond dans un moi global (Over Soul), défini par l’immédiateté de son caractère auto transparent »6. Cette culture est particulièrement relative à la Silicon Valley pour laquelle la poursuite de l’excellence constitue un fondement majeur et pour laquelle « l’intérêt est vu au sens large »7. « La culture de la Silicon Valley incite la communication entre personnes et entreprises qui ne se connaissent pas, permettant une fertilisation croisée très rapide »8. L’échange est un élément majeur et interne à la culture informatique. Les hippies posent aussi les bases des mouvements écologistes, diamétralement contraires à la surproduction, puisque cette dernière épuise les ressources de la planète. Cette pensée verte introduira avec le temps une notion fondamentale de l’économie du partage, et notamment en généralisant l’acceptation d’utiliser des produits de seconde main plutôt que de les acheter neuf. Ce qui n’est plus forcément une obligation due à un manque de moyens, donc relative à une certaine forme de pauvreté, mais bien une question d’éthique. Et c’est ce qui nous différencie aujourd’hui des générations précédentes, pour qui ce type de démarche représentait purement et simplement un signe d’échec dans l’ascension sociale. De plus, si jusque dans les années 70, l’effet des trente glorieuses dynamise la surconsommation insouciante, les années 80 quant à elles, commencent doucement à introduire certaines notions qui font réfléchir dans le sens contraire. On parle alors de la dégradation de la couche d’ozone, de la destruction de la forêt amazonienne et les partis et mouvements écologistes comme Greenpeace commencent à généraliser l’évidence des effets pervers d’un certain type de capitalisme. La situation économique n’est plus désormais aussi favorable qu’elle l’était auparavant et les ménages moyens s’engagent alors dans une logique d’économie et de réduction de frais. Phénomène qui va progressivement s’accentuer dans les années 90 et dans la première décennie du XXI°siècle.
Lorsque la crise éclate en 2008, tous les éléments sont rassemblés pour que le pair à pair explose…
La prospérité est absente, la situation de l’emploi est délicate, les gens sont habitués à faire plus eux-même, le recyclage est devenu un réflexe, la confiance dans l’industrie est fortement réduite et le capitalisme est perçu de manière générale comme quelque chose de négatif, ce même pour une partie des américains qui vont élire Barack Obama comme président (qui à l’époque, même si ce n’était pas le cas, paraît aux yeux de nombreux américains comme un étendard du socialisme). Qui aurait pu croire au final que la contre culture initiée par les hippies dans les années 60 se serait étendue – au travers des innovations technologiques de la Silicon Valley – au monde occidental ?
Le concept du pair à pair s’est ensuite très vite développé par l’intermédiaire des plateformes sur internet et la suite, nous la connaissons…
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !