Que se passe-t-il chez Boeing ?

Ce vendredi 30 juillet est un très grand jour pour le géant aéronautique américain Boeing…

Ou plutôt, ce dernier pourrait bien​ être le pire car aujourd’hui l’entreprise joue une de ses dernières cartes en ce qui concerne son aventure spatiale. En effet, l’entreprise va tenter le deuxième essai à vide de sa capsule Starliner en direction de l’ISS. Un premier essai avait déjà échoué en 2019 et aujourd’hui il semble que ce soit le jour de la dernière chance. 

Pour rappel, la NASA a désigné, en 2014, deux entreprises privées capables de concevoir les véhicules spatiaux pour transporter les astronautes américains (et accessoirement les astronautes d’autres nationalités), dans un premier temps vers la station spatiale internationale et dans un second temps vers la Lune avec le projet Artemis. Ces deux entreprises sont, comme on les sait, la toute jeune SpaceX d’Elon Musk ainsi que le dinosaure Boeing…

Écart de génération ? Peut-être pas !

​SpaceX d’un côté et B​oeing de l’autre. Autrement dit les gamins d’un côté, les professeurs de l’autre. C’est du moins ce que de nombreux ingénieurs d’âges mûrs, qui abondent dans les couloirs de Boeing​ ont dû se dire à l’époque par rapport à une entreprise qui n’avait jamais rien prouvé. Seulement voilà, les temps ont changé et si la fable du lièvre et de la tortue devait être transposée au XXI°siècle, c’est bien le lièvre qui gagnerait la course. Car Boeing a accumulé deux ans de retard sur le développement de sa capsule, alors qu’aujourd’hui SpaceX est complètement opérationnel dans le domaine et transporte déjà – dans un contexte de vol commercial  – des astronautes vers l’ISS. Aujourd’hui, si le deuxième essai de Starliner échoue, Boeing risque clairement de perdre toute sa crédibilité. Non seulement par rapport à la NASA, mais aussi envers les astronautes qui seraient, dans le futur, appelés à voyager à bord de cet appareil (du moins, si un jour les ingénieurs arrivent à le faire voler en toute sécurité). Et ceci, bien entendu en admettant que l’agence spatiale américaine conserve le contrat qui le lie à l’avionneur.    

Une entreprise trop vieille…

Si Boeing échoue cette fois, il semble qu’elle pourrait être forcée de regarder d’autres entreprises s’amuser dans l’espace à sa place. Surtout qu’un challenger de poids commence lui aussi à rentrer dans la cour des grands… Il s’agit – vous l’aurez probablement deviné – de Jeff Bezos. Un challenger qui possède un charisme, un parcours sur le secteur spatial (bien qu’avec un peu de retard) et une force d’esprit comparable à Elon Musk. Chez Blue Origin comme chez SpaceX, la culture d’entreprise se base sur le même esprit que dans la Silicon Valley (bien que Bezos soit issu de l’écosystème technologique de Seattle). 

Le problème de Boeing, tout comme dans la plupart des entreprises centenaires, réside dans une structure administrative très lourde. Trop lourde même. La diversification de ses produits est elle aussi trop large que pour pouvoir avoir des équipes qui se concentrent sur un seul domaine et s’y jettent à corps perdus. Ce qui est le cas de ses jeunes concurrentes. Jeff Bezos à lui même quitté son poste de DG chez Amazon pour pouvoir se concentrer sur son entreprise spatiale Blue Origin, donc l’enjeu est de taille et le vieux Boeing semble un peu perdu dans ce siècle qui va un peu trop vite pour lui.

Des doutes ?

En mars 2020, nous apprenions que le célèbre transporteur  B747-400 – qui fut pendant longtemps le plus gros avion de transport civil au monde – était encore mis à jour par, accrochez vous bien… des disquettes ! Une technologie dont vous n’avez plus jamais entendu parler depuis une bonne vingtaine d’années. Et pour les plus jeunes, dont ils n’ont probablement jamais entendu parler de leur vie. Faut-il aussi rappeler qu’à peu près au même moment, la flotte mondiale​ du fleuron de la nouvelle génération de transporteur de l’aéronaute américain – le 737 Max – était clouée au sol, avec en prime un arrêt total de la production sur les chaî​nes de construction ?​

Si on peut – dans une certaine mesure-accepter un problème de construction (et encore, en ce qui concerne l’industrie aéronautique, le sujet est vraiment délicat), l’exemple des disquettes est tout à fait emblématique de l’esprit général qui règne dans les entreprises centenaires. Nous parlons souvent de Kodak, qui a dû jeter l’éponge en 2012 parce que les membres de son conseil d’administration refusaient d’accepter qu’il était impossible que les gens puissent regarder un jour des photos sur des écrans…On pourrait aussi citer dans le même registre, le DG d’Intel qui en 1992, déclare publiquement qu’il serait illusoire de penser qu’un jour, chacun de nous pourrait avoir un petit téléphone mobile dans notre poche. 

Combien de grandes entreprises ont mis la clé sous le paillasson parce qu’elles se sont enfermées dans un refus complet que le monde et les habitudes de consommation ne seraient plus les mêmes que par le passé ?

Probablement un peu trop et il semble que Boeing soit sur une voie de garage si cette entreprise qui est encore aujourd’hui légendaire n’arrive pas à se remettre en question. L’Union Européenne devrait d’ailleur y faire attention car, des quatre missions spatiales qui étaient censées partir vers Mars dans le courant de l’été 2020, la seule à être​ restée clouée au sol était celle de l’ESA…​

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