En 1949, Mao avait un rêve…
Celui de ramener tous les résistants au régime communiste chinois, réfugiés sur l’île de Taïwan, dans le droit chemin (enfin ça c’était sa version des choses, on sait qu’il n’y a pas eu que des heureux sur ce chemin qui se voulait si droit). Seulement voilà, la guerre de Corée arrive et ses projets sont mis de côté.
On aurait pu croire qu’avec le temps, les chinois auraient accepté l’indépendance de Taïwan, mais malheureusement c’était sans compter sur ce cher Xi Jinping qui en a fait le cheval de bataille de son troisième mandat. Et en ce début de mois d’avril 2023, il s’est même autorisé une petite démonstration de force en déployant des navires militaires, des missiles et des avions de chasse, à proximité de l’île.
Jusqu’ici, ce geste d’intimidation n’a pas eu de suite, mais tout le monde (ou presque) a quand même eu un gros frisson dans le dos. Car si Pékin passe à l’acte, on peut parier clairement sur une dégringolade avec les occidentaux et franchement on pourrait s’en passer…
Pékin pourrait retarder l’invasion ?
Certains analystes avancent aujourd’hui l’hypothèse que la Chine pourrait retarder finalement son invasion, au moins pour un temps. Et finalement cela pourrait éventuellement tenir la route, mais…
Le président chinois pourrait, en effet, faire preuve d’un peu de patience car les élections présidentielles taïwanaises de janvier 2024, devraient changer les choses et ce, sans provoquer un seul coup de feu. Pékin caresse toujours l’espoir de placer un de ses pions pro-chinois et de tirer les manettes à domicile. Un peu comme le fait Poutine avec le président biélorusse (ou la Chine avec Hong Kong).
De deux choses l’une, soit un favori de Xi remporte les élections et la transition pourrait se faire dans le calme, soit un candidat farouchement opposé au communisme chinois remporte les élections, et l’invasion est imminente.
Pour rappel, la Chine considère l’île comme faisant partie de son territoire et refuse catégoriquement toute rencontre officielle de celle-ci avec des pays étrangers. Il faut comprendre – si c’est possible pour un occidental – la logique chinoise, mais enfin, c’est la logique chinoise.
Le problème c’est que la présidente taïwanaise s’est rendue en Californie de manière quant à elle très officielle. Cela est venu s’ajouter à la visite (toujours très officielle) de Nancy Pelosi quelques mois avant, en août 2022. Résultat des courses, les huiles de Pékin sont furieux et ça n’a pas manqué, les manœuvres militaires chinoises ont commencé.
L’arme qui pourrait mettre le monde à genoux…
Deux choses pourraient cependant contredire l’éventualité dans laquelle Pékin se montrerait patiente :
La première, c’est Vladimir Poutine. En effet, ce dernier pourrait tirer un grand profit d’une déstabilisation de l’équilibre politique mondial. Une rencontre en haut lieu, s’est d’ailleurs déroulée entre les deux dirigeants russes et chinois en mars 2023. On ne sait pas ce qui s’est dit, mais il est clair que les questions occidentales, ukrainiennes et taïwanaises étaient sur la table.
La deuxième chose qui pourrait pousser la Chine à l’invasion de Taïwan, c’est bien entendu le potentiel de l’île en matière de production de semi-conducteurs…
En ce moment, le bloc occidental développe des projets (par dizaines) d’implantation de sites de production sur leurs territoires respectifs – américains en tête – et tout cela dans le but d’être complètement autonomes dans les prochaines années. Mais cela prend du temps (deux, voire trois ans avant d’avoir des sites opérationnels).
L’autre problème et non le moindre, c’est que dans le cas d’une invasion imminente de Taïwan, la Chine pourrait sortir l’arme du chantage aux semi-conducteurs et ce sur plusieurs plans…
Et maintenant que fait t-on ?
En cas d’invasion, la riposte occidentale sera claire, car le monde entier dépend en grande partie de Taïwan (du moins dans le secteur évoqué). Personne n’a en effet envie de voir les deux tiers des usines dans le monde en situation hors service.
Cependant, Pékin pourrait facilement mettre le monde entier au pas et de ce fait éviter les sanctions, en brandissant justement la menace fatale. A savoir, couper les robinets et légitimer de ce fait le retour au bercail de ces renégats täwanais.
Soyons clair : dans deux ans, Taïwan ne vaudra plus ce qu’elle vaut aujourd’hui. Si la Chine opérait son invasion à ce moment-là, elle serait condamnée tout aussi immédiatement par les pays occidentaux qu’elle pourrait l’être maintenant, mais elle n’aurait plus vraiment de moyens de pression sur eux. Ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui d’autant plus que de nombreuses entreprises étrangères quittent le territoire chinois pour se relocaliser.
Elle a donc tout intérêt à passer à l’action maintenant. Et même si on met de côté l’option de priver le monde de l’approvisionnement de semi-conducteurs, la Chine pourrait très bien faire la pluie et le beau temps en matière du prix de ceux-ci. Les premiers touchés seraient bien entendu les européens qui se verraient, une fois de plus, affaiblis. Tout cela, au grand bonheur des russes à qui nous tenons tête.
Autre problème, abordé de manière plus commerciale cette fois, imaginons que les usines en Occident soient à la traîne pour manque d’approvisionnement – ce qui fut le cas en 2021 – la Chine pourrait aussi profiter de la situation pour nous vendre – d’une manière diplomatique, comme elle sait si bien le faire – des produits que nous n’avons pas ou plus. De fait, pour faire gonfler son économie. Rappelons-le, par exemple pour le secteur automobile, une myriade de constructeurs chinois n’attendent que de nous envahir, surtout en ce qui concerne la mobilité électrique.
Donc, oui, Xi Jinping pourrait se montrer patient, du moins jusqu’à janvier 2024, mais on sait que les chinois opèrent toujours avec une constance, et la question taïwanaise restera sur la table quoiqu’il arrive.
A bon entendeur…