Qu’est ce que la Chine, l’Europe et les Etats-Unis ont en commun ?
Oui, il y a bien un point commun entre les trois plus grandes puissances du monde et ce n’est ni le système capitaliste avec lequel elles fonctionnent, ni même leur influence économique…
De fait, les Big three ont en commun, l’intention de détruire leurs monnaies respectives pour les remplacer par des monnaies numériques centralisées. Entendez par là, contrôlées par leurs propres banques centrales.
Bien vous me direz, finalement, cela ne va pas changer grand chose pour nous et après tout, la centralisation des données médicales est très efficace pour les patients et de plus elle avantage très sérieusement la recherche scientifique, pourquoi n’en serait-il pas donc de même avec la centralisation de nos finances ?
C’est vrai, la centralisation d’une monnaie pourrait offrir – comme dans le domaine de la CQ – de nombreux avantages, mais elle possède aussi ses côtés obscurs dont peut être le plus important, celui de ne plus vous appartenir…
Money is dead and it’s good for Big Bro !
Lorsque l’on parle du côté obscur des monnaies numériques, ce n’est pas du tout un hasard car effectivement, on ne sait pas très bien ce qu’un Etat serait capable de faire s’il était directement propriétaire de votre argent… Un argent qui n’est plus véritablement à vous, un peu comme dans les films de science fiction, lorsque l’on évoque les crédits plutôt que les devises (ne souriez pas la Chine a déjà instauré un crédit social), ça vous dit ?
Tout le chic du projet (en l’occurrence les monnaies numériques centralisées) consiste en l’absence de transparence des pouvoirs politiques, par rapport à la mise en place de ces monnaies, mais surtout dans le fait que nous avons déjà depuis longtemps acquis l’idée d’une dématérialisation de notre propre monnaie, et tout cela dans le but de nous faire accepter une nouvelle idée très abstraite. De là, on ne voit pas forcément la différence entre cette nouvelle monnaie dématérialisée et celle que nous utilisons pour payer nos achats en ligne…
Oui, mais il y a cependant une différence importante, car l’argent que nous donnons en ligne provient directement de nos ressources financières personnelles, lesquelles sont émises indirectement par les banques nationales. Tout le problème ici est de savoir comment ces nouvelles monnaies numériques se distribueraient ?
La Chine a déjà opté pour un système d’émission centralisée – ce qui n’a rien d’étonnant – mais les délivre aux banques commerciales « qui, en retour, émettent l’argent destiné aux entreprises et aux particuliers sous la forme d’un portefeuille numérique, auquel ils accèdent via une application mobile autorisée par la banque centrale. ». N’oublions pas que sur le sol chinois, le seul vainqueur est le gouvernement de Pékin qui de plus est légitime et à qui il faut tout rendre. En bref, même si on veut montrer patte blanche, c’est quand même le gouvernement central qui dirige tout !
Reste à savoir d’une part jusqu’à quand et d’autre part comment allons-nous gérer ces monnaies (ou plutôt ce que l’on va devenir par rapport à celles-ci) dans un contexte occidental ?
Du bon et du pas bon… du tout !
Ce n’est un secret pour personne, l’argent c’est le nerfs de la guerre et les ministères des finances du monde entier déploient des tonnes d’idées pour que celui-ci ne lui échappe pas dans le meilleur des cas, ou le moins possible, dans le pire. Aussi il est clair qu’une monnaie visible, à laquelle aucune surveillance n’échappe, constitue un véritable Graal très largement alléchant. L’ouverture d’un compte individuel, un peu comme celui qui est lié à l’identité et à la sécurité sociale serait donc le meilleur moyen pour contrôler toutes, absolument toutes, les transactions financières de chaque individu.
Deux questions semblent donc venir à l’esprit par rapport à tout celà :
La première est celle de la sécurité en matière de protection des données et on sait que quand il s’agit de protéger le citoyen par rapport aux GAFAM, Thierry Breton est toujours disponible, mais en ce qui concerne cette protection par rapport aux institutions publiques, il faut bien admettre que personne n’est à l’abris d’une surveillance accrue.
La seconde question consiste à se demander jusqu’où l’administration européenne pourrait aller en étant finalement titulaire de chacun des comptes des citoyens qui peuplent son territoire.
Nous le savons, nous ne pouvons pas attendre quoique ce soit de la Chine en termes de démocratie. Le communisme n’est pas fait pour cela, bien au contraire la liberté individuelle n’y a pas sa place. Mais en ce qui concerne les américains et les européens, les choses sont extrêmement différentes car les deux nations sont très attachées à la notion de liberté.
En réalité, le véritable problème de ces monnaies numériques officielles est le contrôle dont elles pourraient faire l’objet par l’organisme qui les fabrique…
Oui mais, il y a peut-être du positif dans cela ?
Imaginons une société où toutes les données financières d’un individu sont concentrées sur un seul compte qui est lui-même détenu par une banque centrale ?
En fait, cela ne change pas notre quotidien parce que finalement, nous n’en sommes pas très loin. Mais imaginons maintenant que cette même banque centrale puisse contrôler les dépenses d’un individu.
Difficile, me direz-vous ?
Et bien en fait clairement non, car – et oui, on ne peut plus se passer d’elles – des Intelligences Artificielles sont maintenant capables d’analyser la moindre transaction venant de partout dans le monde, sauf celles, bien entendu, qui se font de mains à mains avec de l’argent concret (et encore elles sont capables de faire en amont, un travail remarquable).
Les scénarios catastrophes sont bien entendu nombreux :
Le gouvernement pourrait geler votre compte en banque centrale, en cas de désobéissance civile. Qu’il s’agisse d’une voiture électrique que vous ne voulez pas acheter et de vos dépenses en termes d’énergies dont vous auriez pu dépasser le quota, tous les phantasmes sont bons pour alimenter une machine qui pourrait en fait nous faire passer à côté d’opportunités qui pourraient peut-être équilibrer la vie de tout en chacun. Mais cela dépend toujours et avant tout de celui qui tient les manettes…
Oui, c’est certain, les risques de surveillance et de chantage pour transformer un individu complètement indépendant, en parfait petit citoyen docile qu’il est supposé être, sont énormes, mais d’un autre côté toutes les transactions criminelles – liées à l’argent – ne pourraient plus vraiment se faire dans l’ombre. D’autre part, il faut voir aussi les possibilités d’accès aux services publics et privés qu’elles pourraient générer et le temps que cela ferait gagner à chacun. La centralisation des comptes civiles ou bancaires quels qu’ils soient, peuvent poser certains problèmes mais ne sont-ils pas non plus sérieusement utiles aujourd’hui ?
Cette éventualité de transformer une monnaie qui est bien réelle en une monnaie numérique soulève de nombreuses questions par rapport aux sociétés du futur :
La criminalité comme nous venons de le voir pourrait être très largement revue à la baisse, le conformisme et le civisme pourraient aussi s’accentuer considérablement (et in fine faire chuter considérablement la criminalité), le manque d’argent pourrait finalement ne plus poser aucun problème aux plus pauvres, puisque ce dernier pourrait être produit et distribué intelligemment sur base d’algorithmes, ce qui nous amène aussi au questionnement récurrent du revenu universel (ou plutôt de sa gestion).
Les monnaies numériques centralisées ne sont pas qu’un simple débat, elles définissent clairement le chemin que les sociétés les plus importantes (économiquement) vont prendre dans le futur. Mieux encore, elles nous donnent des informations importantes sur les personnes pour lesquelles nous voterons demain…
Pan Gongsheng, Jérôme Powell ou Christine Lagarde sont aujourd’hui les trois personnages les plus puissants du monde, bien avant leurs chefs respectifs. La véritable question est en fait de savoir si vous voudriez voter pour eux ?
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !