S’il est bien une entreprise qui a le chic pour provoquer des polémiques et pour s’attirer les foudres des pouvoirs publics, c’est bien Uber…
Et pour cause, Uber est née dans un contexte très particulier, celui de la transition d’un monde industriel – qui avait donné aussi vie à une dictature des taxis – vers un monde numérique. Mais l’entreprise est avant tout née d’une idée géniale qui comblait avant tout, une profonde frustration humaine et c’est là que le bas blesse.
Si Uber a eu, dans sa courte histoire, autant de problèmes avec les administrations, c’est qu’elle gênait très clairement un secteur qui lui même était hyper protégé par des officiels. Pour rappel les taxis parisiens, c’est un monopole qui n’en porte pas le nom, qui fut légué par François Mitterrand à un de ses proches collaborateurs. Autant dire que quand deux petits jeunes venus en vacances des Etats-Unis – ne trouvant pas de taxis à leur disposition, vu que le marché est muselé – se disent qu’il serait grand temps de changer les choses et bien ça ne peut que mal se passer…
Jamais sans Uber !
Nous avons vécu sans Uber, c’est certain !
Heureux nous vivions (ce n’est pas si certain), heureux aussi nous étions puisque nous n’avions pas d’autres possibilités que d’utiliser un service de taxi ou pire encore des transports en commun (du moins si nous n’avions pas accès à une mobilité individuelle).
“Si vous nous obligez à considérer nos chauffeurs comme des salariés, nous quitterons de nombreuses villes en Europe et vous aurez des milliers de personnes sans emploi ».
C’est en somme le message qu’adresse les dirigeants de l’entreprise américaine à une Union Européenne, désireuse d’obliger ceux-ci à salarier les chauffeurs (et les livreurs) qui ont souscrit à l’application en quelque sorte, à la base, pour arrondir leurs fins de mois. Seulement voilà, quand on légifère, on résout peut-être certains problèmes mais on en crée aussi de nombreux, voire même de très nombreux. Et les législations ont forcément mené les huiles de l’Union Européenne face à une problématique qui est – qui pourrait en douter – d’ordre fiscal. La sécurité sociale universelle imposait avant tout un contrôle permanent du salariat. Sans ce contrôle tout s’en va et forcément la principale victime de l’innovation qui nous concerne ici (puisqu’elle était la seule sur le marché), n’a pas hésité une seule minute pour attaquer cet angle et pour essayer d’en finir avec son seul, nouveau et unique adversaire et forcément la mayonnaise n’a pas eu vraiment de difficultés à prendre dans les écuelles brillantes des hauts lieux…
Le court terme, pas bon à prendre !
Si le chantage de l’Union Européenne venait à avoir raison et si l’entreprise quittait le territoire, que ferions-nous ?
Non, on ne parle pas ici de bureaucrates aux gros salaires, qui s’en fichent de payer cher et vilain un service de voiturage (autrement dit de taxi, puisque sans Uber, nous n’aurions guère d’autres choix), mais nous parlons bien ici du citoyen lambda…
Sans trop réfléchir, dans le cas où Uber quittait l’UE, nous pourrions dire que finalement, cela ne va pas changer grand chose à nos vies et pourtant il suffit de regarder plus en détail les problématiques que l’entreprise posent ou résolvent pour réaliser que les choses sont très loin d’être simples :
Quel est le rôle de l’Etat et comment s’octroie t-il le droit de s’ingérer à ce point ultime dans une économie qui est avant toutes choses du ressort du secteur privé (jusqu’ici et jusqu’à preuve du contraire, la liberté d’entreprendre reste encore une valeur occidentale fondamentale) ?
Ensuite, que fait-on avec tous ces gens qui étaient auparavant, soit laissés sur le côté, soit qui éprouvent les besoins d’arrondir leurs fins de mois ?
On poursuit avec la question qui consiste à se demander de quel droit une administration peut-elle obliger une entreprise à salarier – sous la contrainte – des indépendants ?
Et ce n’est pas encore fini, on peut aussi se demander de quel droit une administration s’oppose-t-elle ou peut-elle s’opposer à l’innovation (dans le sens large du terme, autrement dit dans la rupture avec des modèles existants) ?
Quel impact cela va-t-il avoir sur le pouvoir d’achat des gens qui ont recourt d’une part et d’autre aux services d’Uber ?
Qu’allons-nous faire lorsque d’autres régions du monde seront largement plus développées, parce qu’elles auront eu le courage de dire non à une sorte de conservatisme complètement aveugle ?
Dans quelle mesure l’Union Européenne est-elle capable de ruiner le beau projet européen à ce point et qu’est ce que cela va lui coûter (ou pour être plus précis va nous coûter) ? Des pertes considérables en gains de productivité ? Une fuite massive vers d’autres régions, des talents et des capitaux dont nous disposons aujourd’hui, sur notre propre sol ?
Enfin, il faut mentionner que même si Uber pourrait éventuellement s’en aller, il reviendra tôt ou tard, quand les voitures autonomes auront eu raison du marché et il est fort probable qu’il ne faudra pas attendre un siècle pour que cela arrive…
Des porteurs d’eau encore et encore ?
Prétendre que nous pourrions vivre très bien sans Uber est similaire au fait de prétendre que nous pourrions vivre sans Apple, sans Microsoft voire même sans Tesla !
Non, ce n’est certainement pas le cas, car personne n’a été capable avant les fondateurs de ces entreprises d’imaginer un seul instant que le monde pourrait être différent, ni chez Volkswagen, ni chez Airbus et certainement pas chez Chanel !
L’innovation est une valeur que – à défaut de posséder, puisqu’apparemment, nous en sommes totalement démunis – nous devons absolument nous approprier, même et surtout si elle vient des Etats-Unis.
C’est cela le défi occidental !
La question est maintenant de savoir quels sont les éléments qui pourraient sortir Uber de cette arène dans laquelle ces animaux enragés s’acharnent pour la détruire.
Pour reprendre un exemple cher à Laurent Alexandre, voulons-nous vraiment refuser l’eau courante pour conserver une profession qui est en train de mourir, celle des porteurs d’eau ?
L’UE (ou les pays membres à différents niveaux) a fait et fait toujours beaucoup de bêtises et une des plus grosses d’entre-elles fut d’obliger des chauffeurs Uber à adopter une forme légale de statut fiscal, alors que le système en lui même, portait les gènes de la répartition de ressources inutilisées. Un comble quand on sait que les dirigeants européens donnent des leçons de morale au monde entier (Thierry Breton en ligne de front).
En gros faites ce que je dis, mais surtout pas ce que fait !
En attendant l’innovation est muselée, les lobbies continuent de gagner, le microcosme économico-politique continue de faire la pluie et le beau temps sur la population, l’archaïsme reste de mise et cette même population est toujours aussi fauchée…
La faute à qui ?
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
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