Les temps sont durs pour Netflix…
La concurrence ne cesse d’augmenter dans le streaming vidéo et l’entreprise est très peu diversifiée par rapport à ceux qui se lancent dans l’aventure. Ce qui fragilise sérieusement la firme fondée par Reed Hastings et Marc Randolph. Pour la troisième fois depuis sa création en 1997, elle va devoir réinventer son business model et le moins que l’on puisse dire, c’est que chaque fois que Netflix s’est remise en question, la transformation a été révolutionnaire.
Tout ce que l’on peut espérer, c’est que cela ne changera pas…
Devoir s’adapter très vite, un signe des temps qui courent…
Il est bien loin le temps où une entreprise pouvait imposer son modèle pour un siècle !
L’obligatoire remise en question qu’une jeune entreprise comme Netflix doit affronter aujourd’hui, démontre que l’on doit en permanence être sur ses gardes pour ne pas se faire dépasser. Alors qu’il y a encore quelques années d’ici, elle était à peu près la seule entreprise dans le monde du streaming vidéo, elle se retrouve aujourd’hui en concurrence avec Amazon, Apple, Disney, Warner, Paramount, Youtube, Universal, Salto et c’est sans compter sur des acteurs moins importants comme Fubo. Pour celui qui regarde, c’est bien trop de choix, d’autant plus qu’on s’écarte du prix démocratique que le streaming offre à la base, si on s’abonne à tous ces services. Bref, le secteur est loin d’être sexy, d’autant plus que Netflix se retrouve en compétition aussi dans le domaine de la production de films et de séries, avec plusieurs de ces entreprises. Ce sont deux raisons suffisantes pour se réinventer, et vite car les investisseurs commencent à bouder ce pionnier de la VOD (vidéo on demand).
Apparemment chez Netflix on est plutôt réaliste, puisque 2022 devrait voir la naissance d’une offre de jeux vidéo en streaming (et cela sans supplément de prix). C’est une idée intéressante puisque le jeu vidéo et le cinéma sont deux domaines qui se rapprochent de plus en plus avec le temps. Un rapprochement qui est tel que l’on pourrait même se demander si nous ne jouerons pas dans les films que nous regardons (mais aussi que les autres verront) dans les années à venir. C’est apparemment une possibilité que l’entreprise pourrait explorer et plutôt facilement étant donné qu’elle possède tous les outils dans la production de l’un comme de l’autre (Netflix a racheté le studio de production de jeu Night School en septembre 2012)…
Oui, mais ce n’est pas gagné…
Malheureusement, cela ne durerait qu’un temps car Netflix se ferait très vite rattraper par ses concurrents, qui eux aussi sont pour la plupart, déjà des acteurs dans ce domaine. Toujours est-il qu’investir dans des contenus de plus en plus créatifs et de qualité reste une priorité pour garder la barre, mais cela ne suffira pas. D’un autre côté, diversifier l’offre de produits culturels, c’est aussi aller vers la musique, le podcast ou les livres audio, mais c’est avant tout entrer en concurrence avec des acteurs désormais bien assis dans ces mêmes domaines. Toutefois c’est une piste logique et le phénomène des Super App, démontre que les entreprises technologiques ont tendance à diversifier leurs services au maximum. En ajoutant une offre de jeu vidéo, c’est aussi dans cette voie là que Netflix va. Il serait d’ailleur très pratique pour un utilisateur d’avoir sur son écran, une offre complète de tous les types de produits culturels qui existent : cinéma, musique, jeux, livres audio, clips vidéo… Mieux encore, des archives radio, des moments anthologiques de la télévision ou bien encore les meilleures publicités ou lancements de films de l’histoire, qui pourraient être entièrement remasterisés, remis en couleurs, voire détournés de leurs contextes initiaux.
Pourquoi pas après tout ?
C’est intéressant comme approche, mais Netflix, c’est déjà une jungle dans laquelle il est difficile de se retrouver. Il vous est probablement arrivé de passer une demi heure à chercher une série ou un film sur Netflix ? Oui certainement et c’est un véritable problème…
Une option intéressante – et qui pourrait être très lucrative – pour pallier cette faille, serait de proposer une gamme de programmes sur mesure aux utilisateurs (ce qui n’empêche pas non plus de garder le système existant). Ces programmes pourraient mélanger des clips musicaux, des images d’archives, des vieilles publicités et ensuite un film (ou une série). Il est vrai que cette méthode était utilisée par les chaînes de télévisions dans les années 80 – et l’est parfois encore – et que ce n’est pas vraiment dans l’ADN de l’entreprise, puisque c’est avant tout le choix qui importe – mais avec les algorithmes actuels, c’est un véritable jeu d’enfants à mettre en place…
Satisfaire l’imaginaire du post spectateur…
Il faut offrir au spectateur une expérience client exceptionnelle et pour trouver une nouvelle voie pour révolutionner le monde, il faut tout d’abord faire ce que fait exactement le cinéma ou le jeux vidéo, c’est -à -dire aller chercher dans l’imaginaire du client.
Cela se joue sur deux axes : l’interface et le contenu.
Proposer des programmes préconçus pour un client pourrait par ailleurs s’accompagner de choses à manger et à boire pour passer une bonne soirée. C’est d’ailleurs, ce dans quoi s’est lancé Tik Tok. Mieux encore, les technologies permettent aujourd’hui de regarder le même programme pour plusieurs personnes (mais ciblées) répartis sur différents points de la planète (en même temps). Ce qui est intéressant, ici, c’est que le spectateur se retrouve au centre et participe à quelque chose. Le produit culturel devient un outil qui permet de s’amuser et ne constitue plus une finalité. Et c’est là qu’il faut mettre le doigt. L’expérience est primordiale pour le spectateur, mais il s’agit aussi de l’intégrer au spectacle, d’une manière ou d’une autre, ce qui sera indispensable dans le futur.
Regardez le succès du web 2.0 :
Wikipédia, Tripadvisors, le blogging, le youtubing et les milliers de plateformes sur lesquelles les gens ont fait exploser leur créativité, on voulu écrire des articles, faire des critiques et devenir de véritables acteurs du monde, à part entière. Cela démontre clairement que l’humain veut être au centre et qu’à l’avenir celui qui lui donnera cette satisfaction comblera un besoin inné et indestructible.
Revenons un instant à l’idée d’une fusion entre le cinéma et le jeu vidéo…
Vous vous souvenez peut-être de ces livres dont vous êtes le héros ? Ils ont eu, en leur temps un certain succès, mais ne se sont pas imposés comme un standard. Néanmoins ils possédaient cette double faculté pour le lecteur d’être l’acteur d’une histoire, mais aussi de satisfaire le besoin d’être au centre des choses (et pas forcément celui d’être au centre des autres).
Celà nous mène à deux points :
Une fusion du film avec le jeu vidéo (voir même avec le théâtre) dans laquelle un spectateur pourrait participer à la production en tant qu’acteur ou influenceur. La deuxième serait une possibilité de proposer des contenus semi-professionnels faits par les spectateurs eux-mêmes. Une des plus grandes révolutions de notre siècle a été, pour des grosses entreprises technologiques, de réaliser qu’il était bien plus intéressant de laisser au monde entier la possibilité de participer, à la place de déployer des moyens titanesques pour faire les choses soi-même. C’est une réalité qui nous a explosé à la figure, et c’est peut-être aussi la nouvelle révolution que nous prépare Netflix en ce moment…