Si vous avez eu l’occasion de voir la dernière Keynote d’Apple le 08 février dernier, vous avez peut-être éprouvé une légère frustration en constatant que cette légendaire entreprise technologique nous a habitués à mieux. Nous n’avons eu en effet, à faire qu’à de simples améliorations de produits existants. Malheureusement, il faut bien admettre qu’à ce stade, rien de révolutionnaire ne pointe à l’horizon. On pourrait même regretter que LG ait fait beaucoup mieux il y a quelques semaines…
L’amélioration technologique, c’est bien mais la révolution c’est mieux…
Pourquoi Tim Cook n’a pas présenté une Apple Car, une paire d’ Apple Glass ou des futurs projets d’Apple City, d’Apple House, d’Apple Jobs ou d’un nouveau système de production énergétique alternatif nommé Apple Energy ?
L’énergie et l’écologie sont bien entendu au rendez-vous et il est vrai que l’entreprise essaye de se détacher d’une très mauvaise image héritée du passé. C’est vrai, et elle réussit plutôt bien sa transition vers des appareils beaucoup plus puissants tout en étant beaucoup moins énergivores, mais est- ce assez ?
Non bien entendu car une révolution ne doit pas attendre…
Apple développe selon sa tradition des produits extrêmement performants (et onéreux), y compris en utilisant désormais ses propres microprocesseurs, ce qui est, il faut bien l’avouer une solide performance. D’autant plus qu’avec Tesla, Apple est une des rares entreprises à avoir levé la tête hors de l’eau par rapport à la pénurie de semiconducteurs qui fait rage maintenant depuis un an.
Bref, comme d’habitude, les produits Apple se font toujours de plus en plus merveilleusement performants, mais bon voilà, il ne s’agit de rien de plus que de produits merveilleusement performants…
Signe véritable d’un déclin ou bien bombe à retardement ?
Tim Cook (Apple), Satya Nadella (Microsoft) et Sundar Pichai (Google) ont une chose en commun : ce sont des gestionnaires d’entreprises exceptionnels, mais ils n’ont pas vraiment envie de révolutionner le monde, alors que c’était dans l’âme même de leurs prédécesseurs (respectivement Steve Jobs et Stephen Wozniak, Bill Gates et Paul Allen ainsi que Larry Page et Sergey Brin). Et il faut bien avouer que venant d’Amazon et de Meta, les révolutions ne vont pas non plus de bon train, même si on pourrait croire que le métavers de Marck Zuckerberg pourrait dans l’avenir révolutionner notre manière de communiquer et de travailler. Toujours est-il qu’en ce moment, ce métavers n’est qu’un prétexte pour vendre deux produits et améliorer les fonctionnalités des réseaux sociaux. Donc pas de révolution !
Pourtant, nous nous sommes accoutumés aux produits et aux services numériques et n’attendons pas du tout qu’ils stagnent. Bien au contraire, nous attendons qu’ils améliorent notre quotidien un peu plus tous les jours. Mais ne voulons nous pas que nos vies changent un tant soi peu ?
Signe du temps, on commence de plus en plus à parler des Future Five, c’est-à-dire les cinq entreprises qui pourraient bousculer les géants du Web. On pourrait de ce fait se demander si ces entreprises seraient de jeunes startups créées dans des garages ou dans des chambres universitaires comme ce fut le cas pour de nombreux colosses du numérique, mais il semble que ce serait infructueux car les surprises viennent aujourd’hui de LG, de Hyundai, d’Uber ou d’AirBnB. Qui aurait pu croire, par ailleurs, que cette dernière aurait pu servir de plateforme humanitaire pour aider des réfugiés ukrainiens ?
LG dans ses dernières présentations a montré qu’au travers d’un écran, le coréen était aussi capable d’entrer en concurrence directe avec les produits et services d’Apple, y compris sur l’intelligence artificielle, et cela bien entendu pour des coûts largement inférieur à ceux d’Apple…
Une révolution ne passe pas par un produit révolutionnaire, mais surtout par ce qu’il peut révolutionner…
Si l’Iphone a révolutionné le monde, c’est avant tout parce qu’il engageait une rupture complète avec la téléphonie mobile et non parce qu’il améliorerait les appareils Nokia et Ericsson existants. Bien entendu, l’Iphone 13 est une pure merveille technologique et peut être même écologique, mais il ne constitue en rien une révolution dans le sens où il ne va rien changer à nos vies. Si on se réfère à son illustre ancêtre, ce dernier à non seulement mis à terre la téléphonie mobile – qui plus est, a été renversée par des réseaux sociaux en ligne – mais il a aussi et surtout ouvert la route à une dématérialisation d’une grande partie de produits et de services distribués dans le monde. Combien de produits matériels englobe-t-il aujourd’hui, alors que ces derniers étaient autrefois complètement isolés (chaine Hifi, TV, bibliothèque, réveil radio, appareil photo, etc) ?
Le téléphone mobile est devenu le support physique d’une véritable plateforme qui nous facilite la vie de tous les jours. Mieux encore, il est devenu un outil indispensable qui nous élève au quotidien. Malheureusement, aujourd’hui il n’est plus jamais que cela, et rien de plus. L’Iphone 13 présenté par Tim Cook le 8 mars dernier, comme tous les autres produits ne prolongent que ce qui existe déjà et sont malheureusement conçus pour faire rentrer de l’argent dans des caisses déjà bien remplies. Le problème, c’est que rien n’est fait pour faire rentrer de l’argent dans nos caisses qui sont toujours un peu trop vides, surtout en ce moment.
L’Iphone et ses concurrents ont amené une démocratisation de services et de produits vendus autrefois souvent à des prix prohibitifs. Les réseaux sociaux en ligne et des plateformes comme Youtube ont démocratisé les télécoms, tout comme AirBnB, Uber, Spotify ou Netflix ont aussi révolutionné leurs domaines respectifs en termes de prix (et pas seulement), entraînant de ce fait le monde vers une société du coût marginal 0 ou presque.
Les futures Big five seront ceux qui arriveront à nous donner un moteur plus rapide pour pouvoir atteindre cette étape ultime, rien de plus.
