Cette semaine, je voudrais vous parler d’une frustration…
Vous voyez, ce genre de frustration, vraiment, vraiment, vraiment très profonde ?
En ce moment, je suis à la fois occupé à chercher un éditeur pour un essai que je viens d’écrire et en même temps à la recherche d’une galerie à New York, qui pourrait m’aider à booster ma carrière en tant qu’artiste. Et oui, je suis un infatigable touche à tout et j’aime bien les contrastes…
Je me suis donc lancé dans cette infernale recherche qui me rappelle inévitablement ces moments passés à chercher un emploi dans ma jeunesse (voir même après). Vous savez, le genre de truc qui vous dis :
« Merci de l’intérêt que vous portez à notre entreprise, mais malheureusement nous ne pouvons répondre positivement à votre demande. Nous vous souhaitons néanmoins toutes les chances de réussites dans votre recherche « .
Le genre de truc qui soit, vous incite à filer aux toilettes, soit à démolir toutes les babioles que vous pouvez trouver à portée de main (vu le prix que coûte les télévisions aujourd’hui, il vaut mieux se rabattre sur les choses qui n’ont pas vraiment de valeur) !
Sauf qu’en réalité, ici c’est encore pire parce que beaucoup ne prennent même pas la peine de vous répondre. Pourtant, je me suis avec le temps endurci et surtout doté d’un esprit extrêmement combatif.
Très, très combatif…
Tellement combatif que j’en arrive à remettre en question cette économie purement et simplement liée à une bande de vieux schnocks.
Parce que oui, notre lutte aujourd’hui en tant qu’artistes, est de lutter contre un académisme truffé de vieux ploucs – ne jurant que par Platon et Socrate – qui décident de ce qui est bon dans l’Art et ce qui ne l’est pas. Et l’histoire se répète, parce que c’est exactement ce que Victor Hugo et ses amis ont dû subir avec le Romantisme au début du XIX°siècle.
Être poussé vers l’extrême…
Voici où tout cela me mène…
Je suis sur le point de commettre un suicide artistique !
Aujourd’hui, face à cette ignorance généralisée et surtout volontaire de mon travail, je me suis dis que tout compte fait, il vaudrait peut-être mieux jeter l’éponge. Pas simplement jeter l’éponge, mais m’en aller en beauté…
Me libérer de ce poids qu’est devenu pour moi ma propre production artistique. Un poids qui est apparemment même devenu trop lourd à porter pour les autres, car même eux ne veulent pas en entendre parler.
Simon Hantaï et les autres artistes du mouvement « nouveaux réalistes » pouvaient se permettre de se mettre en grève de la peinture (ou de la sculpture) pour protester contre la marchandisation de l’Art.
Oui bon OK, c’est bien, mais ce n’est pas ce qui vous donne à manger à la fin de journée. Consultez le fantôme de Vincent Van Gogh et vous verrez ce qu’il vous dira de cette satanée et ridicule lutte contre la marchandisation de l’Art.
Bref ce type de lutte, c’est bien quand on est bourré de tunes, mais par contre quand on essaye de faire sa place dans ce monde et que l’on y arrive pas, on est quand même amené à vouloir légèrement larguer les amarres.
Nous sommes de trop !
Nous sommes… trop nombreux aujourd’hui !
Nous sommes de trop à vouloir côtoyer ce gratin, des gratins qui décide de tout parce que tout simplement, non seulement, il en a les moyens financiers, de plus il est arrivé avant les autres et fatalement, c’est lui qui a décidé des règles du jeux.
Bref, nous artistes continuons à jouer ce jeux. Le jeux de la production artistique, espérant de ce fait peut être pouvoir en vivre un jour et si c’était possible avoir accès à une modeste place dans un musée.
Un rêve qui semble devenir de moins en moins possible puisque le cercle très restreint des décideurs du monde de l’Art en a décidé autrement. En d’autres termes, ils ne laisseront passer que ceux dont ils ont vraiment envie de laisser passer.
Ne les blâmons pas non plus…
Locations, frais, déplacements, dépendance aux subsides et à des institutions supérieures qui décident elles-aussi de tout ce qui doit se passer ou non. Nos intermédiaires sont eux aussi des prisonniers dans un carcan dont ils ne peuvent pas sortir, moyens financiers obligent.
Bref, tout le monde est coincé, aliéné dans ce vieil héritage qui nous ramène inévitablement au passé…
Jeter l’éponge…
Dans un monde qui se dématérialise de plus en plus, il semble évident que le superflu doive s’en aller. Et cela vaut aussi pour l’Art. Surtout dans un contexte ou nous penchons de plus en plus vers un modèle dans lequel nous laissons notre habitat à de parfaits inconnus. Dans ce cas acheter des choses qui ont de la valeur n’a plus aucun sens.
Cela signifie t’il que l’Art va mourir de sa belle mort ?
Pas complètement, mais on aurait pu croire que la démocratisation à son accès ces dernières années aurait pu avoir lieu, mais il semble que ce ne soit pas le cas. Les artistes sont désormais trop nombreux et il n’y a pas suffisamment de place et d’argent pour tout le monde.
En réalité rien n’a vraiment changé. Nous avons juste vécu dans une époque dans laquelle nous espérions quelque chose qui n’est jamais arrivé !
Ne nous oubliez pas…
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