Le fait que la Chine soit sur le point de mettre la main sur Taïwan n’est pas vraiment nouveau… En réalité, cela date de l’époque Mao !
Il n’est guère d’ailleurs étonnant que le sujet revienne sur la table à un moment où la pénurie de semi-conducteurs fait rage.
Mais que se passerait-il si la Chine annexait réellement Taïwan pour prendre le contrôle de cette île considérée comme une province rebelle ?
Tout d’abord, le président chinois n’est pas – malgré son fort penchant communiste, et tout ce que cela représente – une tête brûlée, comme son homologue et allié russe, Vladimir Poutine. Au contraire, nous avons eu la démonstration lors de la rencontre – à Bali – avec Joe Biden que les deux présidents n’étaient pas prêts à faire n’importe quoi – malgré tous les problèmes géopolitiques, technologiques et économiques qui les opposent – bien au contraire. Même si l’administration Biden n’a pas vraiment montré de volonté de rompre avec sa prédécesseure, bien au contraire, il faut admettre que les bons sentiments semblent être la norme à la fin de l’année. Les deux présidents ont en effet défini – au yeux du grand public – les grandes lignes rouges à ne pas franchir entre les deux nations…
Les choses vont-elles durer ?
Pas certain, puisque Xi jinPing vient d’être réélu – même si cette élection est loin d’être démocratique – pour un troisième mandat, avec comme priorité, l’annexion de Taïwan comme province chinoise. Et que de son côté, l’administration Biden mène la vie dure à l’économie technologique chinoise. Donc, soit nous avons deux dirigeants qui essaient de calmer le jeu face aux médias et à leurs populations respectives, soit nous pouvons croire – au risque d’être naïfs – au bien être du futur mondial.
La diplomatie dont font preuve les deux personnages est surprenante. D’autant plus que nous sommes très proches d’une intervention militaire d’un côté et de l’autre. Et peut-être avec elle tout l’OTAN qui se retrouverait très vite face à une Chine qui serait capable de couper le robinet des semi-conducteurs (et de tout le reste) à sa guise. On sait que la Chine a besoin de cette production technologique essentielle pour faire tourner sa propre économie. Mais on sait aussi que mettre la main sur Taïwan serait très clairement équivalent à se mettre pour elle dans une position de force, comme la Russie l’est aujourd’hui pour l’approvisionnement énergétique de toute l’Europe. Cela fait d’ailleurs des années que nous voyons Vladimir Poutine comme quelqu’un de dangereux.
Le gouvernement de Pékin observe de très près les sanctions que les occidentaux posent contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Cela va lui permettre de mettre ses cartes sur la table progressivement avant de passer à l’attaque. Mais peut-être que cette attente sera suffisamment longue pour que les occidentaux puissent eux-mêmes être autonomes en matière de semi-conducteurs. Cette année, Intel a annoncé la construction de deux usines aux Etats-Unis et une sur le sol de l’UE. TMSC a elle aussi annoncé le projet de construire une seconde usine en Arizona. D’autres projets sont en cours venant de Samsung, notamment… Il faut néanmoins de deux à trois ans pour qu’une nouvelle usine sorte de terre. Et plusieurs mois encore pour affiner son rodage. Ce qui veut dire que si les chinois ne sont pas assez patients, nous sommes face à la dégringolade. Si au contraire ils le sont, ils pourront envahir Taïwan sans tirer le moindre coup de feu.
En d’autres termes – et peut-être que la ligne rouge établie par les deux chefs d’Etats à Bali concernait une trêve qui permettrait aux occidentaux d’avoir le temps de mettre tout en place pour ne plus être dépendant de Taïwan – nous avons peut-être un sursis et il est très clairement temps de battre le fer tant qu’il est chaud. A défaut, nous risquons de voir à quoi ressemble véritablement un dragon asiatique !
Une dette publique mondiale qui flambe, une inflation qui s’emballe…
Il faut bien avouer que depuis maintenant de nombreuses années, les dettes publiques explosent…
En la matière, les années 80 n’ont pas été très glorieuses. Les années 90, encore un peu moins. Puis est arrivé 2001 et la crise passagère qui lui a succédé. Les caisses des Etats n’étaient déjà pas au beau fixe, mais 2008 est arrivée, plombant à nouveau les comptes publics. En ce qui concerne l’UE, nous avons ensuite vécu la crise de l’Euro en 2011. Nous avons aussi vécu à partir de 2014 une vague d’attentats terroristes islamistes sans précédents et des engagements militaires supplémentaires dans diverses parties du monde. Puis sont venues la crise sanitaire avec son lot de dépenses, les campagnes de vaccination qui ont suivi les différents confinements de 2020 et 2021, et enfin la crise énergétique qui force les administrations européennes à mettre – une fois de plus – les mains dans les poches et à gratter les fonds de tiroirs, pour éviter une inflation que personne ne pourrait supporter. Et tout cela c’est sans compter sur notre soutien militaire à l’Ukraine. Et c’est bien entendu sans compter les 5000 milliards du plan Biden pour relancer les USA dans un 21°siècle qu’ils étaient en train de perdre – ou qu’ils ont probablement perdu – face à la Chine. Et oui, ce plan va inévitablement avoir des conséquences indirectes sur les européens !
Il est clair que les dettes publiques étaient, ces derniers temps, financées par des prêts à des taux très bas. Nous avons même vu en 2022, des Etats contracter des prêts à des taux négatifs. Mais comme les publicités vous le répètent allégrement “emprunter de l’argent, coûte aussi de l’argent”. Et rien ne peut empêcher de briser ce cercle vicieux. Les taux d’intérêts remontent très clairement (jusqu’à atteindre les 7% dans l’immobilier aux USA) mais si les Etats ont pu jusqu’ici, s’en tirer à bon compte, il n’est pas garanti que les prochains mois, ou pour voir à plus long terme, les prochaines années leurs soient favorables. Loin de là…
Nous n’avons aucune idée de la durée et de l’ampleur du conflit en Ukraine. Un conflit qui pourrait bien nous mener au-delà des pauvres craintes que nous éprouvons loin de ce pays. Mais l’engagement militaire indirect qui implique les occidentaux ainsi que les problèmes d’approvisionnement de gaz et de pétrole (voir les pénuries et la hausse des tarifs qui vont se répercuter sur toute l’économie), et c’est sans compter les investissements massifs dans les infrastructures énergétiques susceptibles de nous faire sortir de notre dépendance à la Russie, ne sont et ne seront probablement pas dans le futur, de nature à renflouer les caisses des Etats, bien au contraire.
Ce que nous démontre à nouveau 2022, c’est que nous nous enfonçons progressivement. Pire encore, nous sommes entraînés dans une spirale qui a commencé le siècle passé et de laquelle nous ne pouvons pas sortir la tête. Nous l’avons vu plus haut, si Poutine n’avait pas fait de vagues, nous aurions peut-être pu vivre une certaine période de prospérité, de tranquillité et, peut-on oser le penser, une période saine en termes de dépenses publiques. Mais rien ne va dans ce sens et il va falloir encore pendant une période indéfinie penser des plaies qui surgissent spontanément, causées par une maladie que nous avons nous-même du mal à diagnostiquer.
Il semble clair que le successeur de cette année ingrate, va devoir éteindre énormément de feux. Et il est clair que le feu allumé dans les dettes publiques n’est pas prêt de s’éteindre avant bien longtemps…
Peut être serons nous suffisamment sages dans les années à venir que pour réaliser que si nous continuons dans la voie dans laquelle nous sommes lancés, les laissés pour compte seront légion dans le futur. Une dette reste une dette et tôt où tard, il va falloir la payer quoiqu’il arrive. Et moins nous ferons de bêtises, plus vite nous pourrons faire en sorte de nous acquitter de celle-ci, mais surtout écarter tous les risques d’en contracter de nouvelles.
Il n’empêche, qu’aujourd’hui après les subsides alloués aux gens confinés, après les campagnes de vaccinations gratuites et après les nombreuses aides et les subsides énergétiques alloués aux population pour tenir bon la barre, on ne peut pas s’empêcher de penser que l’Etat est indispensable pour faire tenir debout la société. Oui, c’est clair, la dette publique explose, mais elle est aussi la garante d’une certaine forme de stabilité, qui empêche que tout puisse sombrer. C’est un jeu malsain, mais comment aurait pu survivre une population entière sans pouvoir sortir de chez elle ? Comment le COVID 19 aurait pu être vaincu si des campagnes de vaccination gratuites n’avaient pas été mises sur pied en quelques mois seulement ?
La crise de 2008 – après quelques années de profonde croyance dans le libéralisme – avait déjà très sérieusement remis les choses en question, lorsque les Etats Occidentaux étaient arrivés à la rescousse pour sauver les plus gros organismes financiers de la planète. L’ordre étatique est alors devenu le sauveur de la planète, alors que le fleuron du capitalisme – la finance et le monde du pétrole – décimaient alors des populations entières.
Nous sommes, une nouvelle fois, confrontés à une problématique philosophique similaire. L’Etat, est à nouveau là pour nous sauver, quoiqu’il arrive. C’est en fin de compte, une très bonne et une très mauvaise chose pour tout le monde. Oui les Etats ont fait leur possible et c’est finalement ce qu’on leur demandait. Pour ses opposants, c’est en quelque sorte un échec philosophique qui pourrait se résumer à un simple “oui, mais…”. Pour les autres, cela peut ressembler à une victoire, mais il faudra tôt ou tard en payer le prix.
2022 nous aura donné de solides leçons, et une des plus importantes d’entre elles est probablement cette question philosophiques qui déchire les nations depuis plusieurs siècles maintenant : État ou pas État ? Moins ou plus d’Etat ? Le moins d’Etat possible, et si c’est possible pas d’Etat du tout ?
Pour l’instant l’Etat est gagnant, mais à quel prix pour les populations futures ?
C’était bien ?
Bon…
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