La Chronique du 10 mars…

Alors que je viens à peine de terminer le livre de Stéphane Mallard, Disruption, je découvre un article d’un confrère nous parlant du futur TGV M. La nouvelle génération de TGV, qui entrera en service en 2024. 

Un lien entre les deux ?

Oui, Stéphane Mallard dans son ouvrage, nous fait part du décalage hallucinant qu’il existe aujourd’hui dans des entreprises qui se prétendent innovantes et qui pourtant ne le sont pas.

Hors, la disruption, comme Mallard le souligne à maintes reprises, ne consiste nullement en une vulgaire amélioration d’un produit qui n’arrange personne, sauf peut-être les gros acteurs qui produisent ce soi-disant prodige du futur du transport. 

Une rupture – devons nous le rappeler – c’est avant tout casser ce qui existe depuis longtemps et que personne ne veut véritablement changer parce que nul n’est en mesure d’imaginer ce que l’on pourrait avoir à la place.

Retour sur la perle rare du futur…

Ce nouveau TGV sera plus écologique, coûtera moins cher (à qui), il sera aussi plus confortable (à quel prix) et il sera aussi modulable…

Bref, il semble que 18 points précis d’amélioration aient été étudiés et mis en application pour nous faire voyager dans ce qui se pourrait être… le train révolutionnaire du futur !

Il serait donc moins cher à l’achat pour le futur propriétaire (qu’en est-il du voyageur), les entretiens seront eux aussi drastiquement réduits, une connexion omniprésente y sera disponible à l’intérieur (bref, rien de plus normal) et la possibilité d’augmenter les nombre de passagers de… 10%. En d’autres termes cela signifie dans le jargon, qu’il y aura moins de places pour les usagers…

Bref, vous l’aurez compris, il ne s’agit ni plus ni moins que de simples améliorations technologiques et on ne peut très clairement pas parler d’une innovation de rupture.

Le fait qu’un journaliste nous parle d’une véritable innovation de rupture pour expliquer tout simplement … rien du tout, démontre très clairement que ce que l’on se fait comme idée d’une innovation de rupture, peut être en fait très loin de la réalité.

Le TGV lui-même n’avait pas grand chose d’une rupture avec les systèmes ferroviaires de l’époque. Un confort supplémentaire relativement discutable. Une plus grande vitesse certes, mais peut-on véritablement parler d’innovation de rupture ?

Pour envisager véritablement la rupture, il faut avant tout envisager la mort d’un système existant, car la première et la seule rupture que l’on pourrait engager avec le monde du transport en commun, serait en effet de supprimer totalement celui-ci. Les seules maîtres mots ici deviendraient donc, dématérialisation, télétravail, et décentralisation des habitats et des locaux commerciaux par rapport aux centres urbains.

Et si on en finissait avec nos transports à bestiaux ? 

Ce train du futur dont nous parlons est strictement identique à ceux qui roulent aujourd’hui car ce modèle (du futur) exige toujours que plusieurs milliers de personnes s’entassent dans des wagons pour être véhiculés d’un point A, à un point B, dans les mêmes conditions ou presque. L’expérience client sera presque identique à celle vécue par un navetteur aujourd’hui. Tout au plus légèrement améliorée mais que peut-on inventer de plus dans le transport trans-urbains ?

En réalité, le monde ferroviaire est atteint par les mêmes névroses que le monde civil aérien :

Il faut en effet caser le plus de gens possible dans un minimum d’espace pour minimiser les frais et maximiser les rentrées d’argent. Et ce au détriment de l’expérience client…

Dans ces tous nouveaux plans, on ne voit guère d’espaces de travail confortables. On ne voit pas non plus d’écrans particuliers sur lesquels vous pourriez participer à des nouvelles projections entre deux points AirBnB. On ne parle pas non plus de services de restauration dans les wagons. Quant aux points d’entrées et de sorties, ce seront toujours des lieux froids, étudiés pour être les plus pratiques possibles et toujours aussi sales qu’ils le sont à l’heure actuelle.

Visiblement, les acteurs concernés (et le journaliste qui a écrit cet article) n’ont pas encore compris que voyager dans des transports en commun est loin d’être une activité agréable. Alors soit, s’ils veulent survivre, ces acteurs devront impérativement rendre ces voyages agréables. Soit quelqu’un trouvera une voie vers une véritable rupture et dans ce dernier cas, ceux-ci disparaîtront vraiment…

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