Le cinéma est mort ! Vive le cinéma ?

Il est loin le temps où Mack Sennett engageait Charles Chaplin dans les studios Keystone de Californie, pour lui faire jouer les rôles burlesques qui donneront très vite naissance au personnage du célèbre vagabond, Charlie (Charlot)…

Le cinéma pendant plus d’un siècle fut une source de passions, de créativité et de richesses absolument exceptionnelle. Le monde entier s’est rassemblé autour de lui et à partagé des centaines de millions d’œuvres allant de la plus médiocre, à la plus exceptionnelle. Il a réussi à passer outre des frontières culturelles, y compris celles du langage. Il nous a fait rêve​r, il nous a fait pleurer, il nous a fait vivre, il nous a fait réfléchir. Et puis, un jour les charmantes petites structures de quartier ont laissé la place à de gigantesques industries dans lesquelles nous étions une simple marchandise. Des industries qui avaient pourtant pour vocation de sublimer la créativité. 

Et puis un jour Netflix est arrivé…

Des temples dédiés aux superproductions cinématographiques…

Il est effectivement loin le temps où les gens se pressaient dans de petites salles de projections cinématographiques, cette étrange extension du théâtre qui faisait disparaître la scène pour laisser la place à un écran blanc, a un projecteur et à un petit orchestre. En​ à peine 20 ans, il a contribué à créer le premier produit culturel californien qui sera partagé dans le monde occidental (et forcément à l’époque, dans ses colonies). Charlie, le vagabond de Charlie Chaplin sera le point de départ d’une production artistique rarement atteinte en si peu de temps, du moins au regard de l’histoire. Mais toute chose a un début et une fin et il est évident que tout modèle centenaire est tôt ou tard appelé à se renouveler. ​​Bien que la production cinématographique se soit maintenue en redoublant de créativité, en renouvelant la grande époque du Star System des années 30, en amenant une nouvelle génération de compositeurs, prêts à en découdre avec des Mozart, des Dvorak ou autres Britten, il faut bien avouer qu’elle n’avait pas vraiment de pouvoir dans les lieux où elle était supposée être adulée. A partir du début des années 2000, le simple fait d’aller au cinéma est devenu une activité de luxe. Les énormes complexes dans lesquels sont projetés les films sont des sanctuaires dédiés à la dépense plutôt qu’au septième art​​. Les tickets sont chers, et le passage au bar où un simple soda et un paquet de Pop Corns coûte encore plus cher que la place elle-même, n’arrange rien aux choses. La fréquentation se raréfie progressivement et Netflix – dans la décennie 2010 – va donner un coup de pied dans la fourmilière et révolutionner complètement le monde du cinéma (et tout le reste)…

Netflix, coup dur pour le cinéma ? Oui et non…

Si Netflix concurrence solidement les infrastructures de salles de cinéma et les chaînes de télévision, l’entreprise est aussi un véritable moteur pour une industrie moribonde qui s’endort sur ses lauriers et qui ne veut plus vraiment faire grand chose de différent. Quel est véritablement l’intérêt de se déplacer et payer beaucoup plus cher, pour voir un seul film plutôt que de rester à la maison et de pouvoir regarder bien confortablement pour la modique somme de 10$ par mois, un catalogue de plusieurs dizaines de milliers de films ? Le tout sur un écran plat qui, sans pouvoir rivaliser avec les tailles d’un écran en salle, peut néanmoins fournir un confort largement raisonnable à domicile. Le site de projection de film a donc été victime de son temps. Tout comme l’endroit de production d’ailleurs, mais il semble que l’un a eu la réaction de se relever beaucoup plus vite que l’autre. Disney, Paramount, Warner ont d’ailleurs lancé leurs propres services de streaming. Ce dernier a même franchi un nouveau cap en sortant simultanément les films en salle et sur ces même​s services quand les confinements se sont terminés. La boring economy a creusé manifestement, encore un peu plus sa place à la maison et les salles se sont désertées, malgré la reprise fulgurante de l’économie. 

Un besoin de se renouveler et ce n’est pas les occasions qui manquent…

Un fait est certain, si le cinéma (l’endroit) ne se renouvelle pas, il est probablement voué à sa perte. Il est peut-être donc grand temps de se demander comment il pourrait entamer sa reconversion et se diriger vers la prochaine décennie, en révolutionnant à nouveau le monde du divertissement. Partons tout d’abord du constat qu’il ne pourra plus faire revenir en masse les foules, simplement avec des grosses productions hollywoodiennes. Il va donc lui falloir ajouter quelque chose qui va donner un petit plus à l’expérience client. Un plus qui va faire sortir un utilisateur de Netflix de son agréable confort pour assister à quelque chose d’autre. Cela pourrait être – comme ça s’est fai​t dans le passé – d’inviter des stars pour présenter leur nouveau film, mais tout laisse croire que le prix du ticket augmenterait lui aussi à son tour. Hors c’est ce facteur qu’il faut changer…

Voyons les choses sous un autre angle… La salle de cinéma est avant tout une salle de projection, mais elle est aussi une salle de spectacle​. Un spectacle qui autrefois était principalement le théâtre​. Ne serait-il donc pas temps de revenir un peu sur ce qui a été fait et de redonner une chance à celui-ci ? Plus précisément à un théâtre augmenté qui allierait à la fois projection, performance sur place et réalité augmentées et virtuelles. Les technologies se développent à grand pas. Des archives de qualité deviennent de plus en plus libérées des droits d’auteurs. L’Open source envahit le monde numérique et les acteurs, musiciens et artistes abondent à un niveau local et pleurent pour avoir des lieux pour exercer leurs talents et vivre de ceux-ci. Ce sont tant d’éléments qui pourraient faire que les gens aient envie de se rendre à nouveau dans les salles. On pourrait imaginer par exemple voir des acteurs interagir avec Charlie Chaplin au même moment ou un musicien joue la musique adéquate avec le spectacle. La réalité augmentée pourrait même amener Chaplin dans la salle et interagir avec les artistes ou les spectateurs. Voir même avec des personnages décédés depuis longtemps,comme Victor Hugo. Et pourquoi pas imaginer une fusion du tout avec des jeux vidéo ou en grandeur nature​​ ? C’est tout un réseau de salles qui pourrait être utilisé pour la promotion de ces artistes délaissés des hautes sphères. Mais c’est tout autant ces artistes des hautes sphères qui pourraient se produire dans des petites localités et ainsi décentraliser ce qui à été centralisé pendant trop longtemps, sur les capitales ou dans des villes importantes. Après tout, que signifie encore une localité à partir du moment où le monde entier peut assister à un spectacle en direct en ligne ?  

Doit-on aussi rappeler que Pharrell Williams avec son clip Happy a démontré qu’il était possible de produire un spectacle localement, sur base d’un tube planétaire ? Des artistes locaux en tous genres pourraient en faire de même avec un nouveau genre multimédias.

Il serait dommage de voir ces énormes infrastructures construites à partir des années 90 – qui ont tué elles-mêmes les petits cinémas de quartier – disparaître parce qu’elles n’ont pas réussi à s’adapter aux temps. Cela fait bien longtemps que la fréquentation des salles est en crise malgré une créativité cinématographique toujours meilleure. Les infrastructures physiques artistiques et technologiques sont là, il ne manque plus aujourd’hui que de la créativité pour orchestrer tout cela…

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