Les experts, on en a tellement que l’on ne sait plus trop quoi en faire, d’autant plus que depuis deux ans maintenant, ils se plantent royalement…
Pendant les premiers confinements en 2020, on nous a prédit une dégringolade du monde, sans précédent : destruction massive des emplois dans l’économie traditionnelle, crise économique désastreuse, catastrophe sur le marché immobilier, etc.
Bref Armaguedon devait frapper le monde, encore une fois, mais force est de constater que rien ne s’est passé comme cela.
La réalité a été effectivement bien différente…
Un monde qui a changé ? Ahhh non peut-être ?
Les experts ont une faille et non la moindre…
Généralement , ils basent leurs prévisions sur le passé, et ce, sans tenir compte du fait que nous avons effectué depuis bien longtemps la transition d’une ère industrielle vers une certaine… ère numérique. Sans vouloir remonter trop loin dans le passé, on pourrait situer ce passage dans les années qui ont suivi la crise de 2008 (plus précisément 2011 et les mois suivants).
Si celle-ci – ou du moins ses conséquences – pouvait être comparée à la crise de 1929, la crise sanitaire que nous venons de vivre a entraîné néanmoins, des conséquences tout à fait différentes de celle provoquée par la grippe espagnole en 1917. Et ce, pour la simple raison que le monde a changé radicalement. Non seulement, les campagnes de vaccination sont arrivées extrêmement rapidement et pour cela on doit dire merci à l’Intelligence Artificielle, mais les mesures drastiques que les autorités ont prises (même dans les pays en voie de développement) ont aussi ralenti très fortement le développement du virus. La suite a été largement surprenante : l’économie s’est trouvée ralentie, mais sans jamais stopper, grâce au télétravail (au niveau du numérique, elle s’est même développée considérablement). Et quand tout le monde est à nouveau sorti du domicile, on a assisté à une reprise économique hors norme, qui a même vidé tous les stocks disponibles, surtout dans le domaine des semi-conducteurs. Nous avons assisté à la panique de la circulation portuaire, à des pénuries de nombreux produits et au déclenchement (comble de l’histoire) d’une hausse de prix insensée qui a fait grimper l’inflation. Des professions entières se sont même retrouvées en pénurie de main d’œuvre. Et si ça n’était pas suffisant, Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine ce qui a fait flamber les prix des ressources énergétiques (toujours vestiges du passé). L’inflation, faute de grimper a donc alors littéralement explosée.
Et une fois encore, le constat est indéniable, aucun expert ne nous a avertit de ce qui allait arriver…
Un nouvel ouragan numérique pour bouleverser le monde…
Donc récapitulons :
Sur les deux dernières années, nous avons subi les ravages d’un virus mortel, qui aurait bien pu éliminer une bonne partie de la population mondiale. Nous avons aussi vécu une phase de pénuries importantes, nous sommes entrés en guerre (même s’il s’agit d’une drôle de guerre) contre la Russie et nous affrontons à nouveau une crise économique de grande ampleur.
C’est beaucoup pour quelques mois !
Malheureusement ce n’est pas tout, car si le monde numérique nous a littéralement sauvé en permettant à l’économie de fonctionner plus ou moins normalement – et, ici encore nos chers experts n’ont rien venu venir – un nouvel ouragan pointait à l’horizon…
Cela ne date pas d’hier…
On craint (à juste titre) la destruction massive d’emplois. Depuis que la technique existe, c’est même une crainte récurrente. Mais il faut bien avouer que l’informatique, la robotique et l’entièreté du monde numérique ont multiplié les possibilités de voir de nombreuses professions disparaître. Insistons sur le fait que ce sont des professions qui disparaissent plutôt que des emplois, ce qui est très différent.
Et puis tout ça ?
Cela fait à peine trois mois que l’on parle de ChatGPT et les études sur le sujet tombent déjà sur la table, et il faut bien dire que les conclusions sont même inquiétantes :
ResumeBuilder.com (ressources humaines) a réalisé une enquête auprès de 1000 entreprises, à son propos. Parmi celles-ci 49% considéraient avoir adopté ChatGPT (répétons-le en trois mois). La majorité déclarent avoir réalisé d’importantes économies et beaucoup (on se rapproche des 70%) sont certaines que des licenciements vont suivre dans les cinq années à venir.
Les utilisations principales de ChatGPT sont de rédiger du contenu, forcément d’automatiser des tâches destinées aux services clients, on l’utilise aussi pour la rédaction de description de poste(s), pour répondre à des candidatures et rien que ça, pour préparer des questions pour des entretiens -entre autres- d’embauche. Pire encore, notre nouvel ami est aussi utilisé très largement pour générer du code informatique. Cela veut dire que même les métiers liés à l’informatique sont eux aussi touchés. Donc nous allons dans ce cas, bien plus loin que les pires prévisions qui évaluaient des scénarios catastrophes pour l’économie traditionnelle, mais épargnaient, néanmoins les métiers liés à l’informatique.
Ces prévisions, deux chercheurs d’Oxford, Carl Frey et Michael Osborne, les avaient pourtant mis en avant en 2013 dans une courte étude de 72 pages qui couvrait une évaluation du risque de numérisation (et de robotisation) pour plus de 700 professions. Cette étude avait pour titre : Le futur de l’emploi : à quel point le travail est-il susceptible d’être confié à des ordinateurs ?
Selon leurs prévisions, 47% des professions pourraient être remplacées par des ordinateurs (attention, nous sommes en 2013 et le terme Intelligence Artificielle, n’est pas si courant qu’aujourd’hui) et des robots, dans les années qui viennent. De toute évidence, Frey et Osborne plaçaient un chiffre sur une réalité pourtant claire : Tout ce qui peut être remplacé par une machine, sera remplacé par une machine et si celle-ci est conviviale et qu’elle se rapproche de plus en plus de l’être humain, et bien c’est encore mieux !
Lorsque vous vous retrouvez dans une situation dans laquelle la moitié d’un échantillon d’entreprises (plus ou moins 500, ce qui n’est pas non plus négligeable), a adopté en deux temps, trois mouvements, une intelligence artificielle, qui de plus, leur fait gagner de l’argent sans en dépenser vraiment beaucoup (il en serait de l’ordre de 20 euros par mois, pour une version premium), il est clair que tout ce qui est remplaçable (et contraignant en terme de gestion) doit être remplacé.
Mais, cette éventualité par rapport à cette moitié de la population qui pourrait perdre son emploi, a toutefois été contredite par d’autres experts…
En l’occurrence, ceux de l’OCDE, qui après avoir analysé les choses en profondeur (surtout en s’attaquant sur la forme de l’étude des deux chercheurs, et non sur le fond) en 2016, ont ramené ces risques à… 9%.
La question à se poser aujourd’hui est à mon sens la suivante :
Nos amis les experts (en l’occurrence de l’OCDE) devaient t-il calmer les esprits avant de voir la tempête venir ou voulaient t-ils vraiment croire que cette tempête n’arriverait jamais ?
Un peu des deux peut-être, mais maintenant, il va vraiment falloir commencer à envisager les choses sous un autre angle et arrêter de se voiler la face. Peut-être les experts aujourd’hui auraient besoin de nouvelles tables d’analyse pour faire leurs prévisions, car une petite entreprise qui ne gagne pas encore d’argent, fondée par Elon Musk, et censée faire tout pour rendre l’Intelligence Artificielle plus transparente, vient de mettre sérieusement le feu aux poudres.
C’est ici que l’Open Source prend tout son sens…