Cela fait maintenant quelques mois que nous entendons parler de décroissance…
Nous n’en avions jamais véritablement entendu parler auparavant, mais pourtant il s’agit d’une notion qui date du début des années 1970…
Il faut dire que l’été 2019 a été le théâtre d’un véritable désastre écologique et que cela a donné l’occasion à deux tendances extrêmes de monter au créneau…
D’un côté nous avons dans l’extrême gauche, les collapsologues qui annoncent que la fin du monde est proche, et de l’autre les rationalistes qui ont plutôt tendance à fermer les yeux sur ce qui se passe, quitte à suivre aveuglément une économie peu scrupuleuse de l’environnement (attention nous ne parlons pas ici d’extrême droite).
Quelles sont les répercutions qu’engendre cette notion de décroissance ?
Dans les grandes lignes, cela signifie de ne plus rien consommer ou le moins possible. De produire le plus de choses soi-même et de préférence provenant directement de la nature. Mais aussi et surtout de se lancer dans une propagande anti-évolution qui pourrait se révéler néanmoins dangereuse. Laurent Alexandre dénonçait cela, en juin 2019, comme « le suicide de l’Occident »…
Faut-il en effet se retrancher dans son jardin et voir la conquête de l’espace et de l’internet nous filer entre les doigts, alors que cette même conquête est apparemment (si l’on veut éviter un suicide collectif obligatoire dans lequel les élus seuls survivraient) la seule chance pour toutes les espèces vivantes de cette planète de survivre ?
D’un autre côté, il est clair que nous pourrions faire plus de chose nous-même et couper l’herbe sous les pieds d’industriels qui font tout et n’importe quoi, avec comme seule ambition de s’enrichir quoiqu’il arrive. Et ces conséquences sur notre environnement, mais aussi sur nous-même sont désastreuses…
Quel est le point de rupture avec ces deux tendances extrêmes ?
Et si nous engagions plus simplement la croissance dans une voie différente, plus constructive et plus intelligente… Non plus en envisageant le chiffre d’affaire d’une industrie de l’emballage, ni celle d’une production d’électroménagers ou d’appareils technologiques voués à la destruction en un temps record, ni encore celle d’une boutique de souvenirs vendant des modèles réduits de la tour Eiffel dans le centre de Paris. La croissance ne peut plus aujourd’hui être dans ces domaines. Elle doit au contraire être dans le redressement et dans la récupération de ce qui a été détruit jusqu’à aujourd’hui ainsi que dans la construction du futur…
Voici trois domaines dans lesquels la croissance devrait être enregistrée :
- L’écologie (économique) : transition des produits de grande consommation vers des produits plus sains et naturels, production d’emballages en circuits fermés, développement et utilisation des possibilités offertes par les espèces végétales invasives, nettoyage de la planète notamment par la transformation des matériaux et des objets existants, recherche sur les substituts à nos besoins, bio-agriculture et bio-élevage, etc.
- La rentabilité énergétique : comment minimiser les coûts et empreintes énergétiques, comment maximiser l’efficacité énergétique, comment développer des moyens de productions énergétiques alternatifs…
- La dématérialisation des biens et des services : chaque intervention dans le monde physique a son impact énergétique. Plus les produits et les services sont dématérialisés moins ils sont néfastes… Comment maximiser leur transition dans l’autre monde ?
Si l’on pouvait augmenter la croissance dans ces trois domaines, nous ferions en sorte de faire évoluer l’économie de manière intelligente et non en criant à la fin du monde ou en fermant les yeux sur les excès des industries…
Crédit photographique pour l’illustration :
Par YohanN7 — IncscapePreviously published: Nope, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=79041847