Le visage torturé…

Le visage torturé, dans la représentation artistique du XX°siècle est inévitablement le reflet de nombreux conflits dont deux mondiaux…

Egon Schiele (1890-1918) marque de manière considérable la représentation du visage. Le corps et le visage chez Schiele est décharné, désarticulé et torturé. Les contorsions physiques, les grimaces, la minceur ainsi que les chevelures électrisées révèlent des énergies vitales. Ses personnages reflètent les tourments du monde…

C’est dans les attitudes des aliénés, que Schiele va observer dans les asiles psychiatriques et chez les prisonniers de guerre qu’il va trouver son inspiration. Durant sa brève carrière d’artiste, il réalise de nombreux autoportraits tout en s’éloignant de l’auto représentation traditionnelle de l’artiste et des préceptes en vigueur depuis la renaissance. Il ne se représente pas lui même, mais plutôt en alter-égo. Il ne s’agit pas non plus de narcissisme mais plutôt d’une transfiguration de l’artiste dans le monde qu’il invente lui-même. D’autres artistes par ailleurs travailleront leur alter-égo de manière similaire. Notamment Marcel Duchamp (1887-1968), qui lui aussi aura le sien… Rrose Sélavy (Belle haleine, Eau de violette – 1921, galerie photographie de gauche).

Dans les années 20, les œuvres réalisées par les artistes allemands, montrent eux aussi des corps torturés et mutilés. Les invalides de guerre, de Otto Dix (1891-1969) en 1920 illustre bien cet état d’esprit (galerie, photographie du centre). On y voit quatre soldats allemands en uniforme. Les visages sont caricaturaux, décharnés et abimés par des éclats d’obus. Dix traduit sur ces messages une expression de démence. Trois des personnages sourient de manière cynique malgré leur état…

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le visage va inévitablement refléter le bilan catastrophique laissé par les années 1940-45. Les artistes de cette période vont eux aussi exprimer les traumatismes vécus pendant la guerre. Jean Fautrier avec Tête d’otages (1944-47) ou avec Le massacre (1944, galerie photographie de droite). Nigel Henderson (1917-1985) avec Head of Man (1956) et bien entendu Francis Bacon pour lequel la déformation du corps est le thème inhérent à une très partie de sa production artistique.

Avec Le massacre, Fautrier représente le visage de manière schématique et synthétisé. Un visage dans lequel les traits sont réduits à leurs plus simple expression. Tous les visages sont anonymes et semblables aux autres. Ce qui intensifie encore plus le côté dramatique du sujet. La technique employée par Fautrier rappelle l’aspect d’une peinture rupestre. L’aspect primitif du dessin renvoie à l’acte primitif du massacre, sorte de retour en arrière de plusieurs millénaires malgré les évolutions technologiques et humanistes de l’histoire.

Vous voyez que l’inspiration peut se retrouver partout, même dans les choses les plus sombres…

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