Après Netflix et Amazon Prime, c’est Disney+ qui doit s’y coller :
C’est une obligation absolue, il faut consacrer de 20 à 25% du chiffre d’affaires gagné sur le territoire de l’UE à la production cinématographique locale.
La presse nous annonce donc fièrement dix nouvelles productions originales européennes made in Disney+, dont accrochez-vous bien, quatre françaises…
Cocorico ?
Et bien pas forcément…
Alors, au départ j’avoue que j’étais fortement opposé à cette directive, mais après avoir vu le trailer de la série La Révolution, produite par Netflix, j’ai complètement changé d’avis. Et la première raison qui motive ce revirement chez moi, c’est la façon dont Netflix est arrivé à hybrider complètement la culture cinématographique californienne et la production française qui se veut traditionnellement ultra réaliste.
En fait, cette directive européenne, très largement soutenue par des gens comme Bruno Le Maire et Thierry Breton qui ne cessent de revendiquer la souveraineté européenne sur – à peu près – tous les points, ne va provoquer que l’effet inverse escompté.
Il est indéniable que la démarche va contribuer à faire tourner et enrichir l’économie locale, mais culturellement cette hybridation américano/européenne risque très largement de faire disparaître les différentes identités culturelles (en termes de production cinématographique) européennes.
J’en reviens (une fois de plus) au premier produit culturel californien que l’occident a intégré jusqu’au plus profond de lui même :
Charlie (Charlot), le personnage créé par Charlie Chaplin en 1912…
Charlie restait néanmoins un pur produit cinématographique californien. Produit en Californie, avec et par des entreprises californiennes, des acteurs vivant à Hollywood, ou encore des capitaux souvent californiens ou plus généralement américains.
En ce qui concerne l’obligation européenne qui contraint les plateformes de streaming à consacrer une partie de leur chiffre d’affaires à des productions locales, les choses sont très différentes…
La zone qui s’étend de Los Angeles à San Francisco, ne se contente plus de distribuer ses produits dans l’Union Européenne. Elle ne se contente plus non plus de louer quelques studios locaux et les services des entreprises locales, elle étend tout simplement son territoire au monde occidental.
C’est ce qui différencie exactement la série de film avec Charlie de la série La Révolution. Cette dernière étant en apparence un produit français fabriqué avec des capitaux générés sur le sol français. Oui certains peuvent s’en réjouir, mais cependant, il s’agit avant tout d’un produit issu d’une culture cinématographique californienne, même si celle-ci est basée sur l’histoire française.
La culture californienne a mis à peu près un siècle pour nous faire sortir de notre individualité nationale. Aujourd’hui, seuls quelques acharnés de l’identité culturelle s’y accrochent encore et une fois de plus, demain ce sera encore le plus malin qui attrapera l’autre.
Il va falloir l’accepter, même si on n’est pas d’accord sur le principe !