Qui aurait pu croire un jour que le jeu vidéo deviendrait le produit culturel le plus important au monde ?
Alors qu’il y a à peine dix ans d’ici, des chercheurs se penchaient sur l’impact social de la Wii et de la marchandisation des jeux sur Facebook, aujourd’hui ces derniers sont confrontés à des problématiques beaucoup plus complexes, car le monde du jeu vidéo est en pleine mutation et pourrait bien changer la face du monde dans les prochaines décennies…
Un succès culturel sans précédents…
Il y a bien longtemps que le secteur du jeu vidéo s’est instauré comme un poids lourd économique. Les adaptations de blockbusters hollywoodiens génèrent d’ailleurs depuis plusieurs années, des sommes largement plus importantes que les films eux-mêmes. Bref le jeu vidéo, c’est de l’argent, beaucoup d’argent et c’est surtout environ 3 milliards d’utilisateurs dans le monde. Ce n’est pas rien quand on pense que nous sommes 7 milliards d’habitants sur cette planète. Même s’il en reste encore plus de la moitié à conquérir, ce n’est pas négligeable.
Il y a encore quelques années d’ici, le jeu vidéo était soit payant, soit gratuit. Les formules se sont néanmoins légèrement compliquées depuis, puisque aujourd’hui il peut être accessible via une console informatique dédiée (la XBox ou la Playstation par exemple), il peut être disponible en ligne, payable pour une somme forfaitaire, par abonnement, voire même être disponible sans supplément de prix en streaming. C’est par ailleurs ce que Netflix propose à partir de cette année. Donc les options ne manquent pas et le monde du jeu vidéo possède une formidable capacité à s’adapter à presque tous les publics et surtout, à presque tous les portefeuilles.
En soit, il n’y a rien de vraiment bien étonnant à ce succès car le jeu fait partie de notre ADN…
Que faisons-nous quand nous sommes enfants ? Nous jouons. Que faisons-nous quand nous sommes des jeunes adultes ? Nous jouons encore et lorsque nous sommes adultes, nous jouons aussi avec… de l’argent !
Un phénomène nouveau : le play-to-earn…
Si le jeu vidéo s’est imposé dans le temps par rapport à ses concurrents sur plateau, c’est sans aucun doute pour sa facilité d’accès. Si on compare ce dernier aux complexes jeux de plateau et de rôle auxquels nous jouions autrefois (voire même au jeu d’échec), il est clair que la simplicité est de rigueur. Pas de plateau à déployer, pas de règles à étudier, pas de confrontation directe avec d’autres joueurs, puisque finalement l’écran joue le rôle de l’arbitre, bref, c’est d’une efficacité absolument remarquable, d’autant plus que d’un point de vue graphique, technologique, musical et créatif, le jeu vidéo a franchement gagné ses galons. Et sur ce dernier point, il n’est pas en reste puisque aujourd’hui on peut y organiser des défilés de mode, des concerts, des ventes immobilières et bien d’autres choses encore. Mieux, une nouvelle tendance est en ce moment en train de monter en flèche et celle-ci voudrait – tout simplement – que quelqu’un puisse être payé pour jouer. Le phénomène n’est cependant pas nouveau, c’est vrai, mais il semble que nous assistons néanmoins à une petite (voir énorme) révolution. Depuis que le jeu existe sous une forme commerciale, des testeurs sont payés pour améliorer et affiner le produit. Avec l’apparition des youtubers, certains joueurs expérimentés se sont lancés dans la démonstration en étant, eux aussi, payés indirectement. Ensuite nous avons assisté à l’émergence de l’E-sport qui confrontent des joueurs professionnels entre eux (et forcément, tout le sponsoring qui va avec). Et c’est sans compter sur les développeurs qui sont eux aussi, de plus en plus nombreux et de mieux en mieux payés. Aujourd’hui, une nouvelle forme de participation dans certaines communautés de joueurs – puisque c’est comme cela qu’on les nomme maintenant – consiste à inviter ces derniers à investir dans le jeu et à gagner de l’argent en retour. C’est ce qu’on appelle le play-to-earn…
Le principe est finalement très simple : l’argent que les joueurs investissent dedans sert en quelque sorte de capital global de départ. Au fur et à mesure des confrontations (comme dans Axie Infinity par exemple), les parts mises par l’un et par l’autre changent de mains et peuvent même être échangées dans d’autres crypto monnaies, voire dans des devises officielles. C’est un peu comme un match de boxe, comme le loto, la sécurité sociale ou comme dans le monde des assurances ou de la finance. Le pot est commun et chacun en gagne une part en fonction de ses compétences, de sa réflexion et de son investissement.
Bref, rien de bien nouveau sauf que…
Il en ressort que le jeu vidéo évolue d’années en années et peut même devenir une véritable place de marché à part entière, avec ses shoppings centers, ses propriétés, des salles de concerts, et bien entendu ses propres employés. Chacun de ces jeux a – si du moins on fait preuve de créativité – même le potentiel pour devenir un écosystème propre à lui-même (c’est ce que l’on appelle le métavers).
Qu’en serait-il si la continuité de ce qui est en ce moment en train de se forger, était de pouvoir gagner de l’argent (sans mise de départ) en jouant ?
Imaginez par exemple qu’un milliardaire soit disposé à faire don de sa fortune (ne plaisantez pas, cela se passe tous les jours) à un jeu vidéo (ou à un métavers), qui aurait les allures d’une fondation – comme celle de Bill ou de Melinda Gates par exemple – mais dans laquelle des joueurs n’ayant pas d’argent pourraient eux aussi en gagner, tout simplement… en jouant ?
Ne serait-ce pas une solution d’utiliser des compétences innées à l’individu, pour les transformer en moyen de générer de la richesse ? Voir même pourquoi pas d’éradiquer tout simplement la pauvreté dans le monde, puisque tout en chacun sait jouer à un jeu (il reste encore à résoudre un problème important qui est celui de l’accès à la connexion et à l’appareil informatique qui permettrait de jouer à ce jeu) ?
Cela pose bien des questions, c’est vrai…
