C’est la bousculade dans le domaine de la vidéo à la demande (VOD). Après l’annonce récente du rachat de la légendaire Metro Goldwyn Mayer, la venue récente des rouleaux compresseurs que sont Apple et Disney, voir même un réveil innovatif français – et oui tout peut arriver – avec Salto, c’est au tour de la Paramount Pictures de s’y coller avec son offre Paramount +.
Petit retour en arrière…
Pour faire bref, la Paramount Pictures est issue d’une fusion de trois entreprises cinématographiques à partir de 1912. La Paramount rejoint le groupe en 1916, date à laquelle la compagnie prend ce nom officiel. La Paramount, c’est un mastodonte du cinéma – je vous laisse découvrir l’article de Wikipédia – au côté de Columbia Pictures, de la Warner Bros ou bien encore des studios Disney. Bref, on peut dire que c’est un des acteurs principaux qui ont construit l’industrie cinématographique que nous connaissons aujourd’hui. Mais comme tous les dinosaures de l’industrie – nous l’avons vu la semaine passée avec Boeing et Airbus – un certain immobilisme finit toujours par s’installer dans les bureaux, du moins jusqu’au moment où des petits jeunes viennent botter les fesses des vieux sages. Et là, miracle, c’est le réveil…
C’est comme cela que nous avons vu Time/Warner et Disney se réveiller et que dans certains pays du monde nous pouvons bénéficier, aujourd’hui, de leur offre en streaming pour une somme mensuelle modique. La Warner à même décidé lors de l’été 2021, de sortir en streaming (VOD) ses toutes fraîches productions simultanément avec leurs sorties en salles.
Vers la fin de la salle de cinéma ?
L’annonce de ces sorties simultanées – on s’en doute – à dû être un coup dur pour les chaînes de cinéma qui doivent non seulement supporter les coûts immobiliers d’infrastructures importantes, mais qui ont essuyé bien des revers (notamment un solide manque à gagner) lors des confinements successifs en 2020 et 2021. L’annonce raisonnait de la même façon quand le groupe Fiat-Chrysler-PSA (Stellantis) annonçait à son réseau de concessionnaires que dans les deux années qui suivent, ils ont tout intérêt à se trouver une nouvelle occupation, car le contrat qui les lie aux 14 marques du groupe serait bientôt résilié.
L’histoire semble donc se répéter…
Qu’il s’agisse de regarder un film ou d’acheter une voiture, ces mutations laissent entrevoir que notre vie exige de moins en moins de déplacements.
Doit-on pour cela s’attendre à une crise de première ampleur sur le marché de l’immobilier ?
C’est ce que je vous propose de faire ici, et ce bien entendu avant de revenir aux conséquences de l’offre supplémentaire de streaming vidéo que nous promet la Paramount Pictures…
Du coq à l’âne, certainement pas !
Nous observons depuis une vingtaine d’années maintenant le déclin du commerce qui a pignon sur rue. De grandes enseignes historiques ont malheureusement dû fermer leurs portes : Borders, Blockbuster, ToysRUs, Pier One import et bien d’autres encore avaient déjà été mises en péril suite à la crise de 2008. Entre temps le marché numérique à fait sa place et les habitudes de consommation se sont modifiées, entraînant de plus en plus la chute du commerce de proximité. Pour ajouter une pierre à l’édifice, le confinement est venu nous démontrer qu’à partir de notre lieu d’habitation, nous pouvons faire énormément de choses et parmi ces choses, bien entendu… travailler.
Comme nous le démontrent Time/Warner et Paramount, les préoccupations ne s’orientent plus vraiment vers le fait d’attirer des clients en salle mais plutôt de suivre un modèle auquel Netflix nous a très clairement habitués. Et pour cause, chez soi on n’est pas dérangé par la sonnerie du téléphone de son voisin, on n’est pas obligé de se déplacer puis de rentrer à la maison. Les prix (en moyenne 9 euros par mois) sont très abordables si on les compare à ceux des prix en salle. Sans compter le passage obligatoire pour acheter les popcorns et le coca-cola – vendus à prix fort – que nous allons consommer en regardant le film en salle.
Bref, le secteur de l’immobilier est sujet à subir les nouvelles tendances de travail et de consommation et la question que je vous pose maintenant est simple : Que vont devenir tous ces bâtiments commerciaux, administratifs et industriels lorsque nous ne nous déplacerons plus (ou presque) pour aller travailler, pour aller nous divertir, ou bien encore pour aller faire nos courses ?
Comme toujours, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle…
La bonne est probablement que de nombreux espaces urbains ou ruraux (y compris ceux réservés aux parkings) vont probablement être convertis en habitations. Avec peut-être comme conséquence – encore une bonne nouvelle – de faire chuter le prix de l’immobilier et de ne pas rogner encore un peu plus sur les espaces naturels existants. La mauvaise nouvelle, vous l’avez deviné, est très clairement de voir disparaître des secteurs économiques historiques. Des secteurs comme celui des salles de cinéma…
Retour sur la Paramount Pictures…
De prime abord, je craignais que celui qui se pose la question de savoir comment sauver les salles de cinéma, se pose avant tout une mauvaise question. On peut en effet – tout comme Eddy Mitchell dans une de ses chansons – se lamenter sur l’avenir perdu d’un cinéma de quartier qui finira en garage ou en building supermarché, mais en réalité, ce n’est pas forcément une mauvaise question à se poser…
Un cinéma, c’est aussi un théâtre et nombre d’acteurs, de chanteurs, de scénographes ou d’artistes en tous genres voudraient pouvoir disposer de réseaux dans lesquels ils pourraient se produire. D’un autre côté, les réalités virtuelles et augmentées vont très certainement apporter de nouvelles dimensions au cinéma que nous connaissons actuellement. Bien entendu, la salle de cinéma ne sera peut-être plus l’endroit ou nous irons voir la dernière sortie des studios Warner ou celles de la Paramount, mais elle sera peut-être l’endroit ou un hologramme de Victor Hugo ou de Winston Churchill viendra nous parler de son oeuvre et dans le même temps où des acteurs professionnels interagiront avec ceux-ci. Voir même – pourquoi-pas – le spectateur ?
Netflix, Amazon Prime Vidéo, HBO, Disney, Apple TV plus, Salto… et maintenant Paramount plus… Paramount qui du haut de ses – presque – 100 ans d’existence peut offrir aux spectateurs un catalogue on ne peut plus riche. Et c’est sans compter sur les nouveaux projets de production qui pourraient venir. Néanmoins, nous sommes face à une solide problématique, car si les uns et les autres s’échangent leurs contenus, il suffira à ces entreprises d’essayer de se positionner comme le meilleur choix. Exactement comme les opérateurs télécoms le font aujourd’hui. Il se pourrait pourtant que ce qui se joue maintenant soit légèrement différent de ce que nous avons connu dans le passé, car si chacun garde son contenu pour privilégier son offre unique, la qualité de ce nous aurions à regarder risque d’être assez surprenante. D’une part nous allons être obligés de faire un choix entre l’un et l’autre. D’autre part, ces entreprises vont mettre de plus en plus de moyens pour nous séduire et il faudra dans ce cas s’attendre à un niveau de créativité que nous n’avons jamais atteint dans l’histoire. Dans le troisième cas, c’est encore une partie de notre budget ménager qui va basculer dans les services numériques (et qui sait peut être de nouveaux produits dérivés) si nous n’avons d’autres choix que de souscrire à tous les services de streaming à la fois.