Devenir un producteur de données…

Être producteur de données est-il un métier d’avenir ? 

Et bien, cela va peut-être vous surprendre mais il semble que dans quelques années, cela pourrait être le cas…

Après les métiers liés à la pacification des  bâtiments, ceux liés à la réparation et transformation d’objets, ainsi que ceux liés à la production énergétique, nous allons voir maintenant quels sont les métiers du futur liés à la production de données…

Un contexte de plus en plus difficile en termes de législation…

La marchandisation des données est-elle envisageable à terme ?

Pour le moment, il est vrai qu’une donnée n’a aucune valeur. Pour ceux qui la collecte, la traite et la stocke elle ne vaut pas vraiment grand chose si elle est isolée. En revanche, c’est le nombre de données collectées (dans un contexte précis) qui lui donne sa valeur réelle. De plus, elle n’a pas non plus – jusqu’à maintenant – de véritable valeur marchande. Mais tout ceci pourrait changer avec l’accélération et la multiplications des réglementations en termes de protection de la vie privée.  

Facebook, par exemple, a menacé de stopper ses services au sein de l’Union Européenne car la régulation irlandaise devenait trop contraignante, en voulant interdire les réseaux sociaux de transférer les données des ressortissants européens vers les États-Unis.

Résultat des courses: 

Le siège du réseau social se délocalise vers la Californie.

Vous connaissez probablement le RGPD (la réglementation générale sur la protection des données au sein de l’Union Européenne) ?

Je vais vous épargner les détails, mais en gros c’est la législation qui oblige les organismes qui collectent vos données à vous demander la permission de les utiliser ou pas…

Ce n’est rien de bien méchant à priori, mais cela marque le coup d’envoi de deux choses fondamentales qui vont forger les prochaines décennies : 

D’une part, les données sont de plus en plus protégées. Hors, les entreprises technologiques en ont véritablement besoin. En très grandes quantités même…

Plus elles seront protégées, plus elles seront précieuses, donc sujettes à une marchandisation.

D’autre part, si les entreprises technologiques sont obligées d’en acheter, un véritable marché de la donnée va se mettre en place. Nous allons donc voir apparaître des nouvelles règles en termes de prix, des métiers qui y sont liés ou de nouvelles habitudes de production et de consommation. Un monde nouveau dans lequel votre comportement va devenir véritablement l’élément qui génère de la richesse.     

Qu’est ce qu’une donnée ?

Si on veut exprimer les choses simplement, une donnée sert à élaborer des statistiques, à cibler minutieusement la publicité – et elle est très largement plus efficace que ce que les médias de masse peuvent faire dans le domaine – et à donner à manger à des algorithmes qui vont donner naissance à ce que l’on appelle l’intelligence artificielle. Vous l’aurez deviné, plus on collecte de bonnes données, plus on développe de bons (technologiquement parlant) produits.

Ce qui est important à retenir, c’est qu’une donnée est intimement liée à ce que vous êtes et à vos simples faits et gestes. Du moins, dans le contexte que nous développons ici, car même la nature peut produire des données. La donnée est donc abondante et se trouve partout. Mieux encore, vous pouvez la créer par de simples faits et gestes du quotidien qui peuvent générer plusieurs centaines de milliers de données. Plus la créativité est intense, plus les données seront nombreuses…

Une simple recherche sur Google comme “Microphone near me” peut par ailleurs en fournir de nombreuses :

Je recherche un micro, donc cela renseigne déjà beaucoup sur mes intentions, mes hobbies ou même ma situation professionnelle. Je suis équipé technologiquement. Je veux faire de la vidéo ou améliorer la qualité du son de mes visioconférences. Dans ce cas, qu’est ce que j’utilise comme système (Zoom, Team, Meet ) ?

Qu’ai-je acheté comme matériel électronique ces derniers mois ?

Quel est le débit de ma connexion internet ? 

Y a t-il de nombreuses demandes similaires dans ma tranche d’âge ou dans la localité (ou pays) dans laquelle je vis ? 

A quel moment précis de la journée ai-je fait cette recherche ?

Qu’avais-je visité comme endroit avant de faire cette recherche ?

Quelles sont les vidéos que je regarde sur YouTube

Combien de temps passé en ligne chaque jour ?

La liste est interminable et toutes ces informations (lorsqu’elles sont analysées) sont capables de cibler de manière absolument remarquable les gens à des fins diverses. En termes de santé aussi…

Auparavant, il fallait en général de 4 à 10 ans pour développer un vaccin. Il aurait été probablement impossible de mettre sur pied un vaccin contre la COVID 19 en l’espace record de 9 mois, si la collecte, le traitement des données et leur exploitation n’avait pas existé. 

La donnée, est exactement au XXI°siècle ce que le pétrole a été au XX°siècle, à la différence prêt que vous pouvez, vous la générer…

L’expérience client…

On parle depuis peu d’expérience client, mais il s’agit pour la plupart d’entre-nous d’une notion très vague, lorsqu’il s’agit d’expliquer ce qu’elle est vraiment. Voir même d’imaginer ce qu’elle pourrait être dans le futur et encore plus lorsqu’il s’agit d’y associer la possibilité d’en produire (et surtout de les rentabiliser).  

Prenons un exemple :

Je me rends au supermarché…

J’achète cinq articles et je me rends à la caisse. Comme beaucoup de gens dans mon entourage me le disent, il faut privilégier le contact humain, donc je me dirige vers une caisse où une employée attend un nouveau client. L’employée me regarde à peine et commence à scanner machinalement mes cinq articles. Une fois l’opération faite, elle me dit d’une voie distraite  » cela fera 34.50 euros”. Sans me regarder, elle retire la barre qui séparait mes marchandises de celles de mon successeur, me donne mon reçu et commence à scanner ses articles alors que je viens à peine de retirer ma carte de banque de l’appareil de paiement. Je m’empresse alors de reprendre mes articles, alors même que les marchandises suivantes se mélangent aux miennes. Je n’ai alors d’autres choix que de m’en aller soit en râlant soit en ignorant cette personne que je ne vais probablement pas revoir.

Voilà ce que l’on pourrait appeler l’expérience client…  

Elle est soit peu enrichissante – dans le plus optimiste des cas – soit très négative si l’on s’attache au fait qu’un client doit être respecté en tant que tel – et pourrait constituer une source de revenus largement supplémentaire pour le commerce de proximité. 

Dans le premier cas, je repars complètement indifférent, dans le second je me dis en moi-même que je ne remettrai plus jamais les pieds dans cet endroit, mais mon passage aura laissé des traces :

  • Combien ai-je dépensé ?
  • Ai-je utilisé une carte de fidélité ?
  • Quel type de carte de paiement ai-je utilisé ?
  • Ai-je acheté un sac réutilisable ?
  • Combien de fois ai-je fait mes emplettes dans ce magasin ?
  • A quelle heure ai-je fait mon shopping ?
  • Ai-je utilisé des coupons de réduction provenant d’un magazine local, régional ou national ?

Toutes ces traces pourraient être données à manger à des algorithmes qui, comme nous l’avons vu plus haut, vont servir à une maximisation du ciblage clients à des fins publicitaires, à faire des statistiques ou encore améliorer les performances d’une Intelligence Artificielle. 

Nous avons pris plus haut, l’exemple d’une mauvaise expérience client. Voyons maintenant ce que pourrait-être une bonne expérience client en nous projetant un petit peu dans l’avenir…

Nous sommes en 2025 et le commerce de proximité spécialisé dans la vente de vêtements à littéralement été décimé. Nous achetons désormais des vêtements en ligne que nous essayons virtuellement. Le système est aujourd’hui irréprochable car nous scannons nos mensurations avec notre téléphone portable et nos données sont enregistrées sur notre compte Amazon. Aussitôt que nous voulons acheter un vêtement, la plateforme nous l’expédie immédiatement. C’est simple, net, efficace et nous n’avons même plus besoin de nous déplacer…

Qu’en est-t-il à votre avis, des quelques magasins de vêtements qui ont survécu ?

Revenons les pieds sur terre : 

D’un côté le client a le choix de commander le vêtement qui lui convient parfaitement, en ne produisant rien de plus que l’effort d’un clic. De l’autre le client doit prendre du temps, aller remplir le réservoir (vide) de sa voiture, trouver une place de parking, payer son parking et peut-être risquer un PV pour mauvais stationnement en cas de saturation de place. Puis rentrer dans le magasin, faire la file peut-être, payer ses achats et ressortir. Des achats pour lesquels il va devoir supporter le poids financier de cette vitrine qui a pignon sur rue et il sait que cela ne va pas faire du bien à son portefeuille.

Qui sera le plus fort selon vous ?

Voyons maintenant les choses différemment…

A votre avis, quel est le type de commerce de proximité qui symbolise le plus l’expérience client ?

Le restaurant…

Le restaurant, c’est avant tout l’endroit – contrairement à l’exemple que je vous donnais ci-dessus – où on a envie de se rendre. C’est chaleureux, on s’y retrouve à deux ou entre amis, on n’a pas besoin de cuisiner soi-même, c’est bon, c’est différent et on se fait servir. En bref c’est du plaisir et non une corvée à accomplir.  

Quoi de plus agréable comme expérience client ? 

On ne doit pas s’y rendre par obligation, ou si c’est le cas (pour des raisons professionnelles par exemple) on sait malgré tout que nous allons y trouver une certaine forme de satisfaction, malgré les impératifs. Lorsque l’on réalise cela, on peut se pencher réellement sur l’avenir du commerce de proximité…

Un commerce de proximité dans le futur sera un endroit où nous (ou  nos enfants) auront envie de nous rendre par plaisir et non par obligation. La chaîne de librairie américaine Barnes & Nobles à depuis longtemps déjà compris cela en intégrant des restaurants, des espaces de lecture ou bien encore des espaces où l’on peut acheter un café et le boire en consultant un livre. Les étudiants peuvent même y faire de la recherche, exactement de la même manière qu’ils le font dans une bibliothèque. C’est une étape, bien entendu, mais ce ne sera pas suffisant pour survivre à la numérisation de l’écrit. A l’échelle de cette chaîne, les défis sont nombreux et sans une fusion entre l’objet à vendre (le livre) et la technologie, il y a fort à parier que les jours du géant américain soient comptés.   

Vous et l’expérience client ?

Revenons un instant à notre magasin de vêtements…

Que croyez-vous qu’il serait bon d’entreprendre pour le sauver de la faillite tout en sachant qu’il ne survivra pas longtemps face à Amazon. Et il n’est pas question ici de se plaindre et de dire que la situation est injuste. Nous avons besoin de nous adapter à la situation et non de nous apitoyer sur notre sort. 

J’ai eu l’occasion de vivre dans une petite ville de l’État de New York (Larchmont), dans laquelle les commerces du centre fermaient les uns après les autres. Sur une  dizaine de minutes de marche, il était fréquent de passer devant une bonne dizaine de vitrines à louer.

Cela faisait effectivement une boutique à la minute…

Mais progressivement, un nouveau type de commerce s’est progressivement mis en place. Ceux-ci se concentrent désormais, non plus sur des activités de retail, mais plutôt sur des… expériences clients

Ateliers de DIY, ateliers musicaux, partage d’expériences particulières, ateliers divers, voilà exactement ce qui remplace progressivement les étagères remplies d’objets à vendre. 

Pour chacune de ces frustrations qui nous transcendent en permanence, il y a quelque chose de nouveau à développer. Prenons par exemple les vacances…

Nombre d’entre-nous passent du temps à travailler parce qu’ils ont besoin d’avoir des vacances au soleil au moins une fois sur l’année. 

Faut-il pour cela prendre l’avion ?

Ne serait-il pas plus simple de créer des espaces dans lesquels les gens peuvent se détendre pendant une heure, une journée ou deux et qui leur donnent cette impression de chaleur dont ils ont besoin, et ce tout au long de l’année ?   

Et maintenant, que fait-on ?

Venons en au fait…

On sait que la protection de la vie privée sur Internet est une question de premier ordre. Et cela est tout aussi valable en Chine (qui n’est pas le meilleur élève en la matière) qui commence progressivement à mettre au pas ses propres champions du monde numérique en matière de protection des données.

Plus nous avancerons dans les restrictions concernant la collecte (et le traitement et l’utilisation) de ces données, plus nous avancerons dans un monde dans lequel leur marchandisation sera à l’ordre du jour. Cela signifie que qu’un particulier pourrait pratiquer une activité dans un commerce quelconque et que l’on pourrait le rémunérer pour récolter et traiter les données qu’il laisse sur son passage, en lui offrant – pourquoi pas – gratuitement une expérience client. Vu sous cet angle, il se pourrait très bien que l’activité que vous proposerez à vos clients ne soit jamais qu’un prétexte pour vous transformer en courtier en données. 

Toujours est-il que nous ne sommes pas loin de vivre dans un monde dans lequel le simple fait de participer à plusieurs activités combinées soit une source de revenu partielle, voir même complète… 

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