Il semble que les Etat-Unis sont redevenus la terre promise des entreprises depuis 2022. LG vient d’annoncer un nouvel investissement de 5,5 milliards de dollars dans une usine de batterie près de Phoenix, en Arizona.
Alors au delà de cet investissement, plusieurs point sont intéressants à relever :
Tout d’abord, l’intérêt de LG pour la géolocalisation de son usine sur cette bande de terre. La seconde, c’est l’intérêt tout particulier du coréen pour l’automobile. Mais ce qu’il y a de plus marquant, c’est que l’entreprise a très clairement avoué que son choix a été motivé par les subventions américaines offertes dans le cadre du Reduction Inflation Act, initié par l’administration Biden en août 2022…
Pas si endormi que cela…
Donald Trump avait beau se moquer de son rival démocrate Joe Biden, en l’appelant Sleeping Joe, il semblerait que l’intéressé ne soit pas si endormi que cela…
Dans les grandes lignes, le plan Biden, c’est environ 5.000 milliards de dollars pour faire entrer sa chère et tendre patrie dans le XXI°siècle et aussi pour continuer la guerre économique, contre la Chine, que son – très contesté – prédécesseur a initiée. Il faut dire que d’un certain côté, certaines infrastructures, outre Atlantique, sont plutôt vieillottes. Beaucoup d’États disposent encore, à l’heure actuelle, de l’infrastructure électrique mise en place par Thomas Edison à la fin du XIX°siècle et au début du siècle suivant.
Mais le plan Biden va bien au-delà du renouvellement des infrastructures…
Il consiste aussi à inviter les entreprises américaines à se relocaliser sur le territoire et, pire encore, à servir d’aimant pour attirer un bon paquet d’industries étrangères chez l’Oncle Sam. C’est le vice inhérent au Reduction Inflation Act, qui terrifie par ailleurs, l’Union Européenne. Et oui, nos chers dirigeants européens ont en effet une frousse bleue de voir partir leurs fleurons industriels chez Uncle Joe.
Le motif ?
C’est que ce dernier distribue des subsides à grands coups de milliards de dollars, mais exige en contrepartie qu’une certaine quantité d’éléments contenus dans un produit, soient aussi fabriqués par des entreprises implantées sur le sol américain…
Mais ce n’est pas tout…
Que demande de plus le peuple ?
Visiblement rien d’autre, car cela fait maintenant plusieurs mois qu’on assiste à un véritable raz de marée en termes d’investissements. Il n’y a pas une semaine sans qu’une grosse entreprise annonce le déploiement d’une nouvelle usine aux USA.
L’orientation géographique que prennent celles-ci est tout d’abord très intéressante, et ce sont le Nevada, l’Arizona et le Texas qui en sont les principaux bénéficiaires. Il n’y a, en fait, rien d’étonnant à cela puisque la fiscalité y est moins rigoureuse qu’en Californie par exemple. Une Californie qui subit de plein fouet les dérives fiscales des élus démocrates. Les loyers et l’immobilier, en général, y sont aussi moins chers. Il faut ajouter à cela une législation commerciale et industrielle beaucoup moins lourde. Donc, en bref, il semble que la bande sud des Etats-Unis devient un centre technologique de première importance pour le monde occidental (et plus globalement pour le monde entier). Technologique oui, parce que c’est dans cette zone que se concentre une majeure partie de la production future des semi-conducteurs, de l’industrie spatiale et… de la construction de batteries, bien entendu (tant pour l’automobile que pour le stockage d’énergie). Rien que sur cette bande sud du pays, Tesla possède trois usines de construction de batteries sur les 6 qu’elle possède au total (Californie, Nevada et Texas). Les batteries, c’est aussi le but du coréen LG qui a donc choisi l’Arizona pour installer sa nouvelle usine…
Des entreprises qui somnolent ? Non pas du tout !
Qu’on ne se fasse pas d’illusion, les Américains sont nos amis, mais – on peut malheureusement le regretter – pas trop quand même…
L’Union Européenne part, hélas (par rapport à nos voisins occidentaux), avec une solide longueur de retard !
Reprenons l’exemple de Tesla :
Le coût des batteries fabriquées aux Etats-Unis est de 25 à 40% moins cher que dans son usine de Berlin. Une usine qui a été inaugurée en même temps que celle d’Austin (mars 2022 pour la première, avril pour la deuxième), après de nombreux problèmes avec les associations écologistes et les syndicats allemands. Avant même de tourner à un rythme presque normal, Tesla faisait démonter des chaînes de production pour les envoyer dans son usine texane. C’est pour dire du climat ambiant dans les usines européennes. Si on ajoute à cela les problèmes liés au coût de l’énergie (et les risques de pénuries liés à la guerre en Ukraine), la lourdeur administrative ou bien encore la fiscalité, il semble très clair que ce sont les Américains qui vont rafler la mise sur ce qui semble être une nouvelle grande exode industrielle !
Demandez donc aux dirigeants de LG s’ils n’ont pas envie de changer d’avis et de venir s’installer sur le territoire européen. Il y a peu de chance qu’ils vous disent oui, certainement !
Mais rien ne sert de lever les bras au ciel ou de pleurnicher cependant. Voyons avant tout ce que l’on peut faire avec ça…
Nous avons une longueur de retard et nous allons la conserver inévitablement. Il est difficilement imaginable que l’Europe rejette le syndicalisme, l’hyper législation et son modèle fiscal (y compris social) généralisé. Désormais l’espace, l’énergie, l’économie de l’attention, les semi-conducteurs et tout ce qui concerne les datas (traitement, transformation, stockage) sont dans les mains des américains et il va falloir vivre avec.
Autre problème, s’il en est toutefois un, c’est que trois entreprises qui semblent dormir…, des entreprises issues d’un petit pays d’Asie sont tout doucement en train de devenir des acteurs de premier plan dans le monde de l’automobile et du stockage de l’énergie (les deux sont très intimement liés). Et il se peut fort bien que dans un avenir proche, nous soyons les consommateurs chroniques de leurs produits fabriqués sur le territoire (hé oui)… américain.
Hyundai, Samsung et LG…
En ce qui concerne le premier, ce n’est bien entendu pas une surprise. Quant aux deux autres, par contre, il semble qu’ils n’avaient pas vocation à entrer dans le secteur automobile (Samsung a néanmoins vendu sa branche automobile au début du siècle et a continué un partenariat avec Renault) et pourtant en ce qui concerne LG, les ambitions de créer des véhicules électriques, autonomes et modulables est clairement affichée. Sa nouvelle usine produira par ailleurs des batteries servant à la fabrication de batteries pour le secteur automobile ainsi qu’à la construction de batteries pour le stockage énergétique. Quant à Samsung – désormais le concurrent historique d’Apple – qui elle aussi lorgne sur le secteur automobile – il est plus que probable que les annonces du lancement d’un modèle révolutionnaire ne soit dévoilées au grand jour d’ici peu…
