« Peu à peu nous avons privilégié certains sites et certaines offres et de ce fait renforcé le pouvoir de compagnies très ciblées qui pourraient à terme nuire à chacun de nous »22. Elles ne s’apparenterait pas à une équipe gouvernementale élue tous les cinq ans, que l’on pourrait changer lorsque nous ne sommes pas content, alors que ces nouveaux élus numériques que nous avons choisi librement seraient une forme de pouvoir proche de la monarchie23. En d’autres termes « nous sommes mariés pour le meilleur et pour le pire à un système régalien qui s’affermit jour après jour, au détriment des droits du citoyen »24.
Vous commencez probablement à vous y habituer, voilà pour la première version. Je me répète certainement, mais cette dernière est celle d’un camp qui n’a aucun intérêt à voir la population s’émanciper de l’emprise du vieux couple. Un vieux couple qui entre parenthèse, s’est imposé très largement à ses sujets, bien que l’un de ses membres – le politique – change tous les quatre ou cinq ans. Nous pourrions appeler cela une sorte de divorce récurrent à l’amiable. En suivant chaque jours, depuis maintenant plusieurs années la manière dont les grands groupes technologiques évoluent, j’ai le sentiment que les plus grands de ceux-ci – et cela ne se limite pas aux uniques GAFAM, observez à ce propos les innovations venant d’entreprises telles que LG – nous offrirons bientôt la possibilité d’utiliser un ensemble de produits et de services qui couvrent absolument tous les aspects de notre vie. Souvenez-vous de ce que nous avons vu plus haut avec Amazon?
Aujourd’hui, j’ai la singulière impression que cette offre sera tellement homogène et en parfaite synergie avec nous-même que nous nous laisserons porter naturellement vers l’un ou l’autre. On va naturellement vers Apple ou vers Microsoft. Mais faut-il le rappeler, ni une république, ni une monarchie ne peut offrir le luxe du choix. Soit vous optez pour la gauche, soit vous optez pour la droite (toutes variantes confondues). Soit vous optez pour la démocratie, soit vous optez pour la dictature (il semble qu’aujourd’hui avec les mouvements populistes c’est un choix qui s’offre à nous). Le rôle de l’Etat va probablement dans le futur, se réduire progressivement au rôle d’arbitre entre un nouveau type d’usagers et un nouveau type d’opérateurs, alors que jusqu’ici il interférait – soit directement, soit indirectement avec des organismes qu’il avait lui-même sculpté – sur de nombreux aspects de la vie de l’individu (emploi, chômage, éducation, défense, sécurité, culture, etc).
Et c’est reparti…
Revenons à cette question cruciale…
Vous sentez-vous véritablement endormi, abruti ou encore écrasé par le poids des entreprises numériques ? Personnellement, je n’ai pas plus le sentiment que mes droits en tant qu’individu sont bafoués par ces entreprises, que lorsqu’une administration fiscale soumette ma vie toute entière à une IA (extrêmement puissante), pour savoir si je correspond bien à un modèle qu’elle a unilatéralement décidé pour moi et tout cela bien entendu, sans me demander mon avis. J’ai à vrai dire le sentiment contraire et de plus, je n’ai pas envie de suivre aveuglément les critiques qu’un autre fabrique pour moi. L’émancipation de l’homme commence avant tout par une émancipation par rapport aux idées des autres. De même que je n’ai pas envie qu’un conseil des sages pose les règles d’une époque à laquelle les membres de ce dernier n’y comprennent rien. Aujourd’hui, nos connaissances sont décuplées grâce à des outils informatiques formidables et nous disposons d’une source d’informations inépuisable. Ne croyez-vous pas qu’il serait temps de mettre les cartes sur la table une fois pour toute, et d’accepter le deal qui nous est proposé ?
Les américains ne passent pas leur temps à rouspéter parce que les entreprises de la Silicon Valley gagnent de l’argent avec leurs données. Seuls des Bernie Sanders ou des Elizabeth Warren sont capables de le faire. Les américains ne passent pas non plus leur temps à écrire des millions de pages de rapports qui au final n’aboutissent nulle part. Si vous ne voulez pas que l’on utilise vos données, abandonnez purement et simplement Internet et laissez travailler ceux qui le veulent. Et ces derniers sont aussi les start-up européennes qui tentent d’avancer dans l’IA alors qu’ elles sont elles-mêmes freinées par la législation, le RGPD ou le DSA par exemple…
Nous pouvons aujourd’hui nous épanouir, communiquer, travailler et vivre dans un système qui est supportable pour chacun, en l’échange d’une chose… nos données numériques. Et le fait que les américains et les chinois contrôlent ces données et que nous sommes mis sur le côté, est hors de propos ici. Ces données vont à moyen terme résoudre la plupart des problèmes que le vieux couple a créé et n’a jamais réussi à résoudre. Nous sommes peut-être des travailleurs bénévoles (pour l’instant, mais tout est monnayable, lorsqu’il s’agit d’une ressource de première importance) qui enrichissent des entreprises qui très vite auront le pouvoir de mettre à genoux tous les gouvernements du monde. Mais ne sommes nous pas non plus personnellement, en train de contribuer à sauver cette planète, cette humanité ou cette biodiversité, oh combien endommagée ? Ne sommes-nous pas en train de faire reculer la mortalité, la misère ou la violence ?
Et il ne s’agit plus ici de résultats dont les gouvernements peuvent s’approprier la titularité, mais avant tout des actions de centaines de millions d’individus qui n’hésitent plus à boycotter des empires qui sont prêts à tout faire pour accumuler de l’argent, quoiqu’il en coûte (et nous ne parlons pas ici des GAFAM). Et ces derniers ont bien compris l’importance de ce pouvoir que nous pouvons exercer contre eux. Ne sommes-nous pas un élément infime de l’entité la plus formidable de l’histoire de l’humanité ?
Ce que nous apportent ces entreprises technologiques est largement plus intéressant que ce que veulent nous apporter des acteurs économiques et politiques, assis confortablement sur le système actuel. Quitte à enrichir les uns, pourquoi finalement ne pas enrichir les autres, puisque de toutes les façons les premiers ont échoué à rendre l’homme heureux ? N’était-ce pas, pourtant la philosophie même de toutes les constitutions des démocraties modernes ?
N’importe quel homme politique, digne de bonne foi, devrait pouvoir se dire que si ceux qui représentent son monde avaient fait leur travail comme il leur était demandé de le faire – et il n’ont pas manqué de temps pour cela – ils ne seraient probablement pas dans une situation dans laquelle leur statut est remis en question aujourd’hui. Et de fait, les populations occidentales, après de nombreuses désillusions créées par les multiples gouvernements de droite et de gauche semblent se tourner maintenant vers les populismes. Il est possible, et c’est déplorable, que ces populistes de gauche comme de droite (ceux qu’autrefois – avant 2008 – on appelait les extrêmes) puissent avoir une chance d’assurer leur domination sur les populations dans la première partie de la décennie 2020/2030 (pour l’heure c’est déjà fait au Brésil, aux USA et en partie en Angleterre). Mais même arrivés au pouvoir, il n’auraient qu’un mandat afin de faire leurs preuves et il semble clair que la désillusion serait exactement la même qu’avec les partis plus modérés. L’échec de Donald Trump en 2020 n’en est-il pas un très bon exemple ? Les pénuries de main-d’œuvre en Angleterre n’ont-elles pas témoigné de la stupidité que le nationalisme pouvait engendrer ?
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
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