La France veut une suite bureautique souveraine : 23 millions d’euros… “à la poubelle” !

Trente-quatre ans après la sortie officielle de Microsoft Office et dix-sept ans après Google Apps – devenu entre-temps Google Workspace – la France investit 23 millions d’euros pour supporter le développement d’une… suite bureautique. Et ce dans l’unique but de. concurrencer les deux géants américains. 

La belle affaire !

Visiblement, la France est incapable de tirer les leçons du passé, du moins pour tout ce qui touche au numérique… 

Quaero, lancé en 2004 sous l’impulsion de Jacques Chirac, après un dîner apparemment un peu trop arrosé, a été un véritable fiasco en son temps. L’autre tentative, Qwant, qui se veut éthique, n’a jamais réussi, même après dix ans, à se tailler une place de choix dans le domaine. L’entreprise réalisait un modeste chiffre d’affaires en 2021, d’un peu moins de 12 millions d’euros. Une bagatelle par rapport à Google. Et tout cela c’est uniquement pour les moteurs de recherche sur Internet. 

Côté streaming cinéma et séries, un des rares test expérimenté, à savoir Salto, qui se voulait pourtant comme le Netflix français, est aussi un échec cuisant. 

D’accord, il faut battre le fer tant qu’il est chaud et c’est le moment en ce qui concerne les suites bureautiques avec le boum des IA génératives, mais c’est loin d’être gagné…

Les cartes qui changent de mains, c’est très délicat !

Microsoft, Google, Apple… ça, c’est la concurrence à laquelle se frotte le nouveau projet français, et on peut supposer que quiconque en a entendu parler dans la Silicon Valley ne va pas débattre de cela pendant des nuits entières.

Microsoft, Google et Apple, c’est trois entreprises qui se disputent une bonne partie du monde en terme de suite bureautique et qui présentent le (tout petit) problème pour les candidats nouveaux venus, d’avoir une clientèle ultra fidélisée et satisfaite de leurs outils de travail. Vous imaginez les millions d’employés qui – juste pour le prétexte d’utiliser un produit européen – passeraient de Microsoft Office à une suite – on peut l’imaginer – certainement moins complète et efficace ?

Jusqu’à quand, les français vont vouloir montrer les américains du doigt et faire eux même des choses qu’outre Atlantique, on fait déjà très bien ?

Changer les choses, être complémentaire de systèmes bien rodés, oui certainement, mais, n’ayons pas peur des mots, faire des pâles copies, c’est tout simplement aller droit dans le mur. D’autant plus qu’il semble clair, voire limpide que les suites bureautiques vont être aussi équipées d’IA génératives. C’est déjà le cas, depuis peu, pour Microsoft Office et Google arrive aussi sur le terrain. Apple est un peu à la traîne – il faut bien l’avouer – mais va aussi s’y mettre, et on sait d’avance que l’entreprise fera les choses très bien, comme à son habitude…

And the winner is…

Autre problème, ces trois entreprises développent leurs propres IA depuis plus de 10 ans, alors qu’en France on en est nulle part dans le domaine (merci au RGPD, encore une fois). Dans ces conditions, on voit mal comment entrer en compétition directe avec trois des cinq GAFAM. Sans compter que Meta et Amazon ne vont pas tarder à entrer dans la course et possèdent des outils qui pourraient bien changer notre manière de percevoir et d’utiliser une suite bureautique. 

Et c’est bien sur ce point qu’il faut s’interroger…

Comment rendre obsolètes les suites bureautiques que nous utilisons – si du moins c’est utile – et ne pas faire une simple reproduction Made in France

Le Made in France, c’est très bien quand cela fait partie de son ADN, mais pour l’instant, cet ADN est loin d’être numérique…

Mais le problème n’est pas seulement français, il est aussi et surtout européen. Ou plutôt, il se situe dans l’esprit européen, qui rejette l’innovation car nous ne voulons rien changer à ce que nous connaissons. Nous faisons avec ce que nous avons sans jamais en demander plus (en termes d’innovation, bien entendu), alors que c’est tout le contraire pour les américains. 

Nous n’avons pas le choix, si nous voulons être devant eux, alors il faut renverser la table, et surtout ne pas faire comme eux. 

Pourtant, c’est récurrent :

Si les américains inventent le moteur de recherche, nous devons avoir absolument, nous aussi, un moteur de recherche. Ils inventent le cloud, nous devons aussi avoir un cloud souverain… 

Si nous n’inventons rien, nous ne devons donc pas nous étonner d’être en retard et de devoir suivre les autres…

Pire encore, la plupart des innovations sont souvent rejetées et violemment critiquées. 

Prenons l’exemple des voitures électriques :

Quand Elon Musk s’est lancé dans l’aventure, une bonne partie des européens ont dit que ça ne marcherait jamais (beaucoup y sont encore opposés aujourd’hui, par ailleurs), surtout les constructeurs eux-même, qui possédaient pourtant un solide savoir-faire en la matière. Quand les premières Tesla sont arrivées en Europe, ça a été la panique et les constructeurs s’y sont mis à leur tour. Aujourd’hui, c’est toute la planète qui s’y convertit et tout cela en à peine plus de 10 ans. 

Même chose pour l’espace : quand Musk a déclaré qu’il récupérerait les lanceurs de ses fusées, les dirigeants de l’agence spatiale européenne ont dit que ça ne marcherait jamais. Est-il donc nécessaire de parler de la 5G, de la robotique, des nano et bio technologies (notamment d’un certain ARN Messager, boycotté par une grande partie de la population au sein même de l’UE) et c’est même sans évoquer la problématique des problématiques par excellence… l’Intelligence Artificielle.

L’Italie est entrée dans la danse en interdisant ChatGPT et aussitôt l’Allemagne, l’Irlande et forcément la France l’ont approché pour connaître mieux les raisons qui ont poussé à une telle interdiction. Et on peut se douter que ce n’est pas pour blâmer l’Italie et que les sanctions ne vont pas tarder à tomber. 

Oui nous entrons progressivement dans une ère dans laquelle le doute par rapport à la vérité s’installe. Disons le clairement, une période de l’histoire où tout peut-être falsifié en un seul clic est désormais arrivée. Mais est-ce une raison suffisante pour se couper du monde et ne rien inventer de nouveau ?

Est-ce une raison pour voir de l’argent durement gagné par les contribuables aller s’envoler vers nulle part ?

Oser changer les choses, voilà ce qu’il manque à l’Europe et nous n’avons pas le choix, il va falloir y passer, qu’on le veuille ou non !  

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