Migrations et nouvelles technologies (1/4).

Pôles technologiques, continentalisation et apports technologiques dans les pays en voie de développement : Trois domaines dans lesquels les nouvelles technologies influenceront de manière remarquable les mouvements migratoires dans le futur…

« Dans le demi-siècle qui vient, les activités centralisées traditionnelles des entreprises des premières révolutions industrielles seront progressivement absorbées par les pratiques distribuées de la troisième [ ] Mais aujourd’hui l’énergie collaborative libérée par la conjonction de la technologie d’internet et des énergies renouvelables restructure fondamentalement les relations humaines. « [1]

En 2009, le réalisateur américain Jason Reitman adapte un roman de Waltern Kirn au cinéma… Up in the Air. Le film raconte la vie d’un consultant quadragénaire envoyé au quatre coins des États-Unis pour licencier « en toute délicatesse » des cadres, dans des entreprises en difficultés financières. La routine très appréciée de cet homme, change brutalement lorsqu’une jeune employée de 23 ans arrive au sein de la compagnie avec une formule révolutionnaire… Celle de licencier les cadres par l’intermédiaire d’une caméra numérique.

Résultat, tous les consultants de la firme se retrouvent alors obligés de remettre leurs habitudes de travail ainsi que leurs vies professionnelles en question.

Reitman juste après la crise économique de 2008, mettait en avant un phénomène qui allait devenir récurrent pour les prochaines années… l’immobilité des populations.

Si on dispose, en effet de tout ce dont on à besoin dans notre environnement pour atteindre n’importe qui (ou commander n’importe quoi) au bout du monde, alors nous n’avons plus besoin de nous déplacer.

C’est bien sûr valable, dans un contexte de rentabilité économique, comme
nous venons de le voir, mais cela touche particulièrement la vie de toute personne connectée à Internet. Même dans les régions les plus reculées du monde…

Pourquoi migre t’on ?

Afin d’analyser l’impact probable des tendances à l’immobilité (ou inversement migratoires) dans un futur relativement proche, (2050), il semble important de revenir sur les motifs qui poussent les populations à migrer vers d’autres régions du monde.

Le magazine Science Humaines le souligne…, les migrations ne concernent pas uniquement des flux des pays du sud en voie de développement vers les pays occidentaux [2]. Les raisons de migrer sont en effet diverses. Elles peuvent être d’ordre économiques, politiques, climatiques, familiales, ethniques, religieuses, personnelles, fiscales, etc [3].

En 2010, le nombre de migrants, toutes raisons confondues s’élevait à 200 millions de personnes et selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) seule une personne sur trois partait d’un pays en voie de développement vers des pays occidentaux [4].

Bien sûr, nous avons connus des flux migratoires majeurs depuis. Mais toujours selon le PNUD, la moitié des migrants ressortissants de pays pauvres s’installent dans d’autres pays pauvres. Beaucoup d’entre eux étant obligés de fuir des zones de conflits et n’ont pas les moyens de rejoindre des pays éloignés comme l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie ou la Nouvelle Zélande.

La chercheuse Hélène Thiollet dans un texte intitulé Migrations, exils et printemps arabes, fait remarquer que les tendances migratoires vers l’Europe observées dans les décennies précédent le printemps arabe, n’ont pas ou presque pas changées avec les changements politiques des pays concernés (à l’exception d’un flux de population particulier provenant de Tunisie, de Syrie et d’Irak suite aux troubles). Mais c’est surtout dans les pays voisins que les réfugiés s’installent, de manière temporaire en attendant la fin du conflit, ou même parfois définitive [5].

Notons encore que les politiques d’ouvertures de certains pays influencent elles aussi les mouvements migratoires (Iran ou pays du Golfe par exemple) [6].

D’autre part, en 2010 plus d’un quart des migrations internationales était professionnelles. Ils étaient 59 millions de personnes, à se diriger principalement vers le Canada, les États-Unis et l’Australie[7].

Enfin, les étudiants du supérieur constituent eux aussi une catégorie migratoire importante. Selon l’Unesco ils étaient en 2014, 4,3 millions [8]. Principalement orientés sur les États-Unis, l’Angleterre, l’Australie, la France, la Russie et le Canada. Et comme le fait remarquer le consultant John Salt, « Un domaine qui retient de plus en plus l’attention est celui du passage du statut d’étudiant à celui de travailleur, qui permet à des diplômés étrangers de passer directement de l’enseignement au travail sans avoir à retourner dans leur pays à la fin de leurs études. »[9].

Les migrations étudiantes influencent donc de manière importante les migrations internationales. Même si beaucoup rentrent chez eux après leurs études. Récemment, une nouvelle catégorie de migrants est venue se rajouter à la liste : Le réfugié climatique… « Selon l’Internal Displacement Monitoring Center (IDMC), entre 2008 et 2014, une moyenne annuelle d’environ 25 millions de personnes sont déplacées chaque année pour cause de catastrophes naturelles »[10]…

  1. Jeremy Rifkin, La troisième révolution industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le
    monde,
    Les liens qui libèrent, 2012, traduit de l’américain par Françoise et Paul Chemla, p.17.
  2. Lydie Fournier, Les migrations internationales, in Sciences Humaines.com, Publié le 05/02/2010, URL : [https://www.scienceshumaines.com/les-migrations-internationales_fr_24921.html], (consulté le 26/12/2017)
  3. Ibid.
  4. Ibid
  5. Hélène Thiollet, Migrations, exils et printemps arabes, URL : [https://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/4n9k8qh3vm81u8ls1as8ad0suh/resources/thiollet-migrations-exils-printemps-arabes-2013.pdf], (consulté le 28/12/2017).
  6. Ibid.
  7. Ibid.
  8. Adrien de Tricornot, La France recule à la quatrième place pour l’accueil des étudiants étrangers, in Le Monde.fr,
    URL : https://www.lemonde.fr/campus/article/2017/01/12/la-france-recule-a-la-quatrieme-place-pour-l-accueil-des-etudiants-etrangers_5061648_4401467.html, mis à jour le 12/01/2017, (consulté le 27/12/2017).
  9. John Salt, Évolution actuelle des migrations internationales en Europe, Conseil de l’Europe, janvier 2005, URL : https://www.coe.int/t/dg3/migration/archives/documentation/Migration%20management/2004_Salt_report_fr.pdf, p.34, consulté le 29/12/2017.
  10. Laetitia Van Eeckhout et Stéphane Foucart, Le changement climatique, facteur de déstabilisation et de migration, in Le Monde.fr, URL : https://www.lemonde.fr/climat/article/2015/09/11/le-changement-climatique-facteur-de-destabilisation-et-de-migration_4752611_1652612.html , mise à jour le 11/09/2015, consulté le 11/01/2018.

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