L’Intelligence Artificielle générative (IAG) est-elle véritablement un danger ?
Non, c’est une révolution et comme toutes les révolutions, elle n’est pas sans conséquences pour ce qui s’est construit dans le passé. Sur base de ce constat, il s’agit maintenant d’analyser les conséquences potentielles que l’IAG pourrait générer.
Pour les risques de suppression d’emplois, il est clair que ce à quoi nous assistons aujourd’hui, va générer une certaine crise (mais peut-être pas si importante que ce que l’on pourrait croire).
Un autre aspect des risques que représente l’IAG, est la perte de contrôle humain sur celle-ci, notamment, en ce qui concerne les fausses informations qu’elle pourrait répandre. Forcément, s’ensuit alors le risque de détournement de l’outil par des pirates, qui disposent désormais de moyens considérables pour faire du mal aux autres.
Enfin, il y a la peur liée au fait que la créativité pure se trouve désormais menacée par un grand remplacement qui atteint des domaines inatteignables auparavant – et ça vexe – par des machines…
La peur, la peur, toujours la peur !
Grand remplacement, perte de contrôle sur la machine et fin de la créativité humaine…
Il faut bien l’avouer, l’enjeu est de taille, mais n’est t-il pas non plus, aussi humain d’avoir peur de perdre ce que l’on a ?
N’est-ce pas d’abord sur ce point qu’il faudrait se pencher ?
Le changement fait peur et peu d’entre nous sont persuadés que les choses seront meilleures après…
Bill Gates a comparé récemment le développement des IAG à une révolution similaire à celle de l’apparition des interfaces graphiques pour les ordinateurs. Il avait dans ce sens raison, car l’impact que celles-ci ont eu dans le monde nous a fait passer de l’ère industrielle à l’ère numérique. Elles ont démocratisé l’accès intellectuel à l’ordinateur. Elles en ont simplifié l’accès pour la majeure partie de la population mondiale et puis… Internet a fait le reste !
Aussi, à l’époque – dans les années 80, donc – beaucoup se sont interrogés sur leur avenir et cela concernait en grande partie les métiers créatifs :
Architectes, designers, graphistes, imprimeurs, dessinateurs de bande dessinée, illustrateurs, maquettistes, photographes… Toutes ces professions ont été touchées et pourtant peu d’entre elles ont disparu. Elles se sont bien au contraire emparées de ce nouvel outil et en ont fait un instrument qui a servi à générer beaucoup plus de travail. Internet en revanche a bouleversé nos comportements (certaines professions comme celles liées aux médias ont dû par ailleurs, solidement se remettre en question), mais malgré tout, nous nous sommes tous adaptés et qui s’en plaindrait aujourd’hui, à part des cas extrêmes comme Yves Cochet ?
Musk encore et toujours lui…
Récemment, comme vous le savez peut-être, une lettre ouverte initiée par 1.000 experts, dont faisaient partie Elon Musk et Stephen Wozniak, proposait un moratoire pour stopper tout développement des IAG, pendant au moins six mois. L’objectif étant d’analyser – entre autres choses – les conséquences du déploiement massif de celles-ci. Si certains de ces experts croient fortement en la démarche, et ce n’est pas nouveau – on se rappelle du combat mené par le génial Stephen Hawking – pour d’autres, certains doutes subsistent. Cela vaut en particulier pour notre cher Elon Musk…
Beaucoup d’entre-nous pensions que sa démarche était liée à sa vieille rancune contre Open AI, entreprise qu’il a lui-même co-fondée. D’autant plus que Microsoft – on connaît l’opposition entre Musk et Gates et les attaques fréquentes de l’un contre l’autre – a sauté sur l’occasion pour y injecter énormément d’argent. Mais deux choses choquent dans la démarche de Musk :
La première est que Tesla est ultra développée dans l’Intelligence Artificielle, particulièrement en ce qui concerne la conduite autonome de ses véhicules et surtout pour l’utilisation de ces technologies pour son futur robot Optimus. Un robot qui constitue un des objectifs principaux de Musk pour le futur.
La seconde touche particulièrement à Twitter ou plutôt à X Corp…
Aujourd’hui, Twitter a cessé de licencier. Au contraire, l’entreprise embauche ou plutôt débauche, notamment chez Deep Mind, la filiale dédiée à l’Intelligence Artificielle d’Alphabet (Google). Mieux encore, Twitter investit massivement et ce n’est pas dans des rames de papier, mais plutôt dans des unités de traitement graphiques utilisées dans l’entraînement rapide des IA.
Tout ce ramdam aurait donc comme principale source… le temps !
Il est vrai que gagner du temps quand une révolution a lieu, c’est important et c’est par la force des choses, crucial. Et cela, Musk le sait, peut-être même mieux que tout le monde. Rappelons qu’il a senti venir l’explosion de la bulle des “.com” au début des années 2000, ce qui l’a, par ailleurs, amené à fusionner son entreprise de l’époque – X.com – et créer ainsi PayPal.
Venons-en aux risques…
Encore ce “X” qui revient sur la table…
La révolution, on le sait, a lieu en ce moment, mais il nous reste encore à évaluer l’ampleur de son impact…
Utilisation de suites bureautiques et recherche (donc concernant la plupart des professions de bureau), vidéo, son, images, écriture… En gros, la plupart des aspects de notre civilisation occidentale sont concernés. Mais le développement des IAG, du moins tel qu’il se fait en ce moment, n’apporte jamais rien de plus que des outils exceptionnels avec lesquels travailler. Donc, nous pouvons nous réjouir du gain de temps que nous allons acquérir – et insistons sur ce fait : dans un premier temps uniquement – grâce auquel nous serons plus performants et peut-être profiterons un peu plus de la vie. Pour travailler par exemple, quatre jours par semaine à la place de cinq, ou au contraire en faire pour dix à la place de cinq. Ce qui constitue très clairement un but – si l’on doit se référer aux nombreuses études qui ont été réalisées dans le domaine – pour de nombreux employés depuis l’expérience des confinements dûs à la pandémie de COVID 19. Les estimations actuelles évaluent à 37% le gain en rentabilité qu’un employé pourrait gagner avec les IAG, entendons-nous bien, toujours dans des bureaux.
Imaginons maintenant, les gains futurs, en termes de recherche et de développement, notamment dans les domaines de la médecine ou encore des technologies visant à produire de l’énergie ?
Top of the World, oui mais ça c’est pour le bon côté…
Du côté obscur de la force par contre… oui les artistes, les créateurs ou autres, vont devoir se remettre en question. Mais n’est-ce pas – au regard de l’histoire – ce qu’ils ont fait de tous temps ?
Pour preuve, la production graphique ou plastique n’a jamais été aussi riche qu’après l’apparition (ou plutôt la démocratisation) d’une certaine photographie qui venait bouleverser complètement la façon de faire et de percevoir l’image. Oui, aujourd’hui, plus que jamais cette perception va se trouver bouleversée, et la nouvelle dimension de ce challenge qui dure depuis très longtemps, est que nous allons devoir surtout nous méfier de ce que nous voyons ou de ce que nous entendons et c’est cela qui est le plus important. La véritable révolution est là !
Des entreprises licencient déjà à tour de bras dans les métiers liés au journalisme. Rédacteurs ou graphistes sont aujourd’hui en première ligne, comme ils le furent, par ailleurs, dans le passé. Ce fut le cas au début des années 2000 et jamais, le monde n’a vu naître autant d’entreprises, de sites web et de projets dans le secteur qu’aujourd’hui.
Le fait est que nous sommes arrivés à un niveau de saturation dans beaucoup de domaines. Nous devons en remercier un Internet qui a permis tout simplement au habitants du monde entier de s’exprimer, de créer et de s’adapter à la situation auquel ils étaient confrontés.
Finalement l’Intelligence Artificielle ne modifie en rien ce que nous sommes vraiment, à savoir des êtres qui avons peur d’un environnement hostile à notre existence. Qu’il soit technologique ou naturel, le principe reste finalement le même…
Sébastien Colson
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