Deuxième partie

La transformation des relations humaines…

Le monde change !

« Comprendre philosophiquement le phénomène numérique, ce n’est pas chercher dans l’histoire de la philosophie, des concepts métaphysiques qui s’y apparentent, mais tenter de formuler la philosophie qu’il renferme en tant que phénomène du monde »1 [ ] Entre les années 1970 et celles que nous vivons aujourd’hui, un nouvel humain est né. Le corps est différent, son espérance de vie aussi, il ne communique plus de la même façon, ne perçoit, ni ne vit plus dans le même monde, même la nature et l’espace sont différents »2. Un phénomène de mutation important de la société était déjà visible à l’époque. Les politiciens l’appelait crise et pour les philosophes c’était un « changement du monde ». « Les premier ne sachant pas comment la gouverner et les seconds sachant qu’elle s’accomplirait inexorablement »3.

L’univers numérique est aujourd’hui tout autour de nous et en Europe, c’est un fait, nous n’avons rien vu venir… En réaction, les autorités essayent tant bien que mal, de faire passer le message que ce dernier nous endort en nous satisfaisant des besoins qui exigent naturellement de nous de nombreux efforts. Pourtant, si nous regardons les choses en face, dans notre vie occidentale, l’héritage des deux premières révolutions industrielles nous écrase quotidiennement sous la contrainte. Dès le début de notre journée, il s’impose à nous par un réveil obligatoire pour aller travailler (ou aller à l’école). Il ne s’agit pas d’un réveil naturel qui doit normalement, comme la nature l’exigeait, se faire en fonction de notre métabolisme. La suite n’est jamais qu’une succession de contraintes dirigées par principalement deux choses : le temps et l’argent. L’autre partie de la journée étant consacrée à essayer d’éponger tous les dommages de la première, en utilisant au maximum le temps et l’argent que l’on a gagné en faisant tant d’efforts. Comment pourrions nous résister au pouvoir d’avoir des machines qui font tout à notre place pour (certains ne seront pas d’accord sur ce point) un coût marginal (financier) proche de zéro ? 

Nous sommes effectivement de plus en plus habitués à substituer des représentations de la réalité à cette même réalité. « Nous utilisons un bureau Macintosh comme nous utilisons un bureau sur quatre pieds »4. L’ordinateur que nous utilisons contient des éléments concrets de notre vie. Qu’il s’agisse de livres, de copies de cartes d’identité, de photos ou de factures. La frontière entre ce qui est réel et ce qui est virtuel se réduit fortement à mesure que les éléments de notre vie matérielle ou physique se substituent au monde numérique. Cela fonctionne, bien entendu, pour des choses importantes, mais cela concerne aussi des choses insignifiantes telles qu’un simple ticket de caisse. Il est clair que dans ce cas, notre façon de percevoir la réalité change de manière considérable, mais elle ne nous transforme pas pour autant en légumes.

Après les critiques de Rifkin, les critiques du numérique…

Dans la lignée de Cédric Biagini, Daniel Ichbiah (pourtant auteur de biographies – pas forcément négatives – de Bill Gates et une autre de Mark Zuckerberg) met en avant le fait qu’à peine en quinze années, une grande partie des valeurs acquises dans le passé ont été « vilipendées, raillées, bafouées, le plus souvent par des entreprises américaines s’estimant au dessus des lois, sans que cela ne soulève de protestations particulières, ou alors isolées »5. Entreprises américaines comme forcément Google, Facebook ou Twitter qui possèdent des filiales à l’étranger (ou pas) agissant au mépris des lois locales et n’ayant « de comptes à rendre qu’à leur maison mère en Californie, à New York ou ailleurs [et ]qu’elles ne relèveraient pas du droit du pays d’accueil »6. Allant même jusqu’à évoquer parfois des sections de la constitution américaine 7. L’oncle Sam s’invite donc dans le droit européen. C’est vrai, mais il m’importe ici de mettre certaines choses au point… 

Les valeurs du passé (même mauvaises) ont effectivement été bousculées par la transformation numérique de nos vies, mais il faut souligner que ce sont principalement les pouvoirs publics et les grosses entreprises de l’économie traditionnelle qui se sont retrouvés sous le feu de celle-ci. Pour l’individu moyen, les petites entreprises et les micro-entrepreneurs, les changements ont été significatifs et souvent fortement bénéfiques. Les technologies de l’information et des communications confortent chaque individu dans une aisance quotidienne et encore une fois, qui pourrait s’en plaindre, à part ceux qui tirent directement profit des mécanismes mis en place lors des XIX° et XX°siècles ? 

Elles limitent le nombre d’actions superflues à réaliser chaque jour, tout en multipliant les capacités humaines et repoussent en même temps les limites imposées par les lois terrestres. De plus, fait non négligeable, elles donnent à chacun la possibilité d’exister en créant ou en participant à une cause quelconque de manière volontaire et spontanée. Si l’individu moyen ne s’est pas élevé contre la destruction des valeurs acquises par le passé, c’est entre autres raisons parce que ces valeurs privilégiaient souvent des domaines de nature, nous l’avons vu avec le pétrole… élitistes. Stéphane Vial dans un article pour le Huffington Post décrit le sentiment numérique comme tel : « … parce que j’ai pensé qu’il pouvait nous amener non seulement à « concevoir une autre culture » mais encore à la faire advenir, une culture où les citoyens auraient plus de pouvoir et vivraient autrement le lien social, classiquement saturé de verticalité et de privilèges. Et, d’une certaine manière, en 15 ans, c’est ce qui s’est passé avec l’essor des cultures numériques et la perspective d’une « troisième révolution industrielle » (Jeremy Rifkin) organisée autour d’une « économie de la contribution » (Bernard Stiegler) et s’appuyant sur la « démocratie Internet » (Dominique Cardon) et ses nouvelles « liaisons numériques » (Antonio Casilli) [ ] Encore faut-il que les pouvoirs publics aient le courage de soutenir réellement l’innovation numérique au service de l’homme et de la société, en dégainant autre chose que des lois anti-Amazon ou des politiques culturelles et industrielles recroquevillées sur la tradition, les vieilles recettes et la peur de voir l’avenir en grand »8.

Revenons sur ces bonnes paroles… “Encore faut-il que les pouvoirs publics aient le courage de soutenir réellement l’innovation numérique au service de l’homme et de la société, en dégainant autre chose que des lois anti-Amazon ou des politiques culturelles et industrielles recroquevillées sur la tradition…. “

Nous y voilà ! 

De (feu) Londres à Paris, on n’hésite pas, au besoin, d’interdire les entreprises du numérique qui gênent des acteurs trop bien installés. On aurait pu croire qu’un  Emmanuel Macron qui affichait un slogan étincelant, comme seuls les français savent les concevoir, Une nation startup, censée porter la France comme étendard de l’Europe sur la scène internationale des NBIC, aurait contribué à changer les choses, mais malheureusement en réalité il n’en est rien ! A l’international, avec énormément de bonne volonté, il aurait fallu au moins 10 ans pour effacer l’image de cette France fermée à l’innovation que François Hollande avait contribué aveuglément à donner à son pays. Une France réactionnaire, qui rejetait purement et simplement tout nouvel apport technologique. Malheureusement la situation avec son successeur s’est encore un peu plus détériorée en plaçant Bruno Le Maire au poste de ministre des finances et de l’économie. Ce dernier militant ouvertement contre les grosses entreprises technologiques alors que le bon sens voudrait qu’il se demande avant tout, ce qu’il devrait faire pour attirer ces entreprises sur son propre territoire. Il est très clair qu’une taxe GAFA, je pense l’avoir démontré plus haut, n’est pas conçue pour cela. 

Lorsque Emmanuel Macron revient de Chine fin 2019, avec une magnifique délégation de vainqueurs, qui se targuent d’avoir signé des contrats pour 13.6 milliards d’euros (en gros de la petite monnaie en comparaison de ce qui se lève comme fonds aux Etats-Unis ou à Tel Aviv dans le domaine des NBIC), on est loin des entreprises du scintillant et flambant neuf Next 40, car les vainqueurs sont Suez, Engie, Areva, Safran, Accor ou encore Airbus…9.

Au même moment, outre Atlantique…

Au même moment, aux USA, Bernie Sanders et Elizabeth Warren jouaient, eux aussi, dans le même camp que Bruno Le Maire. Mais si pour ce dernier, on peut avoir le sentiment que son acharnement justifie une réaction d’impuissance sur un monde qui lui échappe (ou qui échappe au puissant pouvoir de son  Fisc), on peut néanmoins se demander ce qui motivait les candidats démocrates américains à la primaire de 2019/2020. Pour quelles raisons ces derniers s’attaquent-t-ils de front, à un camp extrêmement puissant qui est traditionnellement de leur côté, alors que Donald Trump volait au même moment à leurs secours ? On peut, de plus, se demander si Sanders et Warren étaient sérieux au point de vouloir mettre leur propre pays à genoux – en termes d’Intelligence Artificielle et d’informatique quantique (ce qui n’est pas peu de choses) – devant la Chine. Soit, nous sommes en face de candidats à la présidence, dépassés par un monde qu’ils ne comprennent plus du tout (ce qui démontre leur incompétence à gérer leur pays), soit ils essayent d’attirer des capitaux pour supporter leur campagne (auprès de quels lobbies ?) Tout en sachant que s’ils arrivaient au pouvoir, ils seraient de toute façon obligés de faire marche arrière sur un dévastateur (pour les USA mais surtout pour l’Occident) démantèlement des GAFA. Pure exercice de démagogie ou pas, Warren et Sanders ne sont bien entendu pas les seuls à tirer à boulet rouge sur les milliardaires comme Jeff Bezos, Richard Branson ou Elon Musk. En septembre 2021, lors de son discours inaugural à l’assemblée générale des Nations Unies, Antonio Guterres, lui aussi, s’est octroyé le luxe de dénoncer le fait que des milliardaires s’amusaient dans l’espace, alors qu’il y avait trop de pauvres dans le monde. On en pensera ce que l’on voudra, mais si même le secrétaire général des Nations Unies fait preuve d’une vision du monde aussi réductrice que celle-ci, tout espoir de voir un monde qui bouge et qui évolue est probablement fichu…

Sébastien Colson 

C’était bien ?

Bon…

Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…

Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !

Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !

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