Taïwan : quels enjeux pour une troisième guerre mondiale (numérique cette fois) ?

Les tensions montent entre Taiwan et la Chine, on ne peut être que clair sur ce point. Certains redoutent d’ailleurs une invasion imminente sur un territoire qui est presque sous protectorat américain. Pour le dire autrement, c’est un peu comme si Pékin voulait envahir le Japon ou la Corée du Sud, sauf que ces derniers ne sont pas (encore) considérés comme des provinces chinoises renégates. D’après des sources politiques Taïwanaises, Pékin pourrait même envisager une invasion de cette minuscule (au regard de son voisin) île peuplée de 23 millions d’habitants, ​d’ici 2025… 

Une guerre impossible ?

Nous passerons sur les motivations qui incitent la Chine à vouloir mettre la main sur ce petit État. Ce qu’il faut ici retenir de l’histoire, c’est que Taïwan a servi de base​ aux nationalistes de Tchang Kaï-chek dans les années 40 et que l’île devait être prise par les troupes communistes en 1950. Sauf que la guerre de Corée a un tant soi peu interrompu les rêves impérialistes de Mao et que depuis, les Etats-Unis montrent les dents à chaque soupçon d’invasion chinoise. Néanmoins les premières semaines du second semestre 2021 ont démontré que les tensions ont repris de plus belle entre les deux nations et que la Chine a pénétré militairement dans la zone de défense aérienne de Taïwan, à 150 reprises. Côté diplomatique les huiles de Pékin ont beau clamer haut et fort que « l’usage de la force serait contre-productif, car il contribuerait à décourager tout rapprochement pacifique », il faut bien avouer une fois de plus, qu’il y a un très fort décalage entre les paroles et les actes. Ces intrusions ne sont pas véritablement une déclaration de guerre mais constituent néanmoins une menace pour la paix mondiale.

Que se passerait-il si la Chine décidait d’envahir Taiwan ? 

Plusieurs questions se posent par rapport aux conséquences que pourraient générer cette problématique : 

Tout d’abord – et peut-être que la première concernée s’en rend très bien compte – les Etats-Unis ne sont pas en mesure d’entamer une guerre ouverte contre une Chine, trop grande et trop forte. Il y a ainsi peu de chances que les Américains rassemblent tous les Occidentaux à leur cause.  Les relations inter-occidentales sont désormais entachées depuis le règne de Georges W Bush et même si Barack Obama a essayé de les rendre un peu plus sympathiques, l’administration Trump a fait, quant à elle, tout ce qu’elle pouvait pour nous diviser. On aurait pu croire que Biden et ses amis auraient fait tout leur possible pour calmer le jeu, mais la récente affaire du contrat entre l’Australie et la France (pour produire des sous-marins) n’a rien fait dans ce sens. Donc pour faire court, les relations entre occidentaux ne sont pas au beau fixe et il y a très peu de chances que les pays qui ne sont pas considérés par les USA comme des alliés très proches ne veuillent pas participer à une guerre qui serait de toute façon difficile, voire même perdue d’avance…

Et si ?

Soyons clairs, une guerre ouverte entre l’Occident et la Chine reviendrait tout simplement à une nouvelle apocalypse mondiale. La Russie, l’Iran et la Turquie, alliés traditionnels de l’empire du milieu, ne tarderaient pas à s’engouffrer dans ce bourbier. Ne nous attendons pas à avoir de nouveaux conflits mondiaux comme nos ancêtres les ont vécu au XX°siècle. Cette époque est révolue. Le coût militaire, économique et humain en serait trop lourd et les enjeux très largement incertains. Donc nous voici confrontés à une réalité toute autre que celle que nous avons connue dans le passé. Peut-être une réalité qui est plus proche de la guerre froide que de la seconde guerre mondiale. 

Essayons néanmoins d’imaginer que la Chine passe à l’acte. Du côté​ des Nations Unies, on peut parier qu’une invasion d’un Etat reconnu comme souverain serait condamnée, mais il ne serait pas ici question d’envoyer une coalition militaire – vu l’ampleur du désastre que cela pourrait créer – sur place comme en 1991, lorsque l’Irak à envahi le Koweït. De son côté Washington condamnerait aussi fortement l’envahisseur et il y a de fortes chances que des sanctions économiques seraient largement renforcées. Iraient t’ils jusqu’à se lancer dans une cyberguerre en multipliant les attaques contre les sites officiels chinois ? Si oui, il y a de fortes chances que la Chine en fasse de même et que la situation mène de ce fait à un conflit armé. Du côté européen, on se doute que la carte de la diplomatie serait sortie. Cela coule dans nos veines. Il se pourrait même que l’UE devienne le médiateur entre les deux puissances. Mais on connaît aussi le tempérament américain qui veut que l’on ne se laisse pas marcher sur les pieds. Pourtant, nos voisins d’outre Atlantique savent aussi tirer des erreurs du passé. La guerre de Corée était une guerre contre la Chine. La guerre du Vietnam était quant à elle une guerre contre la Russie, et toutes deux se sont soldées par de solides échecs moraux pour les américains. D’autre part, une centaine de soldats des forces spéciales américaines se trouvent déjà sur le sol taïwanais afin d’entraîner les troupes locales. On pourrait donc supposer que l’Oncle Sam fournirait à Taïwan un support militaire, mais néanmoins ce dernier devra compter avant tout sur lui-même. 

Méfions nous de la Chine…

Comme nous l’avons vu plus haut, il existe un décalage entre les paroles, qui se veulent diplomatiques, et les actes. Quels sont les buts recherchés par la Chine ? Il y a bien entendu le côté économique qui est en jeu. Taïwan est un petit Etat certes, mais le pays est aussi à la pointe de la technologie. La Chine qui est obsédée par le fait de devenir la première puissance économique et technologique mondiale y voit donc des ressources indispensables pour arriver à ses fins. D’autant plus que les relations entre les USA et l’île – rappelons que TSMC (Taiwan Semiconductor Corporation) déploie en ce moment une nouvelle usine à Austin au Texas, désertant ainsi le territoire chinois – pourraient se compliquer en cas d’invasion. Néanmoins si le côté économico-technologique est à prendre en compte, il y a cependant plus inquiétant. Le fait que Pékin veuille achever l’œuvre de Mao ne présage en effet rien de bon pour le reste du monde. Rappelons que la conquête de la planète est inscrite dans l’ADN même du communisme, depuis que Lénine a lancé son Internationale. Aujourd’hui ce n’est plus un secret pour personne, l’Afrique s’est déjà faite avaler. Mais ce n’est pas tout car Pékin œuvre à ouvrir une zone de libre échange dans toute l’Asie et Vladimir poutine y est même favorable. Cela voudrait dire aussi que le pays le plus puissant du continent pourrait asseoir définitivement sa mainmise économique sur son entièreté. Inutile de rappeler que celui qui contrôle l’économie est aussi celui qui peut se permettre de dicter les règles.

Plus inquiétant encore, Pékin projette de financer une ligne ferroviaire directe avec l’Europe, qui porte le joli nom de… la nouvelle route de la soie.

Et si l’Europe faisait partie des plans de la Chine ?

Le plan global chinois se construit sur le long terme, mais à comme colonne vertébrale la rivalité avec les Etats-Unis. Logique, puisque depuis toujours le capitalisme américain est l’ennemi juré du communisme. Les relations entre Washington et Pékin se sont fortement détériorées sous l’administration Trump, mais l’Union Européenne n’y a pas échappé non plus et tant qu’il y aura des tensions entre américains et européens, celles-ci constitueront une opportunité pour les chinois de se rapprocher de nous. Ce qui est plutôt inquiétant car les chinois ne sont pas vraiment du genre à faire copain, copain avec les autres. Pour ceux qui ont des doutes sur ce point, il serait intéressant de demander à un tibétain ce qu’il en pense…

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