Et si le tourisme martien se développait, avant même l’arrivée de l’homme ?

Le rover martien (NASA), Perseverance, qui explore actuellement le cratère Jezero a fourni dans ses premiers mois sur la planète rouge, des photographies extrêmement précises. L’équipe de chercheurs à qui elles étaient destinées a pu rassembler les preuves qu’autrefois, l’eau existait sur Mars. Le cratère Jezero était bien autrefois… un lac.

Une découverte beaucoup plus importante que ce que l’on pourrait croire…

Cette découverte est de première importance bien entendu, pour la science et pour la conquête spatiale, mais elle pourrait aussi avoir une certaine importance pour nous qui sommes de simples citoyens lambda. Au fur et à mesure de son exploration, le rover va nous apporter de nombreuses nouvelles informations sur, non seulement ce à quoi ressemble Mars aujourd’hui, mais aussi à quoi la planète à pu ressembler il y a des millions d’années. Ce qui d’une part va donner du travail à ceux qui vont illustrer ces paysages et d’autre part générer une nouvelle forme de fantasme pour notre future colonie. Cela ne revient, bien entendu, pas à prédire qu’une attraction frénétique pour la planète rouge va s’emparer de la population mondiale, mais plus le temps passe, plus les données s’accumulent et ces dernières nous rapprochent toujours un peu plus de notre arrivée sur le sol martien. Les échantillons extraits aujourd’hui par Persévérance seront d’ailleurs dans quelques années rapatriés sur terre pour analyse. Ils nous dévoilerons à ce moment, bien des secrets sur notre proche voisine.

L’autre point qui se précise c’est l’architecture martienne, car les nations et les entreprises privées impliquées dans la conquête​ de Mars ont toutes, aujourd’hui une vision plus ou moins claire des habitations et des villes qu’elles vont développer outre terre. Le désert de Dubaï abrite même le prototype de la future cité martienne émirate. Les spécialistes envisagent aussi la construction de ces villes avant même l’arrivée de l’homme sur place. L’impression 3D, serait dans cette optique très largement utilisée. Des robots imprimeurs seraient d’abord déployés sur place, exactement de la même manière que les rovers comme Perseverance et construiraient les bases des nouvelles villes pour offrir aux humains un habitat, dès qu’ils posent le pied sur la planète.

Un manque de vision claire, mais…  

Il est clair que pour la plupart des gens, Mars relève d’une utopie directement sortie des phantasmes de milliardaires en mal de créativité comme Elon Musk (Jeff Bezos a quant à lui des projets assez différents). Nous n’avons pas vraiment une vision très claire de ce que nous pourrions faire sur place, car nous ne sommes finalement pas des astronautes. Et pour l’instant il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un énorme rocher sur lequel nous ne pourrions même pas survivre. Pourtant Musk vient de démontrer que désormais, l’espace serait accessible à tout en chacun, même si dans un premier​ temps, il va falloir sortir un très gros porte monnaie pour faire un petit voyage là-haut. Néanmoins, il n’y a aucune raison que l’histoire ne se répète pas pour la conquête spatiale. A chaque phase de sa genèse, une technologie est toujours réservée à un groupe privilégié. Au XIX° siècle, le train était inaccessible à la plupart des habitants de la planète. Il en fut de même pour la photographie qui pourtant en à peine 30 ans s’est démocratisée à un point tel que tout le monde ou presque pouvait se faire tirer le portrait pour une somme dérisoire. Le nombre de photographies que nous retrouvons encore chez nos parents en témoignent. L’électricité, l’automobile, le téléphone, l’avion, l’ordinateur, la console de jeux vidéo, internet, le smartphone… Toutes ces technologies ont été dans la première phase de leur vie, inabordables pour la plupart des gens. Et puis le temps passe et la concurrence arrive. Elle offre alors toujours un peu plus de service pour un peu moins d’argent. Et plus les prix baissent, plus la technologie s’emballe pour les faire chuter les prix encore un peu plus. Vient ensuite le point où tout le monde se rend compte que ce n’est désormais plus quelque chose d’abstrait, mais que cela fait partie du quotidien d’un grand nombre de personnes et que finalement, avec un petit effort financier, on pourrait y avoir accès aussi. C’est précisément là que ça explose et il en va de même pour la conquête mart​ienne…

Et puis, il y a le tourisme…

Une des particularités de l’époque dans laquelle nous vivons est que nous possédons les moyens d’explorer un monde physique très éloigné sans forcément devoir nous déplacer. Pour prendre un exemple proche de nous, Google Maps nous assiste lorsque nous devons nous déplacer quelque part, lorsque nous cherchons une maison à vendre ou à louer et probablement bien d’autres choses encore. Nous pouvons donc nous déplacer, sans avoir besoin de le faire physiquement. Plus les choses avancent, plus l’intérêt pour Mars va grimper et nous ne tarderons pas à aller voir sur place (virtuellement) comment les choses s’y passent. 

A quand ce fameux engouement ?

Bien, faisons un petit retour en arrière…

Les deux premières décennies du siècle ont été celles dans lesquelles nous avons assisté à la renaissance du véhicule électrique, au déploiement massif des énergies renouvelables et à la généralisation planétaire d’Internet (et de tout ce qu’il a permis de faire). La décennie 2020 est celle dans laquelle la robotique, les cryptomonnaies, les réalités virtuelles et augmentées, les drones, l’intelligence artificielle (faible), les véhicules autonomes et l’impression 3D vont se déployer considérablement et créer un terreau technologique fertile indispensable pour la conquête du territoire martien (ajoutons à cette liste, les voyages touristiques spatiaux). C’est donc lorsque ces technologies se seront généralisées à l’ensemble de la population mondiale que l’on va assister à une mutation de notre monde. Un monde dans lequel l’humain sera un peu différent d’aujourd’hui, puisqu’il cohabitera avec des robots. Il sera lui-même augmenté par la technologie. Il fera la conversation à des intelligences artificielles qui ont conscience d’être différentes des humains. L’humain du futur aura aussi vaincu un grand nombre de maladies et aura une espérance de vie très largement prolongée. Enfin, il vivra sur la terre, sur la Lune, en orbite ou sur… Mars. 

Il faudra donc quelques années avant que nous voyons fleurir des auberges spatiales nous séparant de la planète Mars, mais tôt ou tard (plutôt tard), ces auberges verront le jour. Les explorations terrestres nous l’ont démontré à plusieurs reprises, l’escale est une étape nécessaire dans le voyage et si ce n’était plus le cas il faudrait qu’une rupture complète soit engagée (et cette éventualité est toujours possible). Toujours est-il qu’en attendant, nous n’échapperont pas à des voyages virtuels sur Mars et ce sera probablement la première véritable étape touristique qui nous rapprochera de cette planète. Selon le schéma que nous venons de dresser, nous pourrions attendre ce phénomène à l’aube de la prochaine décennie.

Maintenant il s’agit de percevoir les formes que ces voyages touristiques pourraient prendre…

Pour rester le plus pragmatique possible (et éviter de réchauffer le film Total Recall), partons d’un constat simple sur base de technologies existantes :

Tout d’abord, nous l’avons vu plus haut, les données sur Mars et sur ce que nous pourrions y faire s’accumulent et le tout mis ensemble pourrait déjà donner naissance à des films documentaires qui nous feraient visiter la planète. Ensuite, nous pourrions imaginer des voyages en réalité virtuelle et augmentée, pour une immersion presque complète de ce que pourrait être le sol martien, habité et colonisé. Nous pourrions aussi imaginer des attractions physiques, soit dans des parcs dédiés (et pourquoi pas en hybride avec de la réalité augmentée), soit dans des commerces de proximité. Il s’agirait dans ce dernier cas, d’un curieux mélange entre l’expérience offerte par un hôtel, un jeu vidéo et une agence de tourisme qui a pignon sur rue (n’oublions pas ici non plus l’impératif de la restauration).  
Une fois de plus, les données s’accumulent et il serait peut-être grand temps de se transformer en un nouveau type de collectionneur. Mars sera tôt ou tard à notre portée et cela commencera d’abord par un imaginaire collectif. L’histoire se répète donc, puisque le fantasme d’une civilisation qui ne possède plus suffisamment de ressources naturelles, cherche à envahir une autre planète pour pouvoir survivre. C’est d’ailleurs tout l’objet du roman de H.G.Wells (1898), La guerre des mondes. Sauf que cette fois, ce sont les terriens qui sont sur le point d’envahir une autre planète. C’est peut-être le plus grand paradoxe des deux époques qui nous séparent et Wells était vraisemblablement loin d’imaginer que ce soit les terriens qui en seraient un jour, sur le point de manquer de ressources …

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