L’histoire se répète et apparemment certains ne sont pas capables de tirer les leçons du passé.
Une fois de plus l’Amérique séduit, une fois de plus elle réussit un super coup économique, une fois de plus, elle marque des points…
Ses ennemis l’appelaient Sleeping Joe (littéralement, Joe l’endormis) et pourtant, il a réussit la prouesse, en moins d’un an, d’attirer 204 milliards de dollars de projets d’investissement, sur le territoire américain et pas dans n’importe quels domaines, bien au contraire, car il s’agit de secteurs primordiaux pour l’avenir.
Pour se faire une idée de ce que cela représente :
Il s’agit ni plus, ni moins du double des projets d’investissement sur toute l’année 2021 et… 20 fois plus qu’en 2019.
Ce succès est dû en grande partie à deux bombes économiques lancées par l’Administration Biden :
Le Inflation Réduction Act ainsi que le Chip Act…
La Chine, toujours dans le collimateur…
Aujourd’hui, c’est un fait, la Chine n’est plus le terrain de jeu privilégié des entreprises. A partir des années 90 et dans les années qui ont suivi, le monde a assisté à une vague de migration économique de grande ampleur, vers les pays asiatiques. Le grand champion dans l’histoire fut, comme nous le savons tous, la Chine.
Jusqu’ici, tout allait bien, mais ça c’était avant !
Voilà qu’une guerre économique, initiée par l’administration Trump, éclate avec les Etats-Unis. Ce qui s’ensuit, c’est qu’à la grande surprise de tout le monde, le successeur de Donald Trump, bien au-delà de ses discours bien diplomatique, ne semble pas montrer quoique ce soit, comme signe de bonne volonté pour calmer le jeu, bien au contraire.
L’autre élément de poids qui entre en jeu, c’est la suspension des comptes de l’ancien président américain sur les réseaux sociaux en ligne. Cela n’a peut-être l’air de rien, mais cette autorité exercée par des entreprises privées sur le pouvoir suprême américain a terrifié le président chinois et les huiles du Parti communiste à Pékin. Que se passerait-il en effet si les BATX (équivalent des GAFAM pour la Chine) en faisaient de même avec la très stricte autorité communiste chinoise ?
La réponse n’a pas tardé…
Pékin s’est empressé de reprendre le contrôle de ces entreprises à risque – surtout technologiques – et incité leurs fondateurs et dirigeants à prendre une retraite anticipée et de mettre à leur place des proches du parti. C’est par ailleurs ce qui est arrivé à Jack Ma, le fondateur d’AliBaba, dont on entend plus vraiment parler aujourd’hui. Cette reprise du contrôle de la situation a bien entendu crispé énormément d’entreprises étrangères – notamment technologiques – et commencé à les faire réfléchir dans le sens contraire.
Et puis, il y a Taïwan…
L’invasion de l’Ukraine a, elle aussi, donné une gifle à tout le monde et les rapports entre les russes et les chinois devant obligatoirement être bons, le monde s’est à nouveau divisé…
Mais cette guerre a été pour la Chine une excellente opportunité pour prendre la température et évaluer les risques de sanctions qu’elle courrait en cas d’invasion de l’île de Taïwan. Surtout pour mettre en place, dès maintenant, tous les moyens pour contrer les potentielles sanctions occidentales. Et nous connaissons tous la formidable capacité des chinois à mettre des choses en place, et ce de manière extrêmement rapide.
Un second vent de craintes a donc à nouveau soufflé sur les entreprises étrangères établies sur le sol chinois. Sans pour autant parler d’un vent de panique, cette possibilité d’invasion a encore néanmoins un peu plus fait pencher la balance dans le sens contraire et il ne suffisait plus qu’une chose pour passer à l’acte (filer à l’anglaise). Ou pour être plus précis plutôt, deux :
Le Inflation Reduction Act et le Chip (and Science) Act !
Le premier c’est 369 milliards d’allégements fiscaux pour décarboner l’économie. Le second c’est 39 milliards de dollars et 24 milliards d’allégements fiscaux et tout cela, dans le but d’attirer le maximum d’entreprises possible, sur le territoire américain.
N’ayons pas peur des mots, c’est du lourd et cela a de quoi effrayer, à juste titre, l’Union Européenne et les Chinois. Ces deux bombes lâchées par l’administration Biden ont généré des projets d’implantations d’usine pour 204 milliards de dollars (entre août 2022 et avril 2023) dans des domaines comme la fabrique de semi conducteurs, la fabrication de batteries, la production de voitures électriques et bien entendu le déploiement de tous les écosystèmes nécessaires pour pouvoir subvenir aux besoins de ces nouvelles structures qui vont sortir de terre. En gros, en 8 mois, sans sortir un seul dollar et sur les 432 milliards promis, celui que certains appelaient Sleeping Joe a réussi à attirer sur le territoire américain une montagne d’argent qui va elle-même faire exploser (dans le sens positif) l’économie américaine. Et cerise sur le gâteau, de faire en sorte que les USA puissent se détacher de la Chine (et par conséquent de pouvoir augmenter son champ d’action en termes de sanctions en ce qui concerne la question Taïwanaise) et conserver sa suprématie technologique.
Bon, ça ne va pas faire nos affaires tout ça !
Il semble évident que le réservoir d’entreprises établies en Chine – et plus généralement asiatiques – est en train de se vider progressivement sur le sol chinois (et européen) pour aller chez l’Oncle Sam. Et maintenant que la machine est lancée, la robotique, le numérique et plus particulièrement l’Intelligence Artificielle permettent désormais une relocalisation (pour les américains) et une migration (pour les autres) qui n’aurait pas été possible dans les années 1990 et 2000.
La bonne nouvelle, c’est que grâce à la technologie, la rentabilité est (re)devenue désormais possible dans les pays occidentaux, alors que tout y est en général plus cher, surtout la main-d’œuvre. Nous ne débattrons pas ici, de la problématique d’une chute de l’embauche ayant une conséquence directe sur l’emploi, à cause de la technologie. Ce qui nous intéresse avant tout (du moins aujourd’hui) c’est que nous sommes en train d’assister à un phénomène qui ne se produit que rarement dans l’histoire, celui d’une exode économique de première ampleur. Et ce qui choque le plus – surtout – est que cet exode économique est généré par des promesses de réduction d’impôts. Sur les 432 milliards de dollars en question, seuls 39 sont – disons -le – réels.
Il est donc important de se pencher sur ce point :
Bien entendu, il n’y a pas que des allégements fiscaux. Il s’agit aussi des infrastructures disponibles, un coût de l’énergie moindre, une efficacité commerciale généralisée, un potentiel intellectuel disponible immédiatement et de bien d’autres paramètres encore, qui font des Etats-Unis, un sol fertile (surtout technologiquement) pour s’installer. Mais la question fiscale est avant tout primordiale dans ce qui est en ce moment en train de se passer.
J’aimerais attirer l’attention sur le fait que le Inflation Réduction Act et le Chip (and Science) Act sont des législations qui vont dans un sens constructif. C’est-à-dire qu’elles représentent un moyen d’offrir aux entreprises un environnement favorable au développement et non à les pénaliser.
Si on les compare au RGPD, DMA et DSA (et c’est sans parler des législations sur l’IoT et la future législation sur les Intelligences Artificielles Génératives) on ne peut qu’observer autre chose qu’un très large fossé dans les démarches respectives.
D’un côté, on construit et on se fait une place de choix dans le monde futur, d’un autre, on pénalise, on enquête, on poursuit, voire même on interdit…
Intel a de ce fait, beaucoup moins de mal à concrétiser ses nouveaux projets au Texas, qu’en Allemagne et cela mérite que l’on se penche sur la question !
Sébastien Colson
Vous pourriez sponsoriser cet article et nous aider à faire bouger le monde !